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Ouattara consacré à l'extérieur mais beaucoup reste à faire en Côte d'Ivoire

IMoins d'un an après son arrivée au pouvoir à l'issue d'une crise meurtrière, le président ivoirien Alassane Ouattara obtient une consécration en prenant les rênes de l'Afrique de l'Ouest, mais il a encore beaucoup à faire pour stabiliser et réconcilier son propre pays.[AFP]

Moins d'un an après son arrivée au pouvoir à l'issue d'une crise meurtrière, le président ivoirien Alassane Ouattara obtient une consécration en prenant les rênes de l'Afrique de l'Ouest, mais il a encore beaucoup à faire pour stabiliser et réconcilier son propre pays.

Sans surprise, M. Ouattara a été élu vendredi, pour un an et à l'unanimité, président de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao, 15 membres), lors d'un sommet à Abuja.

"C'est la confirmation du retour de la Côte d'Ivoire sur la scène internationale" et cela permettra au pays de "renforcer sa position sur la scène régionale, mais également au-delà", a déclaré à l'AFP à Abidjan le porte-parole du gouvernement, Bruno Koné.

"La consécration d'une diplomatie gagnante", claironnait par avance vendredi le très pro-Ouattara quotidien Le Patriote.

Il y a moins d'un an, en avril 2011, M. Ouattara accédait au pouvoir au terme d'une crise qui a fait quelque 3.000 morts, après le refus du président sortant Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite à l'élection de novembre 2010.

L'ancien directeur adjoint du Fonds monétaire international (FMI) s'est attaché rapidement à relancer la diplomatie ivoirienne, multipliant les visites dans la région, en Afrique et hors du continent.

"Côte d'Ivoire is back!" (la Côte d'Ivoire est de retour): le slogan souvent entendu sert aussi à pointer l'isolement du pays durant la décennie Gbagbo, pour cause de crise politico-militaire et d'élection sans cesse reportée.

La venue de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, mi-janvier à Abidjan, avait été vécue comme un succès. Quelques jours plus tard, la visite d'Etat du président ivoirien en France, ex-puissance coloniale dont l'intervention militaire fut décisive pour clore la récente crise, a rempli d'aise le camp Ouattara.

A la tête de la Cédéao, M. Ouattara devrait être vite sollicité pour les crises que traverse la région.

"Il a une fenêtre pour une médiation réussie au Mali", confronté à une nouvelle rébellion touareg, alors que "les Algériens et les Burkinabè tirent chacun de son côté" sur ce dossier, avance un diplomate africain dans la capitale économique ivoirienne.

Selon lui, l'élection du numéro un ivoirien à la Cédéao est le résultat de "l'axe Abidjan-Ouagadougou". Le Burkina Faso du président Blaise Compaoré, qui continue de peser lourd sur la scène ivoirienne, récupère d'ailleurs le poste de président de la Commission de l'organisation, confié à Kadré Ouédraogo.

Mais un visiteur régulier de M. Ouattara s'inquiète de ces nouvelles responsabilités: "c'est assez chronophage", souligne-t-il, alors que les défis ne manquent pas à l'intérieur.

Malgré une nette amélioration depuis 2011, la sécurité demeure une préoccupation majeure: désormais dans l'armée régulière, les ex-rebelles du nord qui ont largement contribué à son arrivée au pouvoir continuent de s'illustrer par des violences parfois meurtrières.

La création d'un corps de "réserve" pour ces milliers d'ex-combattants sans formation est annoncée, mais les contours en sont encore flous.

Le chantier de la réconciliation reste presque vierge: le camp Gbagbo, dont le leader est détenu à la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye qui le soupçonne de crimes contre l'humanité, a boycotté les législatives de décembre, et les tensions entre communautés restent fortes.

Le prochain gouvernement aura donc du pain sur la planche. Son installation est attendue d'ici mars-avril, après les législatives partielles du 26 février.

M. Ouattara devra auparavant trancher une question lancinante depuis des mois: garder comme Premier ministre le chef de l'ex-rébellion Guillaume Soro ou lui confier la présidence de l'Assemblée nationale, et ainsi honorer sa promesse d'accorder la "Primature" au parti de son grand allié, l'ex-président Henri Konan Bédié.

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