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Guerre en Ukraine : la Corée du Nord fournit des armes à la Russie depuis plus d’un mois, selon les renseignements ukrainiens

L'armée russe consommerait selon Kiev entre 40.000 et 60.000 obus d'artillerie par jour pour la guerre en Ukraine. [Vladimir SMIRNOV / POOL / AFP]

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un s'est déplacé en Russie pour une rencontre avec le président russe Vladimir Poutine, susceptible de déboucher sur un accord de vente d'armes en soutien à l'invasion russe en Ukraine. Selon le renseignement militaire ukrainien, cela ferait «plus d'un mois» que la Corée du Nord fournit des armes à la Russie. De son côté, le Kremlin nie tout accord.

Un nouveau partenariat ? Pyongyang, soumis à des sanctions internationales pour son programme d'armement nucléaire, a régulièrement démenti fournir des armes à la Russie mais pourrait prochainement modifier cette position, selon des experts. Début septembre, Washington avait notamment assuré que la Corée du Nord, malgré ses démentis, avait fourni des roquettes d'infanterie et des missiles à la Russie en 2022, destinés au groupe paramilitaire privé Wagner.

Une position partagée par le chef du renseignement militaire ukrainien, qui estime que «la Corée du Nord fournit des armes à la Russie depuis un mois et demi», et que Moscou les utiliserait déjà dans sa guerre contre l'Ukraine. Désormais, d'après lui, le canal est voué à s'élargir : «Le Kremlin vise à obtenir des millions de munitions. Malheureusement pour nous, la Corée du Nord est un important producteur d’armes. Elle est capable d’en fabriquer d’énormes quantités. La Russie n'est pas en mesure d'atteindre ces volumes», a-t-il déclaré. 

La Russie cherche des obus d'artillerie

Engagée dans les combats depuis février 2022, la Russie prévoit de produire cette année 2,5 millions d'obus d'artillerie, contre 1,7 million l'an dernier. Mais «il est possible que l'augmentation des capacités de production de la Russie soit en deçà des besoins réels sur le champ de bataille», où l'armée russe consommerait selon Kiev entre 40.000 et 60.000 obus d'artillerie par jour, souligne Yohann Michel, analyste à l'International Institute for Strategic Studies (IISS).

«Moscou a besoin d'importations pour maintenir sur le long terme le niveau actuel d'intensité opérationnelle de son effort de guerre», renchérit le German Council on Foreign Relations dans une étude publiée vendredi. De fait, après s'être tournée vers l'Iran pour lui fournir des centaines de drones explosifs (ou drones suicide), la Russie pourrait trouver des ressources utiles auprès de Pyongyang, qui détient d'importants stocks de matériel soviétique - de qualité toutefois très incertaine - et produit en masse des armes conventionnelles.

Parmi les munitions de l'arsenal nord-coréen susceptibles d'intéresser la Russie, figurent notamment les roquettes de calibre 122 mm destinées aux lance-roquettes multiples (MLRS) BM-21 «Grad» de l'époque soviétique, qui équipent les forces russes en Ukraine. Pyongyang dispose également de pièces d'artillerie tractée manuelle D-20 de 152 mm, fabriquées elles aussi en Union soviétique dans les années 1950, ou encore d'obusiers D-30 de 122 mm datant des années 1960.

Des technologies de pointe et un poids diplomatique

En échange de ces armes, Pyongyang pourrait se voir fournir pétrole et nourriture russes, voire un accès à des technologies spatiales. Pour les analystes, la Russie dispose de tout ce dont la Corée du Nord a besoin. «La Russie est un pays exportateur alimentaire, exportateur d'engrais, exportateur d'énergie», relève Cho Han-bum, chercheur à l'Institut coréen pour l'unification nationale. Pyongyang pourrait également, selon lui, rechercher le transfert de «technologies clés, de savoir-faire et de capacité manufacturière pour faire progresser l'industrie d'armement nord-coréenne».

Un rapport de l'Onu a souligné en 2022 le rôle d'un diplomate nord-coréen à Moscou pour se procurer des technologies de missiles balistiques et même tenter d'obtenir trois tonnes d'acier pour le programme de sous-marins nord-coréen. Pyongyang pourrait également tirer des bénéfices diplomatiques d'un éventuel accord qui enverrait un message à la Chine.

De son côté, la Russie a nié tout accord avec la Corée du Nord. «Aucun accord» n'a été signé durant la visite du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un en Russie, débutée mardi, a déclaré vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. «Aucun accord n'a été signé, et cela n'était pas prévu», a-t-il affirmé à des journalistes. 

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