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Pérou : qu'est-ce que «l'affaire Rolex», qui secoue le pays ?

Dina Boluarte a assuré avoir «les mains propres» et ne posséder qu’une seule vieille montre, achetée par ses propres moyens. [Luis Iparraguirre/Peru Presidency/Handout via REUTERS]

La présidente du Pérou, Dina Boluarte, est empêtrée dans un scandale de corruption, baptisé «l’affaire Rolex» par la presse. Après une perquisition à son domicile samedi dernier, elle est sommée de présenter à la justice des montres de luxe non déclarées.

C’est un nouveau scandale qui éclabousse la présidente du Pérou en poste depuis à peine plus d’un an. Dina Boluarte est visée par une enquête préliminaire pour enrichissement illicite, accusée d’avoir porté des montres de luxe non déclarées lorsqu’elle était ministre. Le scandale a été baptisé «l’affaire Rolex» par la presse péruvienne. 

Tout a commencé le 15 mars dernier, lorsque le site d’information local La Encerrona a publié une série de photos de Dina Boluarte portant différentes montres de luxe, lorsqu’elle était membre du gouvernement, en 2021 et 2022. Selon les journalistes qui ont analysé ces photographies, l’actuelle présidente possèderait non moins de 14 montres de luxe. 

Le parquet général du Pérou a annoncé quelques jours plus tard ouvrir une enquête préliminaire pour un soupçon «d'enrichissement illicite et de non-déclaration d'utilisation de montres Rolex». Dina Boluarte a quant à elle assuré avoir «les mains propres» et ne posséder qu’une seule vieille montre, achetée par ses propres moyens. 

Une perquisition utile à l'enquête

L’affaire a connu un nouveau rebondissement le samedi 30 mars, lorsque des policiers ont perquisitionné le domicile de la présidente, à la recherche de ces montres de luxe. Le bureau de Dina Boluarte a annoncé quelques heures plus tard que la perquisition s’était déroulée «sans incident». Son avocat a toutefois réagi en affirmant que la présence de la police était excessive et destinée à «faire un spectacle». Selon CNN, il a indiqué que la police avait pris en photo une dizaine de montres, mais il n’a pas confirmé s’il s’agissait de montres de luxe. 

Dimanche 31 mars, le ministère public péruvien a sommé la présidente Dina Boluarte de présenter les montres Rolex en sa possession, lors d’une convocation prévue vendredi, lors de laquelle elle devra témoigner. Le ministère public a par ailleurs indiqué que lors de la perquisition, les montres de valeurs recherchées n’ont pas été trouvées, et que la présidente ne les avait pas remises, mais que «d’autres éléments d'intérêts pour l'enquête ont été obtenus». 

Lors d’une prise de parole à la nation, Dina Boluarte, 61 ans, a dénoncé la perquisition de son domicile, la jugeant «arbitraire, disproportionnée et abusive», et estimant qu’il s’agit d’une nouvelle preuve du «harcèlement systématique» qu’elle subit. 

Un tiers du gouvernement démissionne après la perquisition

En réaction, les ministres de l’intérieur, de l’éducation, de la femme, du développement agraire, de la production et du commerce extérieur ont annoncé leur démission ce lundi 1er avril. Deux jours plus tôt, une perquisition de la police a eu lieu au domicile de la cheffe de l’Etat, Dina Boluarte, visée par une enquête pour des faits présumés d’enrichissement illicite. La vague de démission des six ministres, soit un tiers du gouvernement péruvien, est survenue à la veille du vote d'investiture, par le Parlement, du nouveau Premier ministre Gustavo Adrianzen et de son gouvernement. En pleine nuit, la présidente Dina Boluarte a fait prêter serment aux six nouveaux ministres nommés en substitution des partants.

De nombreux scandales

Dina Buloarte a déjà fait l’objet de plusieurs scandales au Pérou, en proie à une importante crise politique depuis plusieurs années, qui a fait défiler non moins de six présidents en six ans. Dina Boluarte est devenue présidente en 2022, après la destitution de son prédécesseur, Pedro Castillo. L’actuelle présidente a par ailleurs déjà fait l’objet d’une enquête pour «génocide, homicide aggravé et blessures graves» après la mort d’une cinquantaine de manifestants lors des grandes protestations qui ont suivi sa prise de pouvoir. 

L'année dernière, elle a également été accusée par la presse péruvienne de plagiat. Selon les investigations d'une chaîne de télévision péruvienne, Dina Boluarte affirmait, lorsqu'elle était encore haut-fonctionnaire, être l'autrice d'une étude sur les droits de l'homme publiée en 2004. Un logiciel de plagiat a révélé que 55% de cette pseudo-étude avait été copié sur d'autres travaux, sans mentionner les sources. De nombreuses frasques qui expliquent l'impopularité de la présidente péruvienne. 

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