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Corée du Nord : les usines d'armement «travaillent à plein régime» pour approvisionner l'armée russe, alerte Séoul

Kim Jong-un a rencontré son homologue, Vladimir Poutine, lors d'un sommet qui s'est tenu en septembre dans l'extrême est de la Russie. [via REUTERS]

Les usines de munitions nord-coréennes «fonctionnent à plein régime» pour produire des armes et des obus pour la Russie, a alerté le ministre sud-coréen de la Défense, alors que la guerre dévastatrice de Moscou en Ukraine entre dans sa troisième année.

Les dernières nouvelles en provenance de Corée du Sud ne sont pas bonnes pour l’Ukraine. Selon le ministre sud-coréen de la Défense, Shin Won-sik, la Corée du Nord joue un rôle crucial dans l’approvisionnement militaire de la Russie, alors que Moscou entame sa troisième année de guerre face à un Ukraine obligé de reculer sur ses positions, manquant d’armes et de munitions pour lutter efficacement face à son agresseur. Selon la Corée du Sud, Pyongyang livrerait ainsi des millions d'obus d'artillerie à la Russie, depuis le mois d’août 2023, en échange de livraisons de nourriture et d'autres produits de première nécessité. 

«Alors que les usines d'armement nord-coréennes (pour les exportations non russes) fonctionnent à 30% de leur capacité en raison de pénuries de matières premières et d'électricité, les usines produisant des armes et des obus d'artillerie pour la Russie fonctionnent à plein régime», a déclaré Shin Won-sik lors d'une conférence de presse. Dans un communiqué publié vendredi, le département d'État américain a confirmé ces informations, déclarant que la Corée du Nord avait livré plusieurs milliers de conteneurs de munitions ou de matériel connexe à la Russie depuis septembre.

«plus de 3 millions d'obus d'artillerie»

Dans le détail, Pyongyang aurait ainsi expédié plus de 10.000 conteneurs en Russie, qui pourraient contenir plus de 3 millions d'obus d'artillerie et plus de 500.000 obus de lance-roquettes, selon le ministère de la Défense sud-coréen. Face à la Russie, qui compte sur son partenaire nord-coréen pour maintenir la pression sur la ligne de front, l'Ukraine, qui voit son approvisionnement en munitions commencer à s'épuiser, notamment en raison du blocage de l’aide américaine, se trouve dans une position particulièrement délicate et pourrait subir de très lourdes pertes dans les semaines à venir. 

En effet, ces livraisons interviennent à un moment crucial de la guerre en Ukraine, alors que Moscou mène une série d'offensives le long de la ligne de front. Plus que jamais, Moscou a donc besoin de munitions et d'obus pour soutenir son effort de guerre, après avoir subi de lourdes pertes en hommes et en matériel pendant plus de deux ans. La récente avancée de Moscou à Avdiivka, une ville qui se trouve sur la ligne de front depuis que les séparatistes soutenus par la Russie ont lancé une rébellion contre Kiev en 2014, montre la capacité de la Russie à tirer profit de ces livraisons d’armement, pour prendre l’avantage sur les forces ukrainiennes, dont la puissance militaire commence à s’affaiblir en raison du manque de soutien occidental, et notamment américain. 

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a ainsi déclaré qu'Avdiivka avait été perdue parce que les troupes n'avaient pas assez de munitions pour défendre la ville. Il a également ajouté que des «millions» de personnes pourraient mourir en Ukraine si les législateurs américains n'approuvaient pas la demande d'aide de 60 milliards de dollars présentée par le président Joe Biden à l'intention de Kiev.

Un nouveau partenariat stratégique

Les livraisons de munitions de Pyongyang à Moscou ont démarré juste avant que le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un ne rencontre son homologue, le président Vladimir Poutine, lors d'un sommet qui s'est tenu en septembre dans l'extrême est de la Russie. Cette rencontre était un signe clair des étroites relations entre les deux nations, alors que les deux pays sont confrontés à un isolement international en raison de l'invasion de l'Ukraine, pour l'un, et du programme d'armes nucléaires et de missiles balistiques, pour l'autre. 

La Corée du Nord, qui fait face depuis des années à des sanctions internationales en raison de son programme d'armement nucléaire, est en proie à un important manque de ressources, de l'argent liquide à la nourriture en passant par la technologie pour ses missiles. À cet égard, les services de renseignement américains sont de plus en plus préoccupés par les liens qui se développent entre la Corée du Nord et la Russie, et par les implications à long terme de ce qui semble être un nouveau niveau de partenariat stratégique entre les deux nations.

Vers une troisième guerre mondiale ? 

En effet, les États-Unis et leurs alliés s'inquiètent de la technologie que la Corée du Nord pourrait réclamer à la Russie en échange de ces livraisons d'armes. Selon des responsables américains, Pyongyang cherche à obtenir des technologies susceptibles de faire progresser ses capacités en matière de satellites et de sous-marins à propulsion nucléaire, ce qui pourrait considérablement accroître les capacités de la Corée du Nord dans des domaines que le régime n'a pas encore totalement développés.

Une information qui pourrait renforcer les craintes des Occidentaux quant à une possible troisième guerre mondiale, alors qu’Emmanuel Macron a mis le feu aux poudres, ce lundi 26 février, en ouvrant la voie à une possible mobilisation des soldats occidentaux sur le sol ukrainien. De son côté, la Russie a réagi en qualifiant ces propos de «ligne rouge», et en évoquant le risque d’une troisième guerre mondiale «entre puissances nucléaires», qui pourrait être renforcée par l’appui militaire de la Corée du Nord. 

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