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«Coalition artillerie» : en quoi consiste cette coalition codirigée par la France ?

Des soldats ukrainiens se préparent à tirer avec un canon M777 contre une position russe, dans la région de Zaporijia, au sud-est de Kiev, le 14 janvier 2024. [© Stringer/REUTERS]

En janvier, le ministre de la Défense, Sébastien Lecornu et son homologue ukrainien, Roustem Oumerov, ont lancé la coalition «Artillerie pour l’Ukraine». De quoi s’agit-il ?

Deux ans après le début de la guerre en Ukraine, en février 2022, la France et les États-Unis ont lancé la coalition «Artillerie pour l’Ukraine», qui vise à renforcer le soutien militaire à l’Ukraine sur le court et le long terme et à mieux organiser les livraisons d’armement.

Le 18 janvier, Sébastien Lecornu et le ministre de la Défense ukrainien, Rustem Umerov ont acté la création de cette nouvelle coalition, en présence des représentants de 23 pays.

Rustem Umerov n’a pas pu se déplacer à Paris pour l’occasion, invoquant «des raisons de sécurité» et a suivi la conférence par vidéo.

Renforcer la Défense ukrainienne

«Artillerie pour l’Ukraine» regroupe les  50 États du Groupe de contact pour la défense de l'Ukraine, aussi appelé «format Ramstein», un groupe cocréé par la France en octobre 2022, pour organiser les livraisons d’armes à l’Ukraine.

À long terme, la nouvelle coalition devra «construire la future artillerie ukrainienne au moyen de partenariats industriels ambitieux et innovants» précise le ministère de la Défense.

La France souhaite donner les moyens à l’Ukraine de faire construire soixante-quatorze canons César en 2024, produits par le groupe franco-allemand Nexter.

Jusqu’à maintenant, l’Ukraine a reçu 49 de ces canons, dont 18 sont issus du parc de l’armée de Terre, 12 de l’inventaire de l’artillerie française et 19 de l’armée du Danemark.

Cette nouvelle coalition vient s'ajouter à celles lancées ces dernières semaines par le Royaume-Uni et la Norvège, consacrée à l’armement maritime ; par l’Estonie et le Luxembourg sur les technologies de l’information et par les États-Unis et les Pays-Bas sur les forces aériennes.

Le danger de la coquille vide 

Des questions demeurent sur le but exact de cette nouvelle coalition et sur son intérêt. Selon Jean-Baptiste Noé, le rédacteur en chef de la revue de géopolitique Conflits, il s’agit pour l’instant «d’un élément de langage qui masque une coquille vide. La coalition permet surtout de montrer que la France est active en Ukraine, alors que l'armée ukrainienne est en grande difficulté sur le terrain et que l’aide que lui fournissent l’Europe et les États-Unis est très insuffisante.»

Un rapport de la Commission des Affaires étrangères du Sénat publié fin janvier confirme cette analyse. Il souligne que la masse militaire demeure clairement du côté russe : «Entre mai et décembre 2023, le nombre de soldats russes aurait augmenté de 20% sur le front et le nombre de chars et de pièces d’artillerie de 60%», a alerté le président de la commission des Affaires étrangères du Sénat, Cédric Perrin, lors de la présentation du rapport.

«Mais à la guerre, celui qui a le plus d’hommes et de munitions possède un net avantage pour gagner», poursuit Jean-Baptiste Noé en commentant les propos du président de la commission sénatoriale. La sophistication de l'armement ne suffit pas.

«La France espère accroître sa production à 3.000 missiles par jour, soit 36.000 par an. Le problème est qu’il ne s’agit que de cinq jours de guerre côté ukrainien, à peine deux jours côté russe», conclut le rédacteur en chef de Conflits.

Autrement dit, malgré les nouvelles structures et coalitions mises en œuvre par les alliés de l’Ukraine, les chances pour elle de remporter le conflit paraissent se réduire dans le contexte actuel, en partie du fait de son équipement insuffisant.

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