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Près de 20 % des jeunes estiment que «la science apporte à l’homme plus de mal que de bien», selon une étude

science De la même manière, 69 % des 18-24 ans croient à au moins une théorie alternative. [Julia Koblitz / Unsplash]

Une étude publiée par les fondations Reboot et Jean-Jaurès, réalisée sur un panel de 942 jeunes de profils variés, âgés de 18 à 24 ans, révèle que 17 % d’entre eux considèrent la science comme potentiellement néfaste.

Ils sont trois fois plus nombreux qu’il y a cinquante ans. En 1972, seulement 6 % des jeunes considéraient en effet l’apport de la science sur l’humanité comme étant nocif. A l’inverse, ils étaient 55 % à faire confiance à la science moderne en 1972… et seulement 33 % aujourd’hui.

Cette défiance a été accentuée par la crise sanitaire, terreau de théories complotistes, mais aussi par les réseaux sociaux et notamment TikTok, cible de plusieurs études qui voient en ce réseau social chinois une source problématique de désinformation.

L’influence de la foi

Coauteur de l’étude, François Kraus, directeur du Pôle Politique de l’Ifop, a souligné à Franceinfo que cette remise en cause de la science allait de pair avec «une vision du monde de moins en moins soumise à un cadre intellectuel imposé par des vérités scientifiques établies».

Sur la totalité du panel estimant que la science fait à l’homme «plus de mal que de bien», 39 % sont issus de milieux modestes ou pauvres. Ils sont majoritairement actifs (21%) et parmi ces derniers, essentiellement ouvriers (29 %).

Un fait qui pourrait en partie s’expliquer, selon la fondation Jean Jaurès, par des craintes vis-à-vis du futur de leur métier, tandis que les CSP+ sont nettement moins méfiants (12%).

Les jeunes adoptant la posture la plus critique vis-à-vis de la science sont les musulmans (27 %) et les protestants et évangéliques (24 %), qui voient en la science une possible menace sur leur foi. 21 % des croyants pratiquants, toutes religions confondues, estiment la science nocive.

En termes de couleur politique, les jeunes les plus critiques vis-à-vis de la science sont ceux qui se placent à gauche de l’échiquier (16 % de LFI, 14 % de EELV, 15 % du PS) et les sympathisants du Rassemblement national (20 %).

Décrypter l’information à l’ère des réseaux sociaux

Alors que 69 % des jeunes s’informent via les réseaux sociaux, cette même étude révèle qu’ils sont également 69 % à croire à une théorie alternative au moins (81 % chez ceux qui consultent les réseaux sociaux plusieurs fois par jour).

Des théories comme le créationnisme (27 %), la dangerosité des vaccins (32 %), l’astrologie (49 %) ou l’existence des esprits (48 %) sont partagées. Marginale chez les seniors (3 %), la théorie de la Terre plate convainc davantage de jeunes (16 %). Ils sont surreprésentés chez les utilisateurs de TikTok, Telegram et Youtube.

Plusieurs de ces théories sont corrélées avec le niveau d’études supérieures, précise l’étude : «l’analyse du profil sociologique des jeunes» adhérant à au moins une contre-vérité scientifique «confirme le constat du rapport Bronner, selon lequel ces théories prospèrent sous l’effet de conditions sociales défavorables».

Les plus jeunes seraient ainsi plus sujets que les séniors à la désinformation et aux fake news. «C’est la popularité qui crée la fiabilité», résume François Kraus : 41 % des utilisateurs de TikTok âgés de 18 à 24 ans estiment ainsi plus fiable un influenceur suivi par un nombre important d’abonnés.

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