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Birmanie : l'Union européenne et les États-Unis condamnent fermement l'exécution de quatre prisonniers par la junte

Phyo Zeya Thaw (droite) et Kyaw Min Yu (gauche), opposants politiques au régime, ont été exécutés par la junte Phyo Zeya Thaw (droite) et Kyaw Min Yu (gauche), opposants politiques au régime, ont été exécutés par la junte. [Myanmar’s Military Information Team / AFP]

Ce lundi 25 juillet, la junte birmane a exécuté quatre prisonniers, dont un ancien député du parti pro-démocratie d’Aung San Suu Kyi. Cet acte de barbarie a été condamné fermement par l’Union européenne, la France et les États-Unis.

Les médias d’État birmans ont annoncé, ce lundi 25 juillet dans la matinée, que la junte au pouvoir avait exécuté quatre prisonniers. Ces exécutions ont constitué la première application de la peine de mort en Birmanie depuis plus de trois décennies. Depuis le coup d'Etat militaire du 1er février 2021, des dizaines d'opposants à la junte ont été condamnés à mort, mais aucune exécution n'avait eu lieu jusqu'à présent.

Selon le journal d'Etat Global New Light of Myanmar, les quatre personnes exécutées avaient été condamnées pour des «actes de terreur brutaux et inhumains» et les exécutions ont suivi «les procédures de la prison».

Premières éxecutions depuis 1988

Parmi les personnes exécutées, Phyo Zeya Thaw, 41 ans, ancien député de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), avait été arrêté en novembre 2021 et condamné en janvier pour avoir enfreint la loi antiterroriste. Ce pionnier du hip-hop en Birmanie, dont les paroles critiquaient déjà l'armée au début des années 2000, avait connu la prison en 2008 pour appartenance à une organisation illégale. La junte l’a accusé d'avoir orchestré plusieurs attaques contre le régime, notamment une attaque contre un train dans laquelle cinq policiers ont été tués en août 2021. 

L’ancien député pro-démocratie du parti d’Aung San Suu Kyi et un célèbre opposant font également partie de la liste des opposants exécutés.

«Violence», «régression majeure» et «atrocités» 

Les quatre exécutions qui ont été annoncées, ce lundi 25 juillet, constituaient un «acte de la plus grande cruauté», avait réagi Elaine Pearson, la directrice pour l'Asie de l'ONG Human Rights Watch. « Ces exécutions (...) sont un nouvel exemple du bilan atroce des droits humains en Birmanie. (...) L'armée va continuer à piétiner la vie des gens tant qu'elle ne sera pas tenue pour responsable», avait déclaré Erwin van der Borght, le directeur Asie-Pacifique d'Amnesty International.

Antony Blinken, secrétaire d’État des États-Unis, a condamné ce lundi 25 juillet l’exécution de quatre prisonniers politiques par la junte.

«Nous condamnons fermement les exécutions par le régime militaire birman de militants pro-démocratie et de dirigeants élus. De tels actes répréhensibles de violence et de répression ne peuvent être tolérés. Nous restons attachés au peuple birman et à ses efforts pour restaurer le chemin de la Birmanie vers la démocratie», a écrit Antony Blinked sur Twitter.

De son côté, Josep Borrel, Haut-représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a rappelé que «tous les prisonniers de guerre doivent être traités humainement à tout moment conformément aux conventions de Genève». «L’UE suit de près le cas du défenseur des droits humains Maksym Butkevych et d'autres prisonniers de guerre ukrainiens et demande le plein accès au Comité international de la Croix-Rouge à tous les prisonniers de guerre et internés civils», a ajouté Josep Borell.

Plus tôt dans la journée, la Haute-Commissaire de l’ONU, Michelle Bachelet, s’est dite «consternée qu'en dépit des appels lancés dans le monde entier, les militaires aient procédé à ces exécutions sans aucun égard pour les droits humains. Cette mesure cruelle et régressive s'inscrit dans le prolongement de la campagne de répression que les militaires mènent actuellement contre leur propre peuple».

«Ces exécutions «constituent des violations cruelles des droits à la vie, à la liberté et à la sécurité de la personne, et des garanties à un procès équitable. Si les militaires étendent leur massacre, ils ne feront que s'enliser davantage dans la crise qu'ils ont eux-mêmes créée», a-t-elle relevé.

La France a également condamné ces exécutions les qualifiant de «régression majeure» et une «escalade des atrocités commises» par la junte birmane.

«Alors qu’aucune exécution n’avait été recensée dans le pays depuis plus de trente ans, ces exécutions constituent une régression majeure et une nouvelle étape dans l’escalade des atrocités commises par la junte birmane depuis le coup d’État», a noté le ministère français des Affaires étrangères plus tôt dans la journée.

«La France rappelle son opposition constante, en tous lieux et en toutes circonstances, à la peine de mort. Elle reste engagée avec détermination pour l’abolition universelle de ce châtiment injuste, inhumain et inefficace. Elle appelle tous les États appliquant encore la peine de mort à établir un moratoire en vue de son abolition définitive», a-t-il ajouté dans le communiqué.

La junte poursuit depuis une répression sanglante, avec plus de 2.000 civils tués et plus de 15.000 arrêtés depuis le coup d'Etat, selon une ONG locale. Parmi les personnes arrêtées figure l'ancienne dirigeante et prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, 77 ans, qui a fait face à plusieurs accusations qui peuvent lui valoir jusqu'à 150 ans de prison au total.

La dernière exécution capitale en Birmanie remontait à 1988, selon un rapport d'experts des Nations unies, qui a dénombré 114 condamnations à mort depuis le coup d'Etat du 1er février 2021. Ces experts ont souligné que la loi martiale accordait aux militaires la possibilité de prononcer la peine de mort pour 23 «infractions vagues et à la définition large», et en pratique pour toute critique contre le pouvoir.

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