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Selon le patron de l’OMS, la crise humanitaire au Tigré n’intéresse pas à cause «de la couleur de peau» des victimes

D'origine tigréenne, le patron de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus veut davantage médiatiser le conflit éthiopien. [LUDOVIC MARIN / POOL / AFP]

Le patron de l'OMS a vivement critiqué mercredi l'indifférence internationale au sujet de la situation humanitaire dans la région éthiopienne du Tigré. Pour expliquer le silence des pays développés, il a évoqué «la couleur de peau des Tigréens».

Des déclarations fortes. Ce mercredi, le directeur général de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus a dénoncé la «cruauté inimaginable» infligée aux 6 millions de personnes vivant dans la région du Tigré, au nord de l'Ethiopie, dont les autorités sont en conflit avec le gouvernement fédéral.

Qualifiant la situation humanitaire de «pire catastrophe dans le monde», Tedros Adhanom Ghebreyesus s'en est pris aux dirigeants des pays développés qu'il accuse d’indifférence.

Lui-même d'origine tigréenne, il est allé plus loin en suggérant que le racisme pouvait expliquer le manque de mobilisation internationale autour de ce conflit.

«JE N'AI ENTENDU NULLE PART UN CHEF D'ETAT ÉVOQUER LA SITUATION AU TIGRÉ»

«Peut-être que la raison est la couleur de la peau des Tigréens. Au cours des derniers mois je n'ai entendu nulle part un chef d'Etat évoquer la situation au Tigré, notamment dans le monde développé. Pourquoi ? Je pense que nous le savons», a-t-il lancé hier à Genève.

Le chef de l'OMS n'en est pas à sa première déclaration sur le sujet. En avril, il s'était demandé si «le monde accorde vraiment la même attention aux vies des Noirs et à celles Blancs», évoquant les crises humanitaires en cours en Ethiopie, au Yémen, en Afghanistan et en Syrie qui n'ont suscité qu'une «fraction» de l'intérêt pour la guerre en Ukraine.

Personnellement touché par la situation, Tedros Adhanom Ghebreyesus a occupé le poste de ministre de la Santé en Ethiopie entre 2005 et 2012, à une époque où le gouvernement était dirigé par le Front de libération du peuple du Tigré, aujourd'hui en conflit avec le régime en place.

nettoyage ethnique

La guerre a débuté en novembre 2020 quand le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a lancé une opération militaire dans la région pour renverser les autorités rebelles du Tigré issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), les accusant d'avoir attaqué des camps de l'armée fédérale.

Depuis le début du conflit, la région a subi des pénuries de produits alimentaires et l'accès à des services essentiels comme l'électricité, les télécommunications et les banques a été drastiquement réduit. Selon l'OMS, la population du Tigré est confrontée à de multiples épidémies de malaria, anthrax, choléra, et autres maladies.

Deux ONG ont également dénoncé des opérations de «nettoyage ethnique» contre la minorité tigréenne, sur fond de tensions communautaires avec les Amhara, deuxième ethnie du pays.

Les combats ont connu une accalmie depuis qu'une trêve humanitaire a été déclarée fin mars, permettant la reprise des convois d'aide internationale vers le Tigré. Mais selon l'OMS, les produits alimentaires et les médicaments n'arrivent dans la région qu'au compte-goutte. 

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