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Tout savoir sur la taxe «robots»

Selon un récent rapport de l’OCDE, 9 % des emplois seraient menacés par la robotisation dans les pays développés à l’horizon 2025. Selon un récent rapport de l’OCDE, 9 % des emplois seraient menacés par la robotisation dans les pays développés à l’horizon 2025. [JOSEP LAGO / AFP]

L’une des propositions phares de Benoît Hamon, candidat PS à la présidentielle, consiste à instaurer une taxe sur les robots afin d’anticiper la raréfaction du travail engendrée par la révolution numérique. Décryptage d'une mesure sans précédent.

Qu’est-ce que c'est ?

Benoît Hamon entend créer une «contribution sociale sur les robots» destinée à financer le revenu universel et permettant de compenser la perte de travail consécutive à l’automatisation des tâches. En effet, lorsqu’un salarié est remplacé par une machine, «la richesse créée bénéficie essentiellement aux actionnaires», c’est-à-dire au capital, rappelle le candidat. Selon lui, il faut donc taxer cette richesse «en appliquant les cotisations sociales sur l’ensemble de la valeur ajoutée, et non plus seulement sur le travail» (à savoir les salaires). En d’autres termes, considérer le robot comme un véritable salarié.

Raillée par les socialistes lors de la primaire, décriée par la droite, la «taxe robots» n’a pourtant rien d’une proposition dans le vent. Preuve en est : dans une interview publiée le 16 février dernier, même le fondateur de Microsoft, Bill Gates a jugé qu’«un robot qui détruit un emploi devrait être taxé», et ce, afin de financer les politiques sociales.

Quelle en est l’origine ?

Si le concept revient sur la table en cette campagne présidentielle hors du commun, elle n’est en rien nouvelle. «Dès le XIXe siècle, des penseurs avançaient l’idée de taxer le travail mécanique», rappelle Nicolas Matyjasik, coordinateur du projet de Benoît Hamon. Ce dernier s’est largement inspiré de l’eurodéputée luxembourgeoise socialiste Mady Delvaux qui, le 15 février dernier, a fait adopter par la commission juridique du Parlement européen un rapport établissant un cadre légal en matière de robotique. Si la partie sur l’instauration d’une «taxe robots» a, elle, été rejetée, c’est la première fois qu’une institution politique se penche sur la question du statut des machines.

Robots, mais quels robots ?

Selon un rapport de l’OCDE publié en 2016, pas moins de 9 % des emplois seraient menacés par la robotisation dans les pays développés à l’horizon 2025. Par robotisation, on entend toutes les formes d'automatisation du travail par le biais d'une machine ou d'un logiciel. A plusieurs reprises, Benoît Hamon a illustré son propos en prenant l'exemple des supermarchés, où les caissières sont d'ores et déjà remplacées petit à petit par des caisses automatiques, qui permettent aux clients de scanner eux-mêmes leurs achats.

Quelles en sont les critiques ?

Certains économistes et détracteurs politiques ont émis des doutes sur le bien-fondé de la proposition de Benoît Hamon. Au micro d’Europe 1, le président de Robopolis et spécialiste de la robotique, Bruno Bonnell, a jugé une telle taxe «ridicule», avançant que «les fabricants vont vendre les robots plus cher» et les clients «payer plus cher».

«Taxer les robots risque de détruire plus d’emplois que la mesure peut en créer», estime quant à lui Emmanuel Buisson-Fenet, professeur en classe préparatoire aux grandes écoles, dans les colonnes du Monde. Selon lui, alors que les entreprises robotisent les tâches pour gagner en compétitivité, la taxation des machines les pénaliserait face à la concurrence.

L’exemple allemand vient également remettre en question le projet d’une «taxe robots». Outre-Rhin, on dénombre 170 robots pour 10.000 employés, contre 136 dans l’Hexagone. Or, le taux de chômage y est d’environ 6 %, contre 10 % en France. Des chiffres qui révèlent que la généralisation de la robotisation n’est pas nécessairement synonyme de destructions d’emplois.

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