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Aids 2022 : la conférence mondiale sur le VIH s'ouvre aujourd'hui, la lutte contre le sida freinée par plusieurs crises

Quelque 650.000 personnes sont mortes du sida en 2021. Cela représente un décès par minute. [JUSTIN SULLIVAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP]

La pandémie de Covid-19 et les multiples crises mondiales ont mis un coup de frein à la lutte contre le sida. L'Onusida tire la sonnette d'alarme dans un rapport publié à l'occasion de la Conférence internationale Aids 2022, qui s'ouvre aujourd'hui au Canada.

«Danger» : constitué de ce seul mot, le titre du rapport annuel de l'Onusida, le Programme commun des Nations unies sur le VIH/sida, résume à lui seul la situation sur le front de la lutte contre le VIH. Publié à l'occasion de la Conférence internationale sur le sida, Aids 2022, qui s'ouvre aujourd'hui au Canada, le document est une «alerte rouge». Il souligne le fait que la pandémie de Covid-19 et les autres crises mondiales actuelles ont «fait reculer la réponse du monde face à la pandémie de sida».

La dernière édition en présentiel de la Conférence internationale sur le sida, organisée tous les deux ans, remonte à 2018, à Amsterdam. Entre-temps, le monde a connu de nombreux bouleversements, qui n'ont pas été sans conséquence. L'année dernière, les nouvelles infections au VIH ont certes continué de baisser, à -3,6 % par rapport à 2020, mais il s'agissait de la plus petite réduction depuis 2016. Le rapport est catégorique : «les crises multiples et simultanées ayant secoué le monde» ces deux dernières années ont «eu un impact dévastateur sur les personnes infectées par le VIH».

Le Covid-19 a notamment perturbé l'accès aux traitements et aux services de prévention. La guerre en Ukraine et la crise économique en résultant ont de leur côté provoqué des assèchements ou redirections de fonds. Résultat : le nombre de personnes séropositives ayant accès à un traitement a bien continué d'augmenter en 2021, mais seulement de 1,47 million, contre 2 millions les années précédentes. Soit la plus petite augmentation depuis 2009.

Les populations les plus fragiles ont été les plus touchées par ces difficultés. Selon la directrice exécutive de l'Onusida, Winnie Byanyima, «dans certains pays, ce sont les pauvres qui manquent d'accès. Dans d'autres, ce sont les minorités ethniques, comme en Grande-Bretagne, où la réduction des nouveaux diagnostics est plus importante pour les personnes blanches que noires».

Quelque 650.000 personnes sont mortes du sida l'année dernière. Cela représente un décès par minute. Plus de 4.000 personnes ont par ailleurs été infectées chaque jour en 2021, soit un total d'environ 1,5 million de nouvelles infections sur l'année. Les chiffres montrent que sur ce point les jeunes femmes et adolescentes sont particulièrement touchées, avec une contamination toutes les deux minutes.

«Ramener le VIH sur les écrans radars»

L'écart d'accès aux traitements entre les enfants et les adultes, qui se creuse, est une autre source d'inquiétude. L'an dernier, 70 % des adultes vivant avec le VIH recevaient un traitement antirétroviral, contre seulement 41 % des enfants. Cela revient à dire qu'environ 800.000 de ces derniers n'étaient pas traités.

Ce, alors même que les enfants représentaient 4 % de la population séropositive en 2021 et 15 % des décès liés au virus. Selon le rapport, les populations les plus à risque restent toutefois les personnes s'injectant des drogues, les travailleuses du sexe et les hommes gays.

A ces données inquiétantes vient s'ajouter le fait que les ressources internationales disponibles pour lutter contre le VIH reculent. Elles étaient 6 % moins généreuses en 2021 qu'en 2010. Pourtant, pour tenir l'objectif de mettre fin à l'épidémie de sida d'ici à 2030, il est nécessaire d'engager des fonds supplémentaires dès aujourd'hui, plaide l'Onusida.

Face a ce ralentissement général, le directeur de l'Institut national américain des maladies infectieuses, Anthony Fauci, estime qu'une certaine lassitude est peut être en cause. «Avec une maladie que nous avons combattu ensemble depuis maintenant plus de quarante ans, cela rend difficile de maintenir la motivation», développe-t-il.

Sans compter qu'avec l'irruption du Covid-19 et, plus récemment, de la variole du singe, «les gens se retrouvent épuisés face aux épidémies et pandémies, donc je pense que notre défi est de nous battre deux fois plus pour ramener le VIH sur les écrans radars». Sur la même longueur d'onde, Winnie Byanyima appelle les dirigeants à ne pas prendre ce rapport comme «une admission d'échec» : au contraire, «c'est un appel à l'action».

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