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Edward Snowden : 10 ans après ses révélations, le lanceur d'alerte affirme n'avoir «aucun regret»

Ce vendredi 9 juin marquera les 10 ans des révélations faites par le lanceur d'alerte, aujourd'hui exilé en Russie. [Jörg Carstensen/dpa/AFP]

Dix ans après avoir révélé la surveillance de masse exercée par les Etats-Unis et le Royaume-Uni, Edward Snowden a partagé sa crainte liée à l'utilisation des nouvelles technologies. Le lanceur d’alerte a assuré ce jeudi 8 juin n’avoir «aucun regret», se félicitant d'avoir précipité l’arrivée du chiffrement de bout en bout.

Un entretien attendu une décennie après l’un des plus gros scandales du 21e siècle. Ce vendredi marquera les dix ans des révélations faites par Edward Snowden concernant la surveillance de masse exercée par les agences de renseignement américaines et britanniques. 

A la veille de cette date clé, le lanceur d'alerte a confié lors d'une interview s’inquiéter de la montée en puissance des technologies et de la volonté grandissante de contrôle affichée par les différents États du monde sur leur population.

«La technologie a acquis une influence considérable. Si nous pensons à ce que nous avons vu en 2013 et aux capacités des gouvernements d'aujourd'hui, 2013 semble être un jeu d'enfant», a-t-il analysé dans les colonnes du journal britannique The Guardian.

Il a ciblé les dangers posés par les gouvernements et les Big Tech, mais aussi ceux liés aux caméras de vidéosurveillance dans les commerces, à la reconnaissance faciale, à l'intelligence artificielle et aux logiciels espions utilisés contre les dissidents et les journalistes comme Pegasus.

toujours exilé en russie

«Nous faisions confiance au gouvernement pour qu'il ne nous mette pas en danger. Mais il l'a fait. Nous faisions confiance aux entreprises technologiques pour ne pas profiter de nous. Mais elles l'ont fait. Cela va se reproduire, parce que c'est la nature du pouvoir», a prophétisé l’ancien employé de la NSA et de la CIA.

Après avoir fait fuiter des dizaines de milliers de documents confidentiels à des journalistes en 2013 à Hong Kong, Edward Snowden a été contraint à l’exil en Russie la même année. Critiqué pour son acquisition de la citoyenneté russe l’an dernier, le lanceur d’alerte a drastiquement réduit son impact médiatique, lui permettant de s’occuper de ses deux fils en bas âge.

Malgré sa situation personnelle difficile, ce dernier a assuré n’avoir «aucun regret» en rapport avec la divulgation au grand public de la surveillance exercée par l'Agence nationale de sécurité américaine et son homologue britannique, le GCHQ. Il a même ajouté qu’elle avait permis des avancées majeures sur la protection de la vie privée des particuliers et des professionnels.

Edward Snowden s’est félicité de l’utilisation généralisée du chiffrement de bout en bout, un système de communication ultra-sécurisé entre deux interlocuteurs, comme l'un des héritages positifs de ses fuites. 

Via ses révélations, les grandes entreprises technologiques ont appris que la NSA s’était procurée des informations et des données par leur biais en passant par des portes dérobées. Mécontentes, ces dernières ont accéléré le développement du chiffrement de bout en bout pour le rendre disponible bien avant sa mise sur le marché initialement prévue. 

Le chiffrement de bout en bout «n'était qu'une chimère en 2013 lorsque l'affaire a éclaté. Une énorme fraction du trafic internet mondial voyageait électroniquement nu. Aujourd'hui, c'est un spectacle rare», s’est réjoui Edward Snowden.

Le lanceur d’alerte a néanmoins souligné le fait que cette victoire n’était que le fruit d’une bataille et que la guerre menée serait plus longue et délicate. «L'idée qu'après les révélations de 2013, il y aurait des arcs-en-ciel et des licornes le lendemain n'est pas réaliste. Il s'agit d'un processus continu. Et nous devrons y travailler jusqu'à la fin de notre vie et de celle de nos enfants, et même au-delà», a conclu ce dernier.

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