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Marzouki défend son alliance avec Ennahda au Palais Bourbon

Le président tunisien Moncef Marzouki devant les députés français à l'Assemblée nationale à Paris le 18 juillet 2012[AFP]

Le président tunisien Moncef Marzouki a défendu son alliance avec le parti islamiste Ennahda lors d'un discours prononcé mercredi devant l'Assemblée nationale française, un honneur que n'avait reçu aucun dirigeant étranger depuis 2006.

Le premier président de la Tunisie démocratique effectue jusqu'à jeudi une visite destinée à lever les malentendus créés par le soutien de Paris à l'ancien régime du président Ben Ali et à recadrer les relations bilatérales.

Après un entretien et un déjeuner avec le président socialiste de l'Assemblée Claude Bartolone, Moncef Marzouki s'est livré à un plaidoyer en faveur de l'alliance que son parti de centre-gauche a scellée avec Ennahda.

"On me pose souvent la question: est ce que la Tunisie est tombée dans l'escarcelle de l'islamisme? La réponse est non, la Tunisie est tombée dans l'escarcelle de la démocratie", a-t-il dit, sous les applaudissements nettement plus nourris à gauche qu'à droite.

A propos du parti islamiste, il a souligné que "de la même façon qu'il existe en Occident des chrétiens-démocrates, il y a et il y aura dans le monde arabe des partis islamo-démocrates dont Ennahda n'est que le prototype tunisien". "C'est la force de la démocratie d'avoir su apprivoiser des forces qui lui étaient au départ hostiles", a-t-il argué.

Alors qu'une partie de l'opposition de droite a boudé sa venue, M. Marzouki a rappelé "qu'une fraction de la France officielle avait soutenu, directement ou indirectement, la dictature qui nous a opprimés".

"Mais la partie essentielle de la France, celle des partis et des syndicats, des organisations de la société civile, la France des médias, des intellectuels et des simples citoyens, la France qui m'a donné asile, ne nous a jamais fait défaut et nous a soutenus autant qu'elle le pouvait", a-t-il ajouté.

L'absence de nombreux parlementaires de droite a toutefois été critiquée, le chef de file des députés PS Bruno Le Roux fustigeant leur "inélégance".

"Amour réciproque"

Moncef Marzouki s'est aussi exprimé en l'absence du ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, retenu au Sénat, et du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, qui l'a toutefois reçu en début de soirée à Matignon.

A l'occasion de cet entretien de 45 minutes, les deux dirigeants sont convenus de créer "un groupe d'impulsion économique" qui aura pour objectif "d'aider la transition en cours" en renforçant l'implication des entreprises françaises, a indiqué l'entourage de M. Ayrault.

Si aucune date pour la création de ce groupe n'a été avancée, "l'idée est d'aller vite car les autorités tunisiennes veulent montrer à la population que la révolution débouche sur des résultats concrets", a fait valoir Matignon.

A l'Assemblée, en accueillant M. Marzouki, le président socialiste Claude Bartolone a, lui, souligné que "l'islam et la démocratie peuvent et doivent se conjuguer", tout en prévenant que la France resterait "vigilante" sur le respect de "la liberté d'expression et des droits des femmes" en Tunisie.

Rappelant être le deuxième président de l'Assemblée, après le gaulliste Philippe Seguin, à être originaire de Tunis, M. Bartolone a célébré "l'amour réciproque entre nos deux pays".

Les députés n'avaient accueilli aucun autre responsable étranger depuis José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, en 2006.

Parmi les 17 dirigeants étrangers qui se sont exprimés devant les députés sous la V République figurent le président américain Bill Clinton, le roi Hassan II du Maroc, ou encore le chancelier allemand Gerhard Schröder et le président algérien Abdelaziz Bouteflika.

Dans la matinée de mercredi, le président tunisien avait été reçu pendant trois quarts d'heure à l'Hôtel de Ville par Bertrand Delanoë, le maire socialiste de Paris, lui aussi natif de Tunisie.

La veille, France et Tunisie avaient affiché leur volonté de nouer de nouvelles relations lors de la rencontre de Moncef Marzouki avec François Hollande -un entretien suivi d'un dîner de travail-.

La visite de M. Marzouki s'achève jeudi par un déplacement à Marseille.

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