Le Français Sébastien Raoult, accusé de cybercriminalité, a été extradé aux Etats-Unis et fait face à neuf chefs d'inculpation. Il sera maintenu en détention jusqu'au 3 avril, date de la prochaine audience.
Fiché par Interpol, Sébastien Raoult a été arrêté au Maroc le 31 mai 2022 à l'aéroport Rabat-Salé et a été extradé vers les Etats-Unis le 25 janvier. Il est accusé, avec deux autres ressortissants français, Gabriel Bildstein, 23 ans, et Abdel-Hakim El-Ahmadi, 22 ans, d'avoir formé un groupe de hackers nommé ShinyHunters. Les trois jeunes hommes auraient dérobé des données confidentielles à 60 entreprises, dont des Américaines comme Microsoft, la marque de vêtements Bonobos ou l'opérateur téléphonique AT&T. Selon les autorités américaines, les trois Français ont été identifiés grâce à leurs adresses IP et des discussions sur des forums.
Quel était leur mode opératoire ?
Selon l'acte d'accusation, aujourd'hui public, une fois leur cible choisie, les ShinyHunters créaient un site internet similaire aux pages d'authentification d'entités réelles. Ensuite, grâce à des emails, ils attiraient les employés vers ces faux sites pour récupérer leurs identifiants, qu'ils utilisaient ensuite pour voler les fichiers clients et les informations financières des entreprises. Ces informations dérobées par les cybercriminels étaient alors mises en vente sur le dark Web.
Gabriel Bildstein, un des trois accusés, avait par ailleurs déjà été jugé en France en 2019 pour des faits similaires. Il était accusé d'avoir piraté la chaîne Youtube Vevo et le tube Despacito. Il avait néanmoins été déclaré pénalement irresponsable, car atteint d'autisme Asperger. Une autre enquête est également toujours en cours en France sur le piratage de Gatehub, une plate-forme de cryptomonnaies.
Que risque Sébastien Raoult ?
Le jeune Français a été présenté devant la justice américaine ce 27 janvier à Seattle. Les charges pesant contre lui ont été présentées par la juge fédérale Michelle Peterson. Sébastien Raoult était assisté par un avocat commis d'office et un traducteur. Il fait face à neuf chefs d'inculpation, notamment pour association de malfaiteurs, fraude informatiques et usurpation d'identité. Chacun de ces chefs est passible de peines allant de 2 à 27 ans de prison.
D'après le père de Sébastien Raoult, qui s'est confié à Europe 1, il risque jusqu'à 116 ans de prison. En effet, aux Etats-Unis, les peines de prison se cumulent et il n'est pas surprenant de voir des sanctions aussi lourdes.
L'ancien étudiant en informatique a plaidé «non-coupable». L'accusation a, quant à elle, évoqué un «risque de fuite», il est donc maintenu en détention jusqu'à la prochaine audience fixée le 3 avril.
Les réactions de ses proches
La famille et l'avocat du jeune Français n'ont pas attendu pour protester contre son extradition. Quelques jours avant, son père avait estimé que les autorités françaises n'ont pas assez œuvré pour éviter son extradition. Selon lui, ce n'est pas à la justice américaine de juger ce dossier : «C'est à un juge français de dire» s'il est coupable ou non. Il dénonce également le fait que la France n'a pas fait de demande d'extradition.