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Une «sorcière» de Salem graciée plus de 300 ans après sa condamnation à mort

Il existe un mémorial à Salem en mémoire des «sorcières». Cinq femmes accusées de sorcellerie ont été pendues à cet endroit. [Stephan Savoia/AP]

Plus de trois siècles après les procès de Salem, une «sorcière» vient d'être graciée aux Etats-Unis. Des collégiens ont plaidé sa cause auprès des législateurs du Massachusetts.

Le destin d'Elizabeth Johnson Jr. a basculé en 1693. Reconnue coupable de sorcellerie, elle a été condamnée à mort au plus fort des procès des sorcières de Salem, aux Etats-Unis. Echappant finalement à l'exécution, elle a néanmoins dû attendre le 26 mai dernier pour être graciée. Soit 329 ans plus tard.

Elizabeth Johnson Jr. doit son salut à des adolescents. Des élèves du collège de North Andover ont consacré toute une année scolaire à son cas, plaidant sa cause auprès des législateurs du Massachusetts et faisant d'elle la dernière sorcière à être blanchie.

Interrogée par le Guardian, leur enseignante, Carrie LaPierre, explique qu'ils ont «rédigé un projet de loi, écrit des lettres aux autorités, créé des présentations, examiné le témoignage d'Elizabeth Johnson» et fait de nombreuses recherches afin d'en apprendre davantage sur les procès des sorcières de Salem.

Leur travail a été transmis à la sénatrice d'Etat Diana DiZoglio, une démocrate. Cette dernière a porté une législation en faveur de la grâce d'Elizabeth Johnson qui a été ajoutée à un projet de loi budgétaire et approuvée. «Nous ne pourrons jamais changer ce qui est arrivé à des victimes comme Elizabeth, mais nous pouvons au moins remettre les pendules à l'heure», a déclaré la sénatrice.

De son côté, Carrie LaPierre s'est réjouie de voir le projet de ses élèves aboutir. Elle espère leur avoir fait prendre conscience de «la force de leur voix» et prédit que «l'adoption de cette législation aura un impact incroyable sur leur compréhension de l'importance de protéger les personnes qui ne peuvent pas se défendre».

Condamnée à la pendaison

D'après les données de Witches of Massachusetts Bay, un groupe consacré à l'histoire et aux traditions des chasses aux sorcières du XVIIe siècle, on sait peu de choses à propos d'Elizabeth Johnson. Il y a plus de 300 ans, elle vivait dans une région qui fait maintenant partie de North Andover.

Elle était âgée de 22 ans au moment de son jugement et de sa condamnation à mort pour sorcellerie. Sa mère, la fille d'un ministre, avait subi les mêmes accusations, avant de voir sa sentence annulée et son nom blanchi. Elizabeth a elle aussi échappé à la pendaison, mais n'a pas été graciée. Par la suite, elle ne s'est jamais mariée et n'a jamais eu d'enfants.

En 1712, la jeune femme avait soumis une requête d'exonération à un tribunal du Massachusetts, mais sa demande n'a jamais été entendue. Plusieurs siècles plus tard, son nom n'a, pour une raison indéterminée, pas été inclus dans les diverses tentatives législatives de réhabilitation des sorcières de Salem.

«L'histoire et la lutte d'Elizabeth continuent de résonner grandement de nos jours, a estimé Diana DiZoglio. Bien que nous ayons parcouru un long chemin depuis les horreurs des procès de sorcières, les femmes d'aujourd'hui voient encore trop souvent leurs droits contestés et leurs préoccupations rejetées».

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