En direct
A suivre

Anne Hidalgo : "C'est un vrai marathon"

Anne Hidalgo, candiate PS à la mairie de Paris Anne Hidalgo, candiate PS à la mairie de Paris[J.Witt/SIPA pour Direct Matin]

De septembre 2012 à aujourd’hui, Anne Hidalgo, première adjointe de Bertrand Delanoë, a mené une campagne de longue haleine à Paris. Alors que celle-ci touchera bientôt à sa fin, la candidate PS à la mairie tiendra ce jeudi son dernier meeting dans le gymnase Cévennes (15e) avant le premier tour de scrutin dimanche.

 

Quel est votre état d’esprit avant ce premier tour ?

J’ai le sentiment d’avoir donné tout ce que j’avais à donner dans cette campagne. J'ai réussi à construire autour de moi un large rassemblement, un projet ambitieux pour Paris. Je reste concentrée sur l’objectif de cette élection, qui est de convaincre jusqu'au bout les Parisiens que l'enjeu est l'avenir de notre ville. Bien sûr, il y a toujours une part d’inquiétude dans l’attente du résultat. Rien n'est jamais acquis. J’espère que le verdict des urnes sera à la hauteur de toute cette énergie, de toute ma force de conviction ainsi que celles de mes têtes de listes, candidats, militants, volontaires. Ils font un travail formidable.

 

Vous avez mené une campagne de longue durée durant 18 mois, c’est rare pour des municipales. Il fallait autant de temps pour espérer convaincre les Parisiens ?

C'est un vrai marathon ! J’ai travaillé durant treize ans comme première adjointe et je voulais aller à la rencontre des Parisiens dans une autre démarche, celle de candidate. Il fallait donc prendre ce temps-là, écouter, s'inspirer, travailler, proposer. Nous avons élaboré un projet avec plus de 2.000 personnes dans le cadre de l’association Oser Paris. J'ai rassemblé les socialistes, les communistes et les radicaux de gauche pour construire les conditions d’un rassemblement d’une gauche qui s’assume. J'ai aussi tenu à ce que notre rassemblement s'ouvre aussi à d’autres Parisiens. Aux humanistes comme Dominique Versini, aux centristes comme Jean-François Martins, à des écologistes comme Génération Ecologie et des  élus d’EELV qui m’ont rejoints. Paris devait être pris en considération dans toute sa diversité, sa complexité, sa subtilité, sans brutalité ni arrogance. Je ne regrette vraiment pas d’être partie en campagne aussi tôt. Aujourd'hui, je mesure le chemin parcouru.

 

Ces derniers jours il y a eu quelques passes d’arme avec EELV, ne regrettez-vous pas que le parti n’ait pas fait campagne à vos côtés avant le premier tour ?

Je respecte son choix. Nous avons des différences, mais ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous sépare. Je porte depuis longtemps une conviction écologique et j'ai porté le Plan Climat de Paris. La qualité de l’air est un élément de santé publique sur lequel je ne veux pas transiger et j'assume ma radicalité contre le diesel et pour des modes de transports écologiques pour tous.

 

Comment peut-on aller plus loin dans la lutte contre la pollution ?

Il faut du concret et je suis une écologiste pragmatique. Je veux éradiquer le diesel à Paris.  Il faut développer les transports non-polluants : je veux boucler le tramway des Maréchaux, automatiser la ligne 4 et prolonger la ligne 10, comme la 14 pour soulager la ligne 13.
Je fais le pari de l’électrique. Il faut amplifier le dispositif Autolib’ dans tout le Grand Paris. Concernant la voiture électrique, je veux équiper massivement Paris en bornes de rechargement. Je veux encourager à l’utilisation de ces véhicules propres, en offrant par exemple un an d’abonnement gratuit à Autolib’ aux jeunes conducteurs. Je me suis aussi engagée à ce que le rechargement soit gratuit sur les bornes électriques la nuit, comme à ce que les véhicules électriques puissent emprunter les voies réservées aux bus, taxis et véhicules prioritaires.

 

Vous voulez également pousser cette technologie pour les deux-roues...

Je veux en effet rendre électrique une partie des Vélib' et lancer Scootlib', des scooters électriques en libre-service, en travaillant avec les associations de motards pour veiller aux conditions de sécurité. Je veux soutenir la pratique du vélo, avec de nouveaux axes pour traverser notre ville et les communes voisines. Je proposerai la mutualisation des places de stationnement publiques et privées et  développerai des applications pour guider les automobilistes vers les places libres.

 

Anne Hidalgo.

Photo
ci-dessus
"Je veux avoir un dialogue avec les Parisiens bien au delà de cette élection."
 

Craignez vous une forte abstention ?

