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Costa Allegra: en plein océan Indien, à l'heure du déjeuner, l'alarme incendie retentit

Quand la sirène d'alarme a retenti lundi midi, accompagnée de fumée, passagers et équipage du Costa Allegra se sont préparés à évacuer le paquebot en plein océan Indien, avec en tête les images du naufrage meurtrier du Costa Concordia, appartenant à la même société, mi-janvier près des côtes d'une île italienne.[AFP]

Quand la sirène d'alarme a retenti lundi midi, accompagnée de fumée, passagers et équipage du Costa Allegra se sont préparés à évacuer le paquebot en plein océan Indien, avec en tête les images du naufrage meurtrier du Costa Concordia, appartenant à la même société, mi-janvier près des côtes d'une île italienne.

L'incendie, qui s'est déclaré dans une salle des machines, a pu être éteint sans faire de victimes. Mais il a privé le bateau de propulsion et d'électricité, et commence alors une longue et pénible odyssée de trois jours sans lumière, climatisation, sanitaires ou cuisines.

"L'alarme incendie s'est déclenchée à l'heure du déjeuner, alors que tout le monde mangeait", raconte Terry Campbell, un serveur hondurien de 32 ans, peu après avoir débarqué jeudi sur le quai du port de Victoria, aux Seychelles, où le navire a accosté après avoir été remorqué sur environ 380 km.

"Des gens se sont rués vers la porte, d'autres sont restés plutôt calmes. Tout l'équipage s'est précipité sur le pont pour préparer les chaloupes, on a tout laissé tomber d'un coup", ajoute-t-il.

Les 627 passagers ont alors été préparés à évacuer: "Ils ont enfilé les gilets de sauvetage et ont été emmenés vers les chaloupes", a expliqué, ému et fatigué, le capitaine du navire, Nicolo Alba, visage mangé par la barbe, devant la presse.

Le navire transportait également 413 membres d'équipage et neuf militaires italiens embarqués pour parer à toute attaque des pirates somaliens qui fraient dans les eaux de la région.

Samuel Almeida, serveur péruvien de 22 ans, a pris soin de vérifier que tout le monde avait enfilé son gilet et il se souvient avoir "dû calmer un couple âgé qui était très énervé".

"Je me voyais devoir sauter dans l'eau"

"Il y avait beaucoup de fumée noire et l'odeur était épouvantable, surtout dans le mess, où mange l'équipage. Le courant s'est coupé tout de suite et tout est tombé en panne, notamment l'eau et la climatisation", raconte-t-il.

Un passager, qui s'est présenté sous le nom de Chris, a raconté avoir eu très peur: "on était prêts à grimper dans les bateaux de sauvetage, on pensait que le pire était arrivé".

"Je ne pouvais pas y croire après ce qui est arrivé à l'autre bateau de croisière, je me voyais devoir sauter à l'eau pour en réchapper. Ma femme était terrifiée", se souvient-il.

Le 13 janvier, le naufrage du Concordia, autre navire de la compagnie italienne Costa Crociere, près de l'île italienne de Giglio avait fait 32 morts.

A bord de l'Allegra, l'équipage vient à bout du feu en une heure. Deux heures plus tard, le temps de s'assurer qu'il est parfaitement éteint, les mesures d'urgence sont levées.

Mais le circuit électrique est hors service et le générateur diesel de dépannage, placé dans un autre compartiment, tombe en panne trois à quatre heures après l'incendie, pour une raison encore inconnue, selon le capitaine.

Des batteries permettent de conserver les moyens de communication. Mais, à 200 milles marins (380 km) de Mahé, principale île des Seychelles, le bateau, un vieux porte-conteneurs reconverti en bateau de croisière, dérive désormais au milieu de l'océan Indien.

Le lendemain à l'aube, le thonier Trévignon qui s'est porté à sa rencontre le prend en remorque, jusqu'à bon port jeudi matin à Mahé.

Sur les quais de Victoria, les passagers qui descendent par petits groupes l'échelle de coupée portent chemisettes ou robes légères, tongs, casquettes ou bobs.

Mais contrairement aux touristes souriants et détendus qui y débarquent d'habitude, ceux du Costa Allegra semblent perdus et épuisés.

Certains ont la peau rougie par le soleil, après trois jours passés sur le pont pour échapper à la chaleur étouffante des cabines et des salles, privées d'air conditionné et empestant l'odeur des toilettes dont les chasses d'eau sont hors service.

La majorité d'entre eux sont des personnes d'âge mûr ou du troisième âge. Un peu déboussolés, ils partent à la recherche de leurs bagages, descendus à l'avance par des petits bateaux, aidés par des manutentionnaires du port, repérables à leur combinaison orange et leur casque jaune.

Un père a passé son bras autour des épaules de sa petite fille aux yeux rougis de larmes. Des passagers sourient, soulagés. D'autres relatent à la presse une "traversée éprouvante".

Certains membres du personnel tentent l'humour: "je crois que personne n'a eu faim, mais les passagers devaient en avoir assez du jambon et du pain à la fin", sourit Samuel Almeida.

Gino, barman philippin, raconte que le bar est resté ouvert durant toute la traversée. Les passagers "n'ont pas pu avoir de vodka tonic, mais il y avait plein de boissons sans alcool".

Plus de la moitié des passagers ont choisi de se remettre de leurs émotions aux Seychelles, aux frais de la compagnie. Les autres rentreront chez eux dès jeudi soir par des vols spéciaux.

Mais pour les employés, une autre angoisse commence. Avec deux accidents graves en moins de deux mois, "qui sait ce qui va désormais arriver à la compagnie et à nos boulots?", s'inquiète Gino.

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