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Action publique : les départements chargent l'Etat

Claudy Lebreton, au centre, président de l'ADF, le 15 septembre 2008 à Paris [Lionel Bonaventure / AFP/Archives] Claudy Lebreton, au centre, président de l'ADF, le 15 septembre 2008 à Paris [Lionel Bonaventure / AFP/Archives]

Enthousiastes, "fiers" de ce qu'ils font, les présidents de conseils généraux sont les premiers à reconnaître que "quelque chose ne va pas" dans l'action publique en France mais pointent du doigt le plus souvent l'Etat central qui mettrait son nez partout.

En pleine préparation d'une troisième réforme de la décentralisation cet automne, censée "clarifier" les compétences de chacun des échelons (communes, intercommunalités, départements, régions), les représentants des 101 départements français, dont 61 de gauche, réunis en congrès pour deux jours à Metz, se savent dans le viseur.

Des politiques - dernier en date, l'UMP Bruno Le Maire - réclament carrément la suppression de cet échelon qui distribue 35 milliards d'euros par an d'aides sociales, construit et entretient collèges et routes, assure le transport scolaire...

D'emblée, le politologue Roland Cayrol a mis les pieds dans le plat. "Les Français sont un peu désorientés par le millefeuille, la plupart ne savent pas très bien qui fait quoi" et ignorent que "les collectivités territoriales font un effort d'investissment public beaucoup plus important qu'au niveau national" (70% du total).

Alors que l'argent public manque, "les Français attendent aussi de vous une espèce d'humilité", les a-t-il avertis. "Il nous faut être économe des deniers publics, plus que jamais", s'est engagé Claudy Lebreton (Côtes d'Armor), président de l'Association des départements de France (ADF). Christophe Béchu (Maine-et-Loire, UMP), lui, en a "plus que ras-le-bol d'entendre que le nombre de collectivités locales serait une source de gabegie".

De droite comme de gauche, ces élus défendent la pertinence du découpage territorial actuel. "L'erreur serait de ne pas confirmer le département comme cadre d'une solidarité entre les territoires, les individus, les générations", a affirmé l'hôte du congrès, Patrick Weiten (Moselle, centre droit). François Hollande a déjà dit que telle n'était pas son intention.

"Doublon partout" avec l'Etat

Clivage en revanche sur les régions. Comme d'autres collègues de son camp, Bruno Sido (UMP, Haute-Marne), veut garder les départements mais prône "moins de régions, qui se tournent davantage vers l'Europe plutôt que de regarder vers le canton". Avec l'échelon supérieur, "on se marche sur les pieds, on dépense trop à faire la même chose", a abondé Eric Doligé (Loiret).

Discrétion à gauche sur ce point, où l'on se félicite d'abord, avec Marie-Françoise Pérol-Dumont, l'une des cinq femmes seulement à diriger un département, que les collectivités territoriales aient "cessé d'être stigmatisées" par le pouvoir central depuis le renversement de majorité dans le pays.

Tous se plaignent en revanche d'un Etat-parasite. "Nous sommes le seul pays d'Europe qui a gardé des services de l'Etat déconcentrés pour les compétences transférées" aux collectivités locales, alors "on doublonne partout", a protesté Yves Krattinger (PS), cheville ouvrière des états généraux de la démocratie territoriale, à venir en octobre.

L'Etat "tend la sébille aux départements quand il s'agit de faire une 2x2 voies" (Pérol-Dumont). Surtout c'est lui qui, au lieu de déléguer, continue d'édicter les normes et de vérifier leur application à tout projet. De sorte qu'à Chaumont, a raconté M. Sido, "on attend qu'un grand manitou parisien" condescende à donner son feu vert à la mise en service d'une déviation.

En même temps, tous les patrons de département veulent continuer à s'occuper aussi de développement local et économique, quand bien même les régions sont chefs de file en la matière. "Sans le département de Moselle, le projet Terra Lorraine n'aurait jamais vu le jour", argumente M. Weiten. Cette vaste plate-forme d'échanges de productions européennes et chinoises, qui s'exporteraient dans les deux sens, doit procurer 3.000 emplois dans un premier temps.

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