Il y a toujours ce risque. Nous vivons une crise démocratique, une crise de confiance. Sur le terrain, j’ai entendu parfois de la colère, de la déception, de la part de certains qui pourraient être tentés par l'abstention. J'ai aussi rencontré des Parisiens qui veulent faire bouger leur ville. Or, je considère que le droit de vote est un pouvoir pour agir. Le local est très différent du national, car la proximité permet de connaître ses élus, de les interpeller. C'est d'ailleurs ce qui fait la vitalité démocratique de notre ville et je souhaite encore plus donner la parole aux Parisiens avec ma proposition de budget participatif. Chaque année, ce sont 71 millions d’euros dont l'affectation sera décidée par les Parisiens. Soit plus de 420 millions à la fin du mandat !  Ce n'est pas négligeable. C’est aussi une façon de dire aux Parisiens qu'ils ont le pouvoir de décider... Je veux avoir un dialogue avec eux bien au-delà de l'élection.

 

Vous êtes aussi candidate dans le 15e, pensez-vous pouvoir faire basculer cet arrondissement qui est un bastion de la droite ?

Comme disait Jacques Chirac : "ce n’est pas dans la musette !", mais je sens les choses bouger. C’est un arrondissement où je vis depuis trente ans, où j’élève mes enfants. Je suis déterminée, je pense bien l’incarner et le représenter. Mes adversaires de droite ont fait courir le bruit dès 2001 que j'allais quitter le 15e : il n'en a rien été. J’espère vraiment que le 15e m’aimera autant que je l’aime.

 

Côté programme, le logement restera-t-il votre priorité principale ?

Nous avons financé 70.000 logements sociaux entre 2001 et 2014, dont plus d'un tiers pour les classes moyennes et les jeunes actifs, et notre cap de 20% de logements sociaux à Paris a été tenu. Je veux poursuivre cet effort : je me suis engagée à créer 10.000 nouveaux logements par an et à atteindre l’objectif de 30% de logements sociaux d’ici à 2030. Je m'engage aussi à transformer 200.000 m² de bureaux obsolètes en logements, qui sont en nombre importants dans le centre de Paris. Je veux proposer des solutions concrètes pour des logements abordables. C'est le sens du pacte Logement pour tous que je veux nouer avec les professionnels du secteur immobilier. Je créerai ainsi une agence public/privé Multiloc qui facilitera la mise sur le marché de logements vacants. Je propose d'offrir des garanties aux propriétaires sur les loyers ou la remise en état des logements, en contrepartie d'un loyer modéré.

 

Et côté sécurité, quels seront vos objectifs ?

La sécurité est un droit pour tous. Il faut plus de policiers à Paris : le gouvernement Sarkozy en a supprimé 1.500 entre 2009 et 2012. La tendance s'est inversée en décembre dernier, quand 332 nouveaux policiers ont intégré les commissariats parisiens. Les faits sont là ! Je reste convaincue que nous n’avons pas besoin de police municipale qui serait extrêmement coûteuse. Je préfère que nous continuions à financer 40% du budget de la Préfecture de police. Je veux plus de proximité, avec des moyens à l’échelle des arrondissements, comme les brigades vertes et anti-bruit. Les correspondants de nuit, les éducateurs de rue, les conseils de quartiers doivent nous aider à dresser un diagnostic. Il faut aussi pour les incivilités comme les actes de vandalisme, je souhaite amplifier le principe "Tu casses, tu répares", notamment pour les dégradations de Vélib’. Enfin, concernant la criminalité organisée, comme les réseaux d’exploitation sexuelle ou de mendicité, il faut que la Préfecture amplifie son action avec les professionnels du tourisme, pour les faire chuter.

 

Anne Hidalgo.

Photo
ci-dessus
"L'histoire que j'ai vécue avec Bertrand Delanoë est très rare en politique"
 

Vous avez vécu 13 ans au pouvoir à la mairie de Paris, quels sont les projets dont vous avez été satisfaite ?

Il y en a plusieurs. Dans le 15e, je suis fière d’avoir porté et créé des logements intermédiaires et sociaux malgré l’hostilité du maire d’arrondissement [Philippe Goujon, UMP]. Il y a aussi eu la bataille autour du centre commercial Beaugrenelle. Quand je vois aujourd’hui la réussite à la fois sur le plan architectural et environnemental ainsi que les 1000 emplois créés, je ne boude pas mon bonheur. Enfin, je pense à la place de la République, aux berges de Seine : il a fallu convaincre mais les derniers pics de pollution montrent que ça méritait qu’on transpire comme on a transpiré pour rendre ce corridor écologique qu’est la Seine à la promenade et aux piétons. La liste est encore longue ! Comment ne pas évoquer le 104 et tous ces équipements qui ont vu le jour dans les quartiers : les crèches, les bibliothèques, les piscines, les écoles, que nous avons construites. Plus de 1000 immeubles ont été sortis de l'insalubrité...

 

Que souhaitez-vous à Bertrand Delanoë pour la suite ?

Notre histoire est très rare en politique. C’est d’abord une affection, une amitié, une admiration. Je lui souhaite du bonheur et j’espère qu’il continuera à éclairer la vie politique de notre pays, même si son souhait est de prendre du recul. Je sais que notre amitié ne s’arrêtera pas au mois d’avril.

 

A lire sur les municipales à Paris :

Anne Hidalgo veut faire nager Paris

NKM veut faire mentir les sondages

A Paris, le FN vise des sièges dans cinq arrondissements 

Municipales : les 15 chiffres à avoir en tête  

Combien les élections municipales coûtent à l'Etat ?

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités