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Mahjoub Mahjoubi : comment les prêches sont-ils contrôlés dans les pays musulmans ?

La majorité des pays musulmans disposent d’une institution dont la mission est de gérer les affaires religieuses. [CHARLY TRIBALLEAU / AFP]

Les prêches de Mahjoub Mahjoubi, l'imam tunisien de la mosquée de Bagnols-sur-Cèze et dont Gérald Darmanin a demandé l'expulsion, posent la question la question du contrôle, en France, de ces discours religieux. Mais comment les prêches sont-ils contrôlés dans les pays musulmans ?

Depuis le début de la semaine, Mahjoub Mahjoubi, imam tunisien de Bagnols-sur-Cèze (Gard), est dans la tourmente. L’homme de 52 ans est en effet accusé d’avoir tenu des prêches «anti-France» suivant une vidéo ayant circulé sur les réseaux sociaux dans laquelle on entend le religieux qualifier le «drapeau tricolore» de «satanique».

À la suite de ces propos, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a demandé l’expulsion de l’imam officiant à la mosquée At-tawba. Dans le même temps, une enquête préliminaire pour apologie du terrorisme a été ouverte par le parquet de Nîmes. Cette nouvelle polémique met en lumière les difficultés que rencontrent les autorités afin de contrôler ces discours religieux dans les mosquées françaises.

Aujourd'hui, plus de 90% d'entre elles sont sous le régime de loi de 1901, la «loi séparatisme» intègre également la possibilité pour les préfets de pouvoir fermer provisoirement les lieux de culte en cas d'agissements provoquant à la haine ou à la violence.

Dans les pays musulmans, le contrôle des prêches, et des imams plus globalement, est différent d’un pays à l’autre. En Arabie saoudite, berceau de l’islam, c’est le pouvoir royal qui s’occupe de l’application de la religion musulmane sur le territoire national, par le biais du ministère des Affaires islamiques, de l’Appel et de l’Orientation. Les prêches ne sont diffusés dans les mosquées qu’après-validation auprès de l’institution.

Parmi les missions de ce ministère, présidé par Saleh ben Abdelaziz Al Ach-Cheikh, on note le financement des lieux de culte et la supervision de la construction et de l’entretien des mosquées en Arabie saoudite. C’est également cette institution qui assure le paiement des imams saoudiens et les fonctionnaires qui y sont rattachés.

Si le pouvoir royal saoudien a une mainmise importante sur les questions religieuses, d’autres pays à majorité musulmane assurent la gestion de cette thématique à travers des associations ou encore des organisations.

C'est le cas par exemple de la Turquie. Dans ce pays, c’est la Diyanet, fondée en 1924 suite à l’abolition du Califat sur l’ordre d’Atatürk, qui détient le monopole officiel sur l’islam. Connue sous son nom complet «Diyanet İşleri Başkanlığı» (Présidence des Affaires religieuses), cette agence publique est directement rattachée au cabinet du Premier ministre.

Des institutions spécifiques dans les pays du Maghreb

Mais à la différence de l’Arabie saoudite, la Diyanet turque a obligation d’administrer «en conformité avec le principe de la laïcité» et tout en «restant neutre à tous les points de vue et idées politiques».

C’est exactement cette agence publique qui contrôle environ 270 mosquées en France. En Anatolie, la Diyanet contrôle les discours religieux dans les lieux de culte. Elle s’occupe des activités liées à la religion musulmane et gère les mosquées. À noter également que certains prêches sont publiés sur le site internet de cette organisation, comme celui du vendredi 16 février dernier.

Dans les pays du Maghreb, le fonctionnement de ces organisations est un petit peu semblable au ministère religieux en Arabie saoudite. Au Maroc, c’est le Conseil des Oulémas, directement rattaché à l’Etat, qui supervise tout ce qui se passe dans les mosquées. En 2009, Mohammed VI s’est adressé aux membres de ce Conseil.

«Nous attendons d’eux qu’ils puissent, avec l’aide et l’appui de Dieu, et avec l’efficience et la constance escomptées, mener à bonne fin la mission que Nous leur avons confiée en matière de prêche, de sensibilisation et d’orientation», a-t-il dit.

L’institution est très encadrée par le pouvoir royal et apparaît même dans la Constitution marocaine avec l’article 41, stipulant que «le Conseil est la seule instance habilitée à prononcer les consultations religieuses (Fatwas) officiellement agréées, sur les questions dont il est saisi et ce, sur la base des principes, préceptes et desseins tolérants de l'Islam».

Des institutions semblables existent dans le reste des pays du Maghreb comme le ministère des Affaires religieuses en Tunisie ou encore le Haut conseil islamique en Algérie.

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