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NBA : James Harden ou Giannis Antetokounmpo, l’impossible choix pour le titre de MVP

James Harden et Giannis Antetoukounmpo sont les deux favoris pour le titre de MVP de la saison régulière. [Stacy Revere / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP]

A quelques jours de la fin de la saison régulière, Giannis Antetokounmpo et James Harden sont les deux seuls joueurs encore en course pour le titre de MVP. Un prix qui sera attribué au «photo-finish» tant il est difficile de les départager.

D’un côté, il y a un joueur de 24 ans dont les performances individuelles permettent à son équipe de posséder la meilleure défense et le meilleur bilan de la ligue, et ce depuis des mois. De l’autre, un barbu bientôt trentenaire devenu le pire cauchemar des défenses adverses et dont la production offensive atteint un tel niveau historique qu’il est en passe de révolutionner le sport lui-même. La question de savoir qui de Giannis Antetokounmpo ou de James Harden mérite d’être désigner MVP est probablement une des plus difficiles et des plus exigeantes de la saison. Et n’a pas fini d’enflammer les discussions avant, pendant, et après l’attribution du prix.

Comme on est un peu «maso» chez CNEWS, nous avons essayé de départager les deux joueurs en mettant leur saison respective en perspective d’un point de vue statistique, mais aussi en termes d’impact sur les résultats de l’équipe. Attention, c’est parti !

Pourquoi James Harden sera MVP

Actuel tenant du titre, et second des votes pour le MVP à quatre reprises ces cinq dernières saisons, James Harden continue de repousser les limites de son sport dès qu’il foule les parquets. On va commencer doucement, d’accord ? En rappelant tout d’abord qu’il est le premier joueur de l’histoire à inscrire 30 points sur la tête de l’ensemble des franchises de la ligue dans la même saison.

Il a également inscrit au moins 57 points dans un match à six reprises, soit deux fois plus que n’importe quel joueur qui ne s’appelle pas Wilt Chamberlain dans le courant d’une saison. Lors de la victoire face aux Suns, le 16 mars dernier, James Harden a posté une ligne statistique jamais vue auparavant avec au moins 40 points, 10 passes décisives, 5 interceptions et 3 contres.

Vous en voulez encore ? Face aux Knicks, le 24 janvier, il est devenu le premier joueur à inscrire au moins 60 points (il en a planté 61 au total) avec 15 rebonds et 5 interceptions. Douze jours auparavant, il collait 43 points, 10 rebonds et 12 passes décisives dans les dents des Cavaliers, devenant le seul joueur à planter un triple-double à 40 points en moins de 30 minutes de jeu. James Harden a tourné à 40,1 points en moyenne sur une période de 40 matches cette saison, et a affiché le plus grand nombre de points inscrits sur une rencontre, toutes équipes confondues, sur une série de 24 matches consécutifs. Des chiffres dont la NBA n’avait plus été témoin, là encore, depuis Wilt Chamberlain.

Le plus fascinant est que le barbu, non content d’être une machine à scorer, se paye le