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Tuberculose : pourquoi la hausse des cas inquiète

Selon les spécialistes, si la situation ne s'améliore pas, la tuberculose pourrait s'avérer être plus meurtrière que le Covid-19, dans les mois à venir. [NOAH SEELAM / AFP]

La pandémie de Covid-19 a eu un effet dévastateur sur la lutte contre la tuberculose, ralentissant son diagnostic et son traitement. La maladie, due à un bacille qui atteint le plus souvent les poumons, progresse à nouveau au niveau mondial et inquiète les scientifiques.

Des cas en cascade et des questions. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a récemment mis en garde contre une progression de nouveaux cas de tuberculose pour la première fois depuis plus de vingt ans. 

En 2021, 10,6 millions de personnes ont développé cette maladie, soit une augmentation de 4,5 % en un an. Les décès sont eux aussi en hausse depuis 2019, s’établissant à 1,6 million en 2021, soit +14 %. La maladie, qui se transmet aussi bien aux enfants qu'aux adultes, est causée par une bactérie qui s’attaque principalement aux poumons et se transmet par projection de bacilles dans l’air, en toussant notamment.

La personne infectée n'est pas malade, ne présente aucun symptôme et n'est pas contagieuse. La tuberculose se déclenche chez les personnes infectées ayant un système immunitaire affaibli, comme les malades du Sida, mais pas exclusivement. C'est l'une des maladies les plus meurtrières à l’échelle mondiale, et la première cause de mortalité chez les personnes vivant avec le VIH.

Des formes résistantes

Les cas de tuberculose ont ainsi été dopés par le Covid-19 et ses confinements et, selon l'évaluation de l'OMS, la pandémie de coronavirus continue d’avoir un impact négatif sur l’accès au diagnostic et au traitement de la tuberculose. Les progrès réalisés depuis 2019 ont ralenti, se sont arrêtés ou se sont inversés. Selon les spécialistes, la tuberculose pourrait même s'avérer être plus meurtrière que le Covid-19, dans les mois à venir.

Plus inquiétant encore, les traitements non ou mal suivis, dus à un accès aux soins plus compliqué pendant la pandémie, ont entraîné une forme pharmacorésistante de la maladie, s'alarment les médecins et les autorités sanitaires. En clair, ils se retrouvent aux prises avec des formes de tuberculose que les traitements standards peinent à guérir. Pour y parvenir, «les soins sont plus lourds et demandent une vigilance importante», explique Christian Lienhardt, médecin épidémiologiste spécialiste des maladies infectieuses et tropicales, cité par Le Parisien.

Autre facteur qui explique cette explosion des cas de tuberculose, l'OMS indique que les conflits en cours en Europe de l'Est, en Afrique et au Moyen-Orient «ont aggravé davantage la situation des populations vulnérables». L'institution a par ailleurs pointé une baisse des dépenses mondiales consacrées aux services essentiels de lutte contre la tuberculose, passant de 6 milliards de dollars en 2019 à 5,4 milliards en 2021. C'est moins de la moitié de la cible mondiale, qui est fixée à 13 milliards par an.

En France, les éléments principaux de la lutte antituberculeuse restent l'identification rapide des cas et le traitement des infections tuberculeuses latentes identifiées, complétés par la vaccination BCG, qui protège surtout contre les formes graves chez l'enfant. «Si la pandémie de Covid-19 nous a appris quelque chose, c'est que la solidarité, la détermination, l'innovation et l'utilisation équitable des outils nous permettront de surmonter de graves menaces pour la santé. Appliquons ces enseignements à la lutte contre la tuberculose», a résumé et exhorté Tedros Adhanom Ghebreysus, directeur général de l'OMS.

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