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Violences des gangs : que se passe-t-il à Haïti ?

La police haïtienne est dépassée par l'ampleur des violences liées au gangs La police haïtienne est dépassée par l'ampleur des violences liées au gangs [RALPH TEDY EROL / Reuters]

L’ONU a une nouvelle fois alerté sur la situation humanitaire à Haïti, en proie à une spirale de violence inédite. Au total, 531 personnes ont été tuées depuis le début de l’année.

Une situation alarmante qui continue de se détériorer. L’Organisation des Nations unies a une nouvelle fois tiré la sonnette d’alarme concernant Haïti, où les habitants font face à une importante crise sécuritaire et humanitaire. 

Depuis le début de l’année 2023, 531 personnes ont été tuées à Haïti du fait d’affrontements entre gangs armés extrêmement violents. «Rien qu'au cours des deux premières semaines de mars, les affrontements entre gangs ont fait au moins 208 morts, 164 blessés et 101 personnes ont été enlevées. La plupart des victimes ont été tuées ou blessées par des tireurs embusqués qui auraient tiré au hasard sur des personnes se trouvant chez elles ou dans la rue», a déclaré la porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme, Marta Hurtado, ce mardi. 

Au total, de janvier à mi-mars, 531 personnes ont été tuées, 300 blessées et 277 kidnappées dans des incidents liés aux gangs, principalement dans la capitale, Port-au-Prince, selon le décompte du Service des droits humains du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH). Les violences se sont particulièrement accrues depuis l'assassinat de l'ancien président haïtien Jovenel Moïse, il y a un an et demi. La police locale est dépassée, si bien que les gangs contrôlent acutellement plus de la moitié du territoire haïtien, terrorisent la population, contrôlent les allées et venues ainsi que les entrées de denrées alimentaires. 

Au début du mois, l’ONU a estimé que le trafic d’armes a fortement augmenté en 2022, la plupart des armes étant importées illégalement des États-Unis. Les armes de poing, vendues moins de 500 dollars légalement aux Etats-Unis, peuvent être achetées jusqu'à 10.000 dollars en Haïti.

Des milliers de déplacés

Dans un communiqué publié le 19 mars dernier, des représentants de l’ONU ainsi que d’ONG internationales ont affirmé que «l'influence des gangs armés croît de manière exponentielle dans la capitale, Port-au-Prince, et au-delà, y compris dans le département de l'Artibonite, le grenier à blé du pays». Par ailleurs, «la violence armée – y compris les enlèvements et les violences sexuelles contre les femmes et les filles – est également en augmentation», ont-ils ajouté.

«Nous demandons à la communauté internationale d'envisager d'urgence le déploiement d'une force d'appui spécialisée (...), avec un plan d'action complet et précis», a appelé Marta Hurtado.

Ces violences de gangs poussent souvent les habitants à fuir leur domicile, ce qui crée de graves situations de précarité économique. Par ailleurs, de nombreuses écoles ou commerces se voient dans l’obligation de fermer leurs portes sous la menace des gangs. Les personnes déplacées vivent par ailleurs souvent dans des campements de fortune, où les conditions sanitaires sont déplorables, et où ils n’ont pas toujours accès à des services de base, comme à l’eau potable. Selon une évaluation menée par l'Organisation internationale pour les migrations publiée en octobre dernier, au moins 96.000 personnes ont fui la capitale haïtienne en raison des violences des gangs. 

À cette crise politique et sécuritaire s’ajoute une véritable crise sanitaire avec la résurgence du choléra il y a plusieurs mois. L’ONU affirme avoir besoin de 715 millions de dollars pour aider plus de trois millions de personnes en Haïti, et appelle donc aux dons. 

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