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Et si Laurent Blanc s'inspirait du coach italien ?

Arrivé à la tête de l'équipe d'Italie après le désastre sportif du Mondial 2010, Cesare Prandelli a su remettre la Squadra Azzura sur les bons rails pour la mener en demi-finale de l'Euro. Voire mieux...[AFP]

Propulsé à la tête d’une sélection italienne au fond du gouffre en 2010, Cesare Prandelli a imposé sa vision du football, du comportement humain des joueurs et du rapport avec le public pour renouer le lien entre la Squadra Azzurra et ses supporters. Une formule qui a fonctionné et mené l’Italie en demi-finale de l’Euro, où elle affrontera ce soir l'Allemagne. Et si l’équipe de France s’en inspirait ?

 

Il y a des 0-0 qui redonnent goût au football. Angleterre-Italie en quart de finale de l’Euro 2012, par exemple. Devant lequel on n’a pas pu s’empêcher de vibrer, surtout pour ces Italiens superbes de volonté et qui auront bien mérité leur qualification aux tirs au but. L’architecte de cette Squadra Azzurra retrouvée ? Cesare Prandelli, 54 ans ans, ancien entraîneur, entre autres, de Parme ou de la Fiorentina. Arrivé à la tête de la sélection après un naufrage lors du Mondial 2010, à l’image de Laurent Blanc avec l’équipe de France. Si Prandelli n’a pas eu à gérer un désastre d’image de la magnitude de celui de Knysna, l’ancien partenaire de Michel Platini à la Juventus Turin devait tout de même reconstruire sur un tas de cendres sportives équivalent à celui des Bleus : deux nuls face au Paraguay et à la Nouvelle-Zélande et une défaite contre la Slovaquie pour la dernière place de son groupe au Mondial. 

Quatre ans après le sacre planétaire de 2006, obtenu avec une victoire sur la... France, l’Italie se trouvait en panne de relève, avec une génération championne du monde vieillissante et un style de jeu trop dépassé pour espérer rivaliser avec l’Espagne ou l’Allemagne. Alors Prandelli opte pour la formule radicale. Le foot italien est à dérive et Cesare est là pour le reconstruire. Sur le pré comme en dehors. « Quand j’ai été nommé à ce poste, j’ai estimé qu’obtenir des résultats n’était pas la priorité, explique-t-il aujourd’hui. Pour moi, il fallait d’abord rapprocher l’équipe des gens. » Avec un principe exposé dès son arrivée à ce poste : « Nous serons une sélection qui a le sourire.  » Et son adjoint, Gabriele Pin, de préciser : « Cesare veut absolument que tous les Italiens puissent se retrouver dans l’équipe nationale. Ici, c’est particulièrement difficile. Les rivalités et les disparités régionales sont fortes. »

Sorties inattendues pour ancrer son groupe dans le réel

A l’époque, Prandelli préfère même faire dans la prévention : « L’Italie doit avant tout apprendre à perdre ». Pour renouer le lien avec le public, la sélectionneur multiplie les villes dans lesquelles se déplace la Squadra Azzura. Et organise des sorties inattendues. En septembre, à la veille d’un match décisif face à la Slovaquie pour les qualifications de l’Euro, il remplace la traditionnelle mise au vert par une visite de son groupe aux détenus de la plus grande prison de Florence. En novembre, avant une rencontre amicale face à l’Uruguay, il fait conduire le bus de l’équipe jusqu’à la petite ville de Rizziconi, dans la province de Reggio de Calabre, pour un entraînement en public sur une pelouse confisquée à la ‘Ndrangheta, la mafia locale. 

