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Baguette-1 : quel est ce projet de fusée française qui prépare ses premiers tests pour 2026 ?

Cette société a obtenu un soutien financier de 35 millions d'euros de la part de l'Etat, dans le cadre du plan France 2030, soutenu par l'Elysée. [© Hyprspace]

La conquête de l'espace passera aussi par l'usage de fusées modestes pour des missions plus abordables. Et la start-up française HyPrSpace se positionne déjà dans cette course, avec un projet révolutionnaire pour un microlanceur au nom évocateur : OB-1 pour Orbital Baguette One.

«L’espace aujourd’hui, c’est comme l’Internet des années 1990, on sait qu’il va se passer plein de choses». C'est avec ces mots que Sylvain Bataillard, cofondateur et COO d'HyPrSpace, s'enthousiasme pour la nouvelle frontière que représente ce domaine vaste et infini qui s'étire au-delà de notre astmosphère. Avec son projet OB-1, prononcez «Obiwan» en référence au célèbre jedi de Star Wars, mais aussi pour le symbole frenchy Orbital Baguette One, cette start-up bordelaise entend montrer son ambition, avec un microlanceur doté d'une technologie innovante pour répondre à la demande croissante de mise en orbite de satellites.

En décembre dernier, cette société a obtenu un soutien financier de 35 millions d'euros de la part de l'Etat dans le cadre du plan France 2030, soutenu par l'Elysée. De quoi donner un coup de boost à ses recherches avant un premier essai d'ici à 2026. Et si le projet d'HyPrSpace attire tant l'attention, c'est avant tout parce qu'il s'inscrit dans une course mondiale où plus de 250 projets de microlanceurs fleurissent à travers la planète.

Car si les lanceurs imposants portés par l'ESA, Arianespace, SpaceX ou encore, entre autres, par ULA, sont bien connus, les acteurs du secteurs voient également arriver des entreprises privées aux budgets moins conséquents, mais prêtes à expédier de nouveaux appareils en orbites.

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© HyPrSpace

«Le grand public connaît déjà les grosses fusées qui envoient entre 10 et 15 tonnes de charges utiles dans l’espace. Mais ces lanceurs envoient souvent en même temps plusieurs petits satellites lors d'un même voyage en orbite. Malheureusement, les entreprises qui passent par ces engins n’ont pas la main sur le lancement de ces fusées. Elles ne peuvent, par exemple, pas choisir quand le lancement de leur satellite aura lieu», constate pour CNEWS Sylvain Bataillard.

Mais avec la miniaturisation de l’électronique, qui peut peser quelques kilos, le champ des possibles est désormais ouvert et l'espace déjà à la portée d'acteurs plus modestes. «Avec les microlanceurs, 250 kg peuvent être placés en orbite basse. Ici, l’entreprise qui veut envoyer son petit satellite devient le client principal et choisi la date de son lancement», explique Sylvain Bataillard.

Ariane 5 c’est fini, Vega aussi et la collaboration avec le lanceur russe Soyouz est au point mort… Et dans l'attente d'Ariane 6, «l’Europe est privée d’accès à l’espace», souligne-t-il. Avant de poursuivre : «L’Allemagne par exemple doit envoyer un satellite militaire en passant par la société américaine SpaceX. Il y a donc un marché évident». Et pour cause, on estime que plus d'un millier de satellites devraient être lancés chaque année dans le monde dans un avenir proche.

Comme un «taxi»

«La grande majorité des microlanceurs se base sur la même technologie de propulsion liquide avec beaucoup de contraintes techniques et mécaniques. Le tout peut également coûter très cher», constate Sylvain Bataillard. Pour se distinguer sur ce marché émergent, HyPrSpace mise sur une technologie plus simple, avec un architecture brevetée et nettement moins coûteuse.

«Pour comprendre, on peut comparer les lanceurs lourds entre eux et les microlanceurs. Un microlanceur est comme un "taxi" avec un tarif élevé situé actuellement entre 40 à 50.000 dollars le kilos à emporter dans l'espace. Un gros lanceur est un bus avec des tafis inférieurs à 10.000 dollars le kilo. Mais avec notre fusée, nous pourrions proposer un "taxi" autour de 20.000 euros/kg», avance-t-il.

Avec un microlanceur, on ne peut plus faire du jetableSylvain Bataillard, COO d'HyPrSpace

«Avec un microlanceur, on ne peut plus juste faire du jetable, estime ce spécialiste. On va récupérer nos étages de lanceur qui tombent dans la mer. Nous misons surtout sur une propulsion hybride, avec une partie liquide et une partie solide à base de polymère recyclé, une technologie déjà utilisée dans le domaine spatial».

Fin 2023, HyPrSpace a obtenu de nouveaux moyens financiers dans le cadre de France 2030, un plan soutenu par l'Elysée autour de l'innovation scientifique. 35 millions d’euros ont été injectés dans ce projet de fusée. Ce budget doit permettre de lancer début 2024 l'essai du moteur à pleine échelle avec le ministère de la Défense, qui s'est montré intéressé par cette technologie de propulsion.

«Pour l'heure, nous sommes focalisés sur le projet padawan, dont le but est de développer le lanceur suborbital jusqu’à une première démonstration en vol, avec un seul moteur qui ira dans l’espace avant de retomber, et des essais prévus en 2026», estime Sylvain Bataillard.

Pour ce futur lancement, «nous travaillons sur le site de Kourou (Guyane), mais nous nous entretenons aussi avec d’autres pas de tir en Europe, comme en Suède, en Norvège et en Ecosse, pour avoir une possibilité de tirer notre microlanceur. Parallèlement, nous sommes en contact avec des sociétés déjà intéressées par notre solution, car ce qu’ils regardent c’est la facture, et sur ce type d'architecture nous sommes les seuls. L’industrie spatiale va très largement évoluer, avec de la logitisque en orbite, des projets de production. D’un mois à l’autre il y a beaucoup d’annonces, la concurrence est ouverte en Europe sur le spatial. Il faut être attentif et mobile, mais on ne sait pas encore vraiment comment ça va se structutrer, y aura-t-il des "gros" qui font tout ou bien comme dans l’aviation plusieurs acteurs qui interviennent dans différents secteurs comme les moteurs, les châssis... ?», conclut-il.

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