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Ceux qui croyaient au ciel…, par Pierre Ménès

L’équipe de France va devoir se lâcher pour espérer briller à la Coupe du monde. L’équipe de France va devoir se lâcher pour espérer briller à la Coupe du monde.[Anthony Dibon/Icon Sport]

L’équipe de France sera en Russie. Youpi, formidable, pas de barrages, bravo Didier Deschamps ! Voilà, fin de la chronique. Ou plutôt, voilà comment beaucoup aimeraient que cela se termine. Qu’on se contente du résultat brut, de l’incontestable succès.

Se dire qu’il reste huit mois avant le début du tournoi et que le potentiel de cette équipe est tellement énorme qu’on ne peut avoir que de bonnes surprises au Mondial. Ça, c’est la version des béats ou des plus purs supporters, ce qui est souvent la même chose. La réalité me semble, hélas, bien moins souriante, au risque de passer pour un affreux pisse-froid.

Revenons, déjà, sur les deux derniers matchs des Bleus, dans le froid et la pluie bulgares, et au Stade de France contre la si redoutable Biélorussie. Deux rencontres informes remportées péniblement par un but d’écart, sans aisance, sans marge de manœuvre et sans confiance face, pourtant, à des oppositions d’une grande faiblesse.

Il y a bien longtemps que je n’espère plus que Didier Deschamps nous propose un projet de jeu. Il paraît qu’il n’a pas le temps pour ça. Parce que l’Allemagne, l’Espagne ou le Brésil en ont plus ? Soyons sérieux. Comment expliquer, ou même admettre, que l’équipe de France ait ainsi déjoué contre les Biélorusses, après avoir mené 2-0 assez facilement, avec un début de match maîtrisé ? Comment expliquer la réduction du score biélorusse, l’incroyable fébrilité ainsi que le manque d’ambition qui s’en sont suivis ?

Bien sûr, il manquait du monde. Benjamin Mendy, N’Golo Kanté, Paul Pogba et Ousmane Dembélé sont des titulaires en puissance, mais ça n’excuse pas tout. Alors, j’entends déjà ceux qui me parlent de 1997 ou de 2005, soit un an avant les deux Coupes du monde, où les Bleus sont allés en finale, alors que les résultats étaient médiocres, voire inquiétants. Mais, en 1998, les Tricolores avaient une défense de fer et Zinedine Zidane. Et, en 2005, la défense était toujours impeccable et Zidane à son apogée pour ses adieux.

Comment expliquer, aujourd’hui, que Kylian Mbappé ait commencé le match contre la Biélorussie sur le banc, tout ça parce qu’il n’avait pas brillé en Bulgarie ? Comme les autres. Mais non, c’est le plus jeune qui trinque. Peu importe qu’il fasse des débuts fracassants dans un contexte aussi compliqué que le PSG, peu importe qu’il soit nommé dans la liste des trente pour le Ballon d’or. Mais, surtout, quand on voit le potentiel incroyable de ce joueur, il me semble invraisemblable de ne pas bâtir le futur, et même le présent, autour de lui.

Une discussion en tête à tête avec Benzema

Et puis, parlons un peu de Karim Benzema, autre Tricolore nommé au Ballon d’or, et boycotté depuis deux ans par le sélectionneur. Il serait peut-être temps de cesser les enfantillages, de discuter en tête à tête, de gommer les différends et surtout de mettre ces huit mois à profit pour voir si Benzema se fond dans le groupe. Une attaque composée de Griezmann, Dembélé, Benzema et Mbappé inquiéterait la planète entière. C’est tellement évident.

Le tableau n’est guère réjouissant, même si, encore une fois, l’essentiel a été fait avec cette qualification. Maintenant, il faudrait que Deschamps laisse son légendaire pragmatisme de côté et comprenne que le point fort de cette équipe de France doit se trouver devant. A Monaco, l’ancien capitaine des Bleus avait laissé libre cours au tempérament offensif de son groupe et il avait été en finale de la Ligue des champions. Puisse-t-il se souvenir de cette période.

Parce qu’il ne faut pas oublier que la France a terminé première d’une poule très peu relevée avec des Pays-Bas en perdition, une Bulgarie dans un creux de génération, une Suède sans génie, plus les terreurs biélorusse et luxembourgeoise. Remporter la tête de ce groupe, compte tenu de la qualité des joueurs français, semble être la moindre des choses. Parce qu’il faut bien être conscient que le potentiel de cette équipe est sans limite. Corentin Tolisso a profité de ses deux matchs pour montrer qu’il avait son mot à dire. Adrien Rabiot moins, mais il joue à Paris et il va encore progresser et s’endurcir. Thomas Lemar est plus que prometteur. Il y a des raisons d’être optimiste. Il faut que cette équipe arrive à se lâcher. Et ça semble plus facile à dire qu’à faire.

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