Des anecdotes qui racontent un sélectionneur très attaché au comportement de ses joueurs. A ne pas les voir trop s’éloigner de la vie réelle malgré la bulle dans laquelle vivent souvent les footballeurs modernes. Au point de mettre en place, dès son arrivée sur le banc de la sélection, un code éthique obligeant les joueurs à bien se tenir sur comme en dehors du terrain (Balotelli et De Rossi ont notamment été dans son viseur pour ne pas l'avoir respecté). « Il a commencé à jouer à une époque où les joueurs n’étaient pas dans leur monde mais ancrés dans la réalité. En dehors de l’entraînement, il traînait au bar, comme tout le monde », raconte Giancarlo Finardi, son ancien coéquipier au club de la Cremonese dans les années 70, dans les colonnes de So Foot. Ancien enfant de choeur et scout, amateur d’art moderne, détenteur d’un diplôme de géomètre, celui qui avait démissionné du poste d’entraîneur de la Roma en 2004 juste après sa signature pour soutenir son épouse atteinte d’un cancer (et décédée depuis) existe en dehors du ballon rond et tente de rapprocher ses joueurs de cette normalité. « Le football n’est pas à côté de la vie », aime-t-il répéter.

Des paris dans le choix des joueurs

Côté jeu, Prandelli a aussi posé sa griffe sur la Squadra Azzurra : toujours une solide assise défensive, éternelle marque de fabrique italienne, mais avec une volonté de présenter un visage offensif plus spectaculaire basé sur des dédoublements, une possession de balle dynamique, un milieu de terrain très technique et adroit et des attaquants mobiles. « Depuis son arrivée, l'Italie n'est plus très italienne », s'amuse le capitaine Gianluigi Buffon. Disciple de Giovanni Trapattoni et d’Arigo Sacchi, le sélectionneur transalpin distille un romantisme nimbé d'une nécessaire base de pragmatisme. Capable de s'adapter et de revoir ses ambitions offensives à la baisse quand la situation le réclame, comme face à l'Espagne lors du premier tour de cet Euro (1-1). La rigueur, toujours, mais sans oublier le plaisir, surtout. « Si c’est une révolution, nous n’en sommes encore qu’au début, explique l'intéressé. Mais nous avons le devoir d’essayer. Les jeunes générations veulent voir un foot offensif, pas des équipes obsédées par le résultat dès la première minute. Aujourd'hui, les équipes qui gagnent sont celles qui osent attaquer. » Une philosophie dont feraient bien de s'inspirer certains... Et qui se retrouve jusqu'à la sélection des troupes

Avec des choix de joueurs parfois controversés, dont certains mis à l’écart par ses prédécesseurs, privilégiant des profils présentant un mariage de talent, bon état d’esprit, envie, fraîcheur et expérience. Quitte à écarter certains ou à tenter de véritables paris (deux joueurs de... Serie B, l’équivalent de la Ligue 2, faisaient partie des présélectionnés pour cet Euro). A continuer de donner sa chance, aussi, à un Mario Balotelli pétri de talent mais si fantasque que beaucoup aimeraient le voir sortir du onze titulaire. « J’ai essayé de transmettre à Cesare deux choses,  se souvient Mino Favini, référence dans la formation avec qui il a débuté sa carrière de technicien auprès des jeunes de l’Atalanta Bergame. La première, c’est qu’il est fondamental de faire confiance aux jeunes. La seconde, c’est que le plaisir est parfois plus important que les résultats. » 

Il a déjà réussi son pari

Les larmes vues sur certains visages au moment de l’hymne national, en quart de finale, symbolisaient bien cette recherche de troupes impliquées dans l’amour du maillot et de la sélection. En alliant l'insouciance et l’envie de bien faire à l’expérience de quelques cadres toujours verts sur le pré, à l’image de Gianluigi Buffon et Andrea Pirlo, Cesare Prandelli a déjà réussi son pari. Après une des meilleure campagne de qualification de ces 20 dernières années, auréolée d'une victoire sur l'Espagne championne du monde en amical l'été dernier, il a mené l’Italie en demi-finale de l’Euro. Une Squadra Azzurra soudée par les affaires de corruption ayant perturbé sa préparation (ce qui avait poussé Prandelli à menacer de ne pas aller à l’Euro), comme en 2006, et capable de tout maintenant qu’elle a engrangé de la confiance. Même de renverser le grand favori allemand. Bonheur de jouer pour son pays et volonté de donner le meilleur de soi-même pour le bien du groupe. A quand la formule Cesare Prandelli appliquée à l’équipe de France ?

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