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Journée mondiale contre le cancer 2024 : quelles sont les nouvelles pistes pour traiter la maladie ?

La lutte contre le cancer est un enjeu de santé publique mondiale, avec pas moins de six décès sur dix causés par cette maladie. [Adobe Stock/catalin]

Ce dimanche 4 février constitue la journée mondiale de lutte contre le cancer. L'occasion de revenir sur les diverses pistes prometteuses pour le traiter, voire le guérir, depuis maintenant 15 ans.

Avec près de 10 millions de décès en 2020 à l'échelle mondiale, soit quasiment un décès sur six, le cancer est l’une des principales causes de mortalité tout pays confondu, fait savoir l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Pour rappel, les cancers sont liés à des erreurs qui s’installent dans l’ADN de certaines cellules, et que l’organisme ne parvient pas à éliminer.

Pour lutter contre ce fléau, des chercheurs de l’ensemble de la planète mènent sans relâche des recherches, avec des avancées majeures, notamment depuis ces 15 dernières années. L’oncologie est d’ailleurs le domaine de la médecine qui progresse le plus vite : les innovations y ont augmenté de 70% depuis 2015, selon l’Office européen des brevets (OEB) 

À l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le cancer, ce dimanche 4 février, nous vous proposons de découvrir quelques-unes des nombreuses pistes prometteuses pour le combattre. 

Un meilleur dépistage 

Les travaux des chercheurs permettent une détection de plus en plus précoce de certains marqueurs cancéreux ou précancéreux, permettant ainsi une prise en charge la plus rapide possible, ce qui s’avère la plupart du temps crucial pour espérer une guérison.

Pour le cancer du pancréas, par exemple, un simple dépistage sanguin est en cours de test. Il reposerait a priori sur l’utilisation d’un test PCR conduit à partir d’un prélèvement de sang du patient, et qui permettrait de détecter la présence éventuelle de séquences d’ADN caractéristiques de ce cancer. 

Une compréhension plus fine de certains processus biologiques 

Bien que toutes les découvertes sur le fonctionnement du cancer n’aient pas encore conduit à des traitements, elles ouvrent néanmoins la voie vers de futures recherches thérapeutiques. Certaines thématiques récurrentes sont ainsi étudiées, notamment l'influence de l’alimentation et du métabolisme dans le développement tumoral. Des études ont également analysé le rôle du cholestérol et de ses dérivés dans le développement du cancer du sein.

D’autres travaux ont pu déterminer la molécule chimique qui entrainait, chez certains patients, le fait qu’ils soient moins répondeurs aux traitements contre le cancer de la prostate. Cela a permis d’imaginer un traitement pour cibler cette molécule et donc bénéficier pleinement du médicament.

Des chercheurs ont enfin déterminé un mécanisme naturel de réparation de l’ADN qui était jusqu’alors resté inconnu et qui, sans nul doute, en cas de dysfonctionnement, pourrait causer certains cancers par mutation de l’ADN. D’où l’utilité de l’étudier plus en profondeur…  

L’essor de l’immunothérapie 

 

Depuis 2010, l’immunothérapie connaît un essor fulgurant avec de plus en plus de patients traités grâce à cette technique, fait savoir l'Inserm. L’avantage principal est qu’elle cible spécifiquement les cellules tumorales et non pas toutes les cellules. Dans la chimiothérapie, par exemple, l’un des effets secondaires majeurs est la destruction des cellules saines, en même temps que sont détruites les cellules malignes.

Concrètement, l’immunothérapie agit sur le système immunitaire d’un patient pour l’aider à lutter contre sa maladie. Elle ne s’attaque pas directement à la tumeur, mais stimule toutes les cellules immunitaires impliquées dans la lutte contre toutes les maladies et donc notamment dans la reconnaissance et la destruction des cellules tumorales.

Dans le même temps, les chercheurs mènent toujours plus de recherches pour perfectionner le dispositif et l’élargir à d’autres cancers. De nombreuses pistes sont explorées, en particulier les microorganismes vivants qui sont capables à la fois de stimuler le système immunitaire et de détruire les cellules cancéreuses en les envahissant.  

La révolution de la thérapie génique  

 

L’idée même de la thérapie génique – qui n’est pas utilisée que pour soigner le cancer – est de pouvoir remplacer des portions d’ADN défaillantes, ou bien d’apporter du matériel génétique supplémentaire à des fins thérapeutiques et donc de cibler spécifiquement certaines cellules.

Pour lutter contre des types de leucémies (cancers du sang) particuliers, les médecins ont obtenu, en 2018, l’autorisation européenne pour utiliser une substance appelée tisagenlecleucel. Dans ce type de cancers, les lymphocytes B, qui sont censés protéger l’organisme, dégénèrent en cellules tumorales.

Pour les éradiquer, le protocole consiste à prélever d’autres lymphocytes, appelés lymphocytes T, directement chez le malade, puis à les modifier, grâce au tisagenlecleucel, afin qu’ils puissent cibler spécifiquement les lymphocytes B tumoraux, sans attaquer les lymphocytes B sains. Il suffit alors de réinjecter les cellules modifiées dans le sang du patient. 

La vaccination



La pandémie de Covid-19 a fait l’objet d’une multiplication de recherches dirigées contre le virus, qui ont par la suite profité au reste de la médecine. C’est ainsi que de nombreux espoirs reposent sur les vaccins à ARN messager (ARNm), à la base de plusieurs des vaccins utilisés contre le Covid-19.

Par ailleurs, des études conduites pour déterminer pourquoi certains patients sont plus susceptibles de tomber malades que d’autres, avaient par exemple mis au jour le rôle d’autoanticorps (anticorps dirigés contre soi) dans le développement du Covid-19 : ceux-ci avaient tendance à bloquer les interférons, des structures agissant comme des barrières contre les infections, qui ne pouvaient ainsi pas empêcher le virus de se développer. Les scientifiques sont présentement en train de vérifier si de tels mécanismes ne pourraient pas également avoir lieu chez des malades du cancer.  

Dans une étude publiée le 9 janvier dans Nature Medicine, des chercheurs expliquent par ailleurs avoir mis au point un produit capable de réparer les mutations d’un gène appelé KRAS, qui sont extrêmement fréquentes dans le cancer du pancréas et favorisent sa dissémination rapidement dans l’organisme. Conduits sur des patients en rémission, mais à fort risque de rechute, les résultats se sont avérés époustouflants : 86% de réussite.  

Outre ces découvertes, ce sont aussi les politiques en santé publique qui pourraient permettre l’éradication de certains cancers, et notamment la vaccination contre certains virus qui peuvent y conduire. En France, le vaccin contre l’hépatite B (virus qui peut causer un cancer du foie) est ainsi obligatoire depuis 2018. Le gouvernement a par ailleurs renforcé la campagne de vaccination contre le papillomavirus (responsable quasi exclusif du cancer du col de l’utérus) chez les adolescentes et les adolescents, avec entre autres la possibilité d’être vaccinés directement dans leurs collèges.

Citée comme modèle, l’Australie avait pour sa part lancé une vaste campagne dès 2007 à destination des filles, mais aussi des garçons, potentiels vecteurs de la maladie, mais aussi victimes. Le pays pourrait, d’après plusieurs estimations, voir le cancer du col de l’utérus disparaître sur son sol d’ici à 2035, tant le nombre de cas a diminué. Et parallèlement, il pourrait réduire la prévalence de nombreux autres cancers, comme ceux du vagin, de la vulve, de l’anus, du pénis, de la cavité orale, de l’oropharynx, et des amygdales, que le virus peut infecter, lors des relations sexuelles.   

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