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Tunisie : une chasse aux migrants subsahariens après la mort d’un habitant

Deux trains sont arrivés à la gare de Tunis ce mercredi soir en provenance de Gafsa et de Sfax transportant une centaine de migrants subsahariens. [HOUSSEM ZOUARI / AFP]

Une troisième nuit de violences a éclaté à Sfax, au nord-est de la Tunisie, à la suite de la mort d’un habitant de la ville poignardé par un immigré subsaharien. Depuis, une chasse aux migrants a commencé.

La situation est tendue. Des dizaines de migrants africains ont été chassés de la ville de Sfax, au nord-est de la Tunisie, au cours d’une troisième nuit de violences provoquées par la mort d’un habitant de 41 ans, poignardé lors d’affrontements, lundi soir, avec des migrants d’origine camerounaise.

A Gafsa, situé dans le secteur sud de l’Atlas saharien au Sud-ouest de la Tunisie, des migrants ont également été pourchassés par les habitants après avoir vandalisé un bus. Ils sont alors parvenus à arrêter certains migrants en situation irrégulière et les ont remis aux autorités sécuritaires.

Alors que la crise s’amplifie, la police tunisienne a dû intervenir pour tenter d’imposer le calme dans ces deux régions. Certains migrants, dont la majorité est arrivée irrégulièrement en Tunisie en provenance du Nigeria, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée, du Tchad et de la Sierra Léone, comme le relate la radio tunisienne Mosaïque fm, sont restés cloîtrés chez eux tandis que d’autres ont été escortés par les forces de l’ordre.

Toujours selon la radio tunisienne, deux trains sont arrivés à la gare de Tunis ce mercredi soir en provenance de Gafsa et de Sfax transportant une centaine de migrants subsahariens. «Ils sont environ 200 personnes, hommes, femmes et enfants ainsi que des femmes enceintes qui veulent quitter Sfax vers la capitale après le refus des habitants du gouvernorat de la présence accrue de ces migrants à Sfax», ont fait savoir nos confrères.

«L'un des migrants a indiqué que ceux-ci voulaient se diriger vers la capitale pour prendre contact avec leurs ambassades pour assurer leur rapatriement», a ajouté Mosaïque fm indiquant qu’une forte présence sécuritaire a d’ailleurs été constatée sur place.

«On a vraiment peur d'être ici»

Sur des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, on peut voir des agents de police chassant des dizaines de migrants de leur domicile sous les acclamations d'habitants de la ville, avant de les faire monter dans des voitures de la police.

D'autres montraient des migrants à même le sol, les mains sur la tête, entourés par des habitants munis de bâtons qui attendaient l'arrivée de la police.

Selon Lazhar Neji, travaillant dans les urgences de l’hôpital de Sfax, celui-ci a accueilli entre 30 et 40 migrants, parmi lesquels des femmes et des enfants. «Certains ont été jetés de terrasses, d'autres agressés avec des sabres», a-t-il affirmé.

«Il y a un problème sérieux à Sfax, il y a un Subsaharien qui a tué un Tunisien et du coup la population tunisienne est fâchée contre tous les Subsahariens et s'attaque à eux, et même la police tunisienne essaye d'arrêter illégalement tous les Subsahariens, pour les refouler dans le désert de la Libye», a déclaré, Jonathan Tchamou, un migrant d’origine congolaise, à l’AFP.

«On a vraiment peur d'être ici, c'est pour ça qu'on veut quitter à tout prix Sfax (…) Avant la Tunisie était un pays d'accueil pour nous, on vivait à l'aise ici mais comme maintenant nous ne sommes pas les bienvenus, la solution serait de traverser la Méditerranée pour aller en Europe», a-t-il poursuivi, affirmant être venu en Tunisie d'une manière régulière avec un visa d'étudiant. 

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