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Bélarus : deux journalistes condamnées à 12 ans de prison

Marina Zolotova était la rédactrice en chef du site Tut.by. [Vasily Fedosenko/REUTERS]

Un tribunal de Minsk a condamné vendredi 17 mars à douze ans de prison deux dirigeantes d'un site d'information indépendant. Une décision qui intervient en pleine vague de répression orchestrée au Bélarus par le régime d'Alexandre Loukachenko.

Selon l'ONG spécialisée Viasna, la rédactrice en chef du site Marina Zolotova, 45 ans, et sa directrice générale Lioudmila Tchekina, 54 ans, ont été condamnées à douze ans d’emprisonnement à l'issue d'un procès à huis clos ayant duré plus de deux mois.

«Le verdict visant nos collègues est une cruelle vengeance pour avoir transmis avec (leur média) Tut.by la vérité aux Bélarusses», a réagi l'Association bélarusse des journalistes, dans un communiqué.

Marina Zolotova et Lioudmila Tchekina étaient notamment accusées d'évasion fiscale et d'incitation à la haine sociale, des charges qualifiées d'«absurdes» par l'ONG Reporters sans frontières (RSF).

Aujourd’hui la rédactrice en chef Maryna Zolatava et la directrice Lidmila Tchekina du média indépendant TUT BY ont été condamnées à 12 ans de prison par le régime de Lukashenka au #Bélarus. pic.twitter.com/re0N1wmuut

— Andreï VAITOVICH (@andreivaitovich) March 17, 2023

Les deux femmes sont apparues au verdict dans la cage en verre réservée aux accusés, souriant timidement, selon des images publiées vendredi par le média d'État Belta.

Elles avaient été arrêtées en mai 2021 et se trouvent depuis derrière les barreaux. Deux journalistes et une avocate de Tut.by, qui ont fui le Bélarus, sont également jugées séparément.

Des journalistes en exil

La condamnation de vendredi est emblématique de la répression que mène Alexandre Loukachenko contre toute critique de son régime, depuis un vaste mouvement de contestation qui l'a fait vaciller en 2020.

Pendant des semaines, le site Tut.by avait couvert la contestation qui a rassemblé des dizaines de milliers de personnes dans les rues de Minsk et d'autres villes pour dénoncer la réélection très contestée d'Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis trois décennies.

Le site d’informations Tut.by avait été qualifié d' «extrémiste» par les autorités et bloqué au Bélarus en 2021. Mais plusieurs de ses journalistes ayant quitté le Bélarus ont relancé le site sous un nouveau nom, Zerkalo («miroir», en russe).

Письмо тутбаевцев из редакции «Зеркала» Марине Золотовой и Людмиле Чекиной.


Мы любим вас и ждем на свободе — свободе, которой вас лишили, как бы парадоксально это ни звучало, из-за вашего стремления не дать отнять ее у белорусов.https://t.co/wuchjBokyc pic.twitter.com/65BjfOa0ZR

— Зеркало | Новости (@zerkalo_io) March 17, 2023

«Nous sommes fiers de vous. Votre intégrité et votre persévérance sont un exemple pour chacun d'entre nous», ont déclaré les journalistes de Zerkalo dans un message publié vendredi sur leur site, avant le verdict.

«Nous sommes fiers de poursuivre votre travail, donner aux Bélarusses de vraies informations», ont-ils ajouté.

Une forte répression au Bélarus

Plusieurs opposants et figures de la société civile de premier plan ont été condamnés à de lourdes peines de prison ces derniers mois.

Début mars, la cheffe de l'opposition en exil, Svetlana Tikhanovskaïa, a ainsi été condamnée par contumace à quinze ans de prison, à l'issue d'un procès qu'elle a qualifié de «farce» judiciaire.

Quelques jours plus tôt, le militant Ales Bialiatski, colauréat du prix Nobel de la paix 2022 et figure du mouvement démocratique au Bélarus où il se trouve toujours, avait été condamné à dix ans de prison.

Selon l'organisation bélarusse de défense des droits humains Viasna, le Bélarus comptait 1.461 prisonniers politiques au 1er mars 2023.

Les Occidentaux ont imposé de lourdes sanctions au Bélarus pour la répression des manifestations de 2020, mais le régime d’Alexandre Loukachenko jouit toujours du soutien indéfectible de Moscou.

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