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Chlordécone : des manifestants en Martinique dénoncent un «fort sentiment de mépris à l’égard des peuples empoisonnés»

Illustration Martinique Chlordécone Les Antilles détiennent le triste record du taux de cancer de la prostate le plus élevé au monde. [Lionel CHAMOISEAU / AFP]

Plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés à Fort-de-France, ce samedi 10 décembre, pour dénoncer le non-lieu requis par le parquet de Paris dans le dossier du chlordécone.

Depuis deux semaines et l’annonce des réquisitoires, les manifestations et rassemblements se multiplient en Martinique. Ce samedi 10 décembre, 800 personnes, selon la police, ont manifesté à Fort-de-France pour dénoncer le non-lieu du parquet de Paris dans le dossier des plaintes pour l'empoisonnement des Antilles au chlordécone. Les manifestants et élus ont évoqué un risque de «déni de justice».

Utilisé dans les bananeraies pour lutter contre le charançon, ce pesticide toxique a été autorisé en Martinique et en Guadeloupe jusqu'en 1993, sous dérogation, quand le reste du territoire français en avait interdit l'usage. Il n'a été banni des Antilles que 15 ans après les alertes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Le cancer de la prostate reconnu comme maladie professionnelle 

Selon un rapport publié le 6 décembre par l'Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES), près de 90% des populations de Martinique et de Guadeloupe sont contaminées au chlordécone. 14% des Guadeloupéens et 25% des Martiniquais ont présenté une chlordéconémie trop importante, soit un taux de chlordécone trop élevé dans le sang.

Les Antilles détiennent le triste record du taux de cancer de la prostate le plus élevé au monde. Depuis le 22 décembre 2021, il a été reconnu comme maladie professionnelle, ouvrant la voie à une indemnisation pour les ouvriers agricoles.

«Je suis guéri du cancer du sein et de l’utérus, mais je souffre encore beaucoup», a confié une ancienne ouvrière de vergers de bananiers, Cristiane Césaire. Cette habitante du nord de l'île a perdu son père et ses deux frères, emportés par le cancer de la prostate. Son troisième frère est en cours de traitement pour cette même maladie. Et sa mère est décédée des suites d'un cancer du sein et cancer de l'utérus. 

Un élu martiniquais interpelle Emmanuel Macron

«Tout ça est insupportable», a dénoncé Philippe Pierre-Charles, porte-parole du collectif Lyannaj pou dépolyé Matinik. «L’Etat dit qu’il a une part de responsabilité, mais s’il a une part, c’est qu’il y a d'autres personnes qui ont leur part. Qui sont ces personnes? Il faut que la justice passe», a-t-il rapporté.

Les élus martiniquais ne sont pas en reste. Dans un courrier datant du 6 décembre, Serge Letchimy, président du conseil exécutif de la collectivité territoriale de Martinique, a interpellé Emmanuel Macron sur les risques d’un recul historique dans le dossier de l’empoisonnement à la chlordécone. «L’empoisonnement à la chlordécone fait partie de ces affaires, complexes et longues, mêlant responsabilités publiques et privées, recherche de la vérité et quête de la nécessaire réparation», a-t-il déclaré.

Les élus martiniquais ne sont pas en reste. Dans un courrier datant du 6 décembre, Serge Letchimy, président du conseil exécutif de la collectivité territoriale de Martinique, a interpellé Emmanuel Macron sur les risques d’un recul historique dans le dossier de l’empoisonnement à la chlordécone.

«L’empoisonnement à la chlordécone fait partie de ces affaires, complexes et longues, mêlant responsabilités publiques et privées, recherche de la vérité et quête de la nécessaire réparation», a-t-il déclaré. «Les populations ne sauraient se satisfaire de cette situation qui piétinerait la vérité, absoudrait les coupables et mépriserait les victimes», a-t-il ajouté.

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