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Israël-Hamas : 80% des personnes touchées par le plus haut niveau de famine se trouvent à Gaza, rapporte le World Food Program

À Gaza, les ONG contribuent à apporter entre 25 et 30% des besoins de la population en termes de produits essentiels.  [REUTERS/Mohammed Salem]

Selon un rapport publié par le «World Food Program» de l'ONU, 80% des personnes qui souffrent du stade le plus élevé de famine se trouvent actuellement à Gaza. D'après l’organisation, 577.000 Gazaouis sont concernés sur un total de 706.000 personnes dans le monde.

«Gaza is starving» ou «Gaza meurt de faim» : c’est avec ces mots que le World Food Program (WFP) présente la situation dans la bande de Gaza, dans un rapport publié le lundi 21 janvier. Selon l’organisation d’aide alimentaire rattachée aux Nations unies, environ quatre personnes sur cinq (80%), qui souffrent du stade le plus élevé de famine dans le monde, se trouvent à Gaza. Le rapport indique également que 93% de la population locale est touchée par la malnutrition et que cette situation «s’accroît chaque jour».

Le Programme alimentaire mondial (PAM) ou en anglais World Food Program est l'organisme d'aide alimentaire de l'ONU et de l’Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Le PAM est la plus grande agence humanitaire qui lutte contre la faim dans le monde en distribuant une assistance alimentaire dans les situations d'urgence et en travaillant avec les communautés pour améliorer leur état nutritionnel et renforcer leur résilience. Chaque année, le PAM apporte une assistance à 80 millions de personnes dans près de 80 pays. 

Dans son dernier rapport, l’organisme décrit «une situation catastrophique» à Gaza, avec 93% de la population confrontée à une «insécurité alimentaire aiguë» et où «pratiquement tous les ménages sautent des repas chaque jour». Le rapport souligne qu'il s'agit de la proportion la plus élevée de personnes confrontées à des niveaux importants d'insécurité alimentaire aiguë jamais enregistrée dans une région ou un pays donné. Par ailleurs, au moins un ménage sur quatre est confronté à un «manque extrême de nourriture», et doit «vendre des biens et prendre d'autres mesures extrêmes pour pouvoir s'offrir un simple repas».

Le rapport précise enfin qu'environ 706.000 personnes dans le monde font face au stade le plus élevé de famine qui existe, parmi lesquelles 577.000 se trouvent à Gaza. Une situation qui pourrait empirer avec le temps. 

Une échelle en 5 phases

Pour établir ce constat, dans le cadre de son analyse de la sécurité alimentaire, le World Food Program procède à une classification appelée «IPC» (Integrated Phase Classification). Il s'agit d'une échelle qui examine la sécurité alimentaire et la consommation des personnes, la manière dont elles ont accès à la nourriture et le type de stratégies d'adaptation qu'elles utilisent. Elle prend également en compte d'autres indicateurs, y compris des indicateurs socio-économiques. Celle-ci se divise en cinq phases.

La phase 1 signifie que les ménages sont «en mesure de satisfaire leurs besoins alimentaires essentiels sans s'engager dans des stratégies atypiques et non durables d'accès à la nourriture et aux revenus». La phase 2 signifie que les ménages ont «une consommation alimentaire minimale adéquate, mais ne peuvent pas faire face à certaines dépenses non alimentaires essentielles sans recourir à des stratégies d'adaptation». 

La phase 3 classifie les ménages qui «présentent des déficits de consommation alimentaire qui se traduisent par une malnutrition aiguë, élevée ou supérieure à la normale, ou qui présentent une capacité marginale à satisfaire les besoins alimentaires minimaux, mais uniquement en épuisant les moyens de subsistance essentiels ou en adoptant des stratégies d'adaptation à la crise». Pour être situé dans la phase 4, les ménages doivent «présenter d'importants déficits de consommation alimentaire qui se traduisent par une malnutrition aiguë et une surmortalité très élevées».

Enfin, la phase 5, qui est la plus importante, classifie les ménages qui «souffrent d'un manque extrême de nourriture et/ou d'autres besoins de base, même après avoir utilisé toutes les stratégies de survie disponibles». Pour arriver à ce stade dans la classification, la région doit présenter des niveaux extrêmement critiques de malnutrition aiguë et de mortalité.

Trois conditions pour intégrer la phase 5

Dans le détail, pour être classifié dans la phase 5, Il faut que, dans un endroit donné, au moins 20% de la population soit affamée ou manque considérablement de produits de première nécessité, mais aussi qu'au moins 30% des enfants souffrent de malnutrition sévère, et enfin que le taux de mortalité soit au moins deux fois plus élevé que la moyenne. Lorsque ces trois conditions sont réunies en un seul endroit, il s'agit d'une situation de famine de phase 5.

Selon le rapport, à Gaza, la totalité de la population est classée au moins en phase 3, mais «seulement» un quart de la population est officiellement classé en phase 5. Cela s’explique par le fait que même si la première condition est remplie, ce n’est pas encore forcément le cas des deux autres. Il est par exemple très difficile de dire avec précision si le taux de mortalité a doublé, notamment parce que les systèmes de santé et de diffusion des informations sont défaillants et rendus inefficaces par la guerre. Cette situation pourrait toutefois évoluer avec le temps.

Accès physique et accès économique

Par ailleurs, pour que la première condition soit remplie, le rapport précise que l’accès à la nourriture se présente de deux manières : un accès physique et un accès économique. D’une part la nourriture doit arriver en quantité suffisante, et les chaînes d'approvisionnement doivent fonctionner, que ce soit par le biais de l'aide humanitaire ou des circuits commerciaux. D’autre part le prix de cette nourriture doit être abordable. Il s'agit toujours avant tout de savoir si une population ou une communauté est en mesure d'accéder à la nourriture. C’est aussi le cas pour d’autres produits essentiels comme l'eau, les médicaments, ou encore le carburant.

C'est la raison pour laquelle de nombreux gouvernements ou ONG appellent à un cessez-le-feu humanitaire à Gaza. Celui-ci permettrait non seulement d'acheminer de la nourriture et d'autres produits essentiels, mais aussi de les distribuer en toute sécurité. Si une population reçoit de la nourriture mais que les réseaux de distribution ne fonctionnent pas, c'est comme si la nourriture n'arrivait pas. À Gaza justement, les ONG contribuent à apporter entre 25 et 30% des besoins de la population en termes de produits essentiels. 

Selon un dernier bilan du ministère de la Santé du territoire, contrôlé par le Hamas, au moins 25.490 personnes sont mortes à Gaza, dont environ 70% de femmes, d'enfants et d'adolescents. 

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