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Otan prêt à intervenir, coups de feu… Tout savoir sur la crise entre la Serbie et le Kosovo

Des tirs à l’arme lourde ont été entendus à la frontière entre les deux pays ce dimanche et des barricades ont été érigées par la minorité serbe au Kosovo. [Armend NIMANI / AFP]

Ce dimanche 31 juillet, des barricades ont été érigées et des coups de feu ont été tirés à la frontière entre le Kosovo et la Serbie, signe d’un regain de tensions entre les deux anciens territoires ennemis. Face à la menace d’un nouveau conflit armé, l’OTAN a rappelé qu’elle était prête à intervenir sur ordre du Conseil de sécurité des Nations unies.

Vers le retour d’un conflit armé dans les Balkans ? Après la guerre en 1999 dans la région, ayant fait 13.000 morts dont 11.000 Albanais, de nouvelles tensions ont ressurgi ce dimanche entre la Serbie et le Kosovo. Des tirs à l’arme lourde ont été entendus à la frontière entre les deux pays ce dimanche et des barricades ont été érigées par la minorité serbe au Kosovo sur les routes menant aux points de passage de Jarinje et Brnjak.

En cause, la nouvelle politique frontalière du Kosovo, censée entrer en vigueur ce lundi mais finalement repoussée d’un mois, visant à obliger toute personne de nationalité serbe à remplacer sa carte d’identité par un document temporaire en cas d’entrée au Kosovo. Selon le Premier ministre kosovar Albin Kurti, cette nouvelle loi répondrait seulement au principe de réciprocité puisque la Serbie imposerait les mêmes exigences pour l’entrée sur le territoire serbe des Kosovars.

En septembre 2021, des tensions similaires avaient été constatées entre les deux nations, avec des manifestations et des blocages de routes, à cause de la décision du gouvernement kosovar d’interdire les plaques d'immatriculation serbes sur son territoire. Ce dimanche, le président serbe Aleksandar Vucic a évoqué une «atmosphère portée à ébullition», ajoutant que «la Serbie gagnera» en cas de conflit armé entre les deux pays. En réponse, le Premier ministre a accusé le dirigeant serbe d’organiser des «troubles» dans son pays, craignant que «les prochaines heures, jours et semaines» soient «difficiles et problématiques».

Les accords de 2012 au cœur des tensions

Selon Alexis Troude, professeur de géopolitique à l'Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ), l’origine de la résurgence du conflit entre la Serbie et le Kosovo remonte aux accords de Bruxelles en 2012, stipulant que le Kosovo devait assurer l'autonomie de trois municipalités du Nord à minorité serbe afin d’être reconnu.

«Les Serbes estiment que les accords de 2012 n'ont pas été respectés. Or, les autorités de Pristina (capitale du Kosovo), qui n’ont jamais envisagé cette option, vont jusqu'à dire depuis quelques semaines que ce point est caduque et que ces municipalités n'obtiendront jamais leur autonomie», a analysé le spécialiste des Balkans sur France 24.

La région est au cœur d’une guerre d’influence entre les plus grandes nations de la planète. En 2008, le Kosovo a déclaré son indépendance avec le soutien des pays occidentaux et des Etats-Unis, alors que la Chine et la Russie, fervents soutiens de la Serbie, se sont opposées à cette décision. Actuellement, 96 Etats de la planète sur 193 ont reconnu officiellement le Kosovo.

L’Otan «prête à intervenir»

Face à ce regain de violence dans la région, l’Otan a assuré dimanche soir, via un communiqué de presse de la Force chargée d’instaurer la paix et d'assurer la stabilité dans la région depuis 1999 (KFor), qu’elle était prête à intervenir en cas de besoin sur ordre du Conseil de sécurité des Nations unies.

«Aujourd’hui, la KFor contribue toujours à maintenir un environnement sûr et sécurisé au Kosovo et à y préserver la liberté de circulation au profit de tous», a affirmé l’organisation, se disant «prête à intervenir si la stabilité est menacée».

Pour rappel, le Kosovo abrite le camp Bonsteel, qui est la plus grande base de l’Otan hors des Etats-Unis et qui totalise 8.000 hommes.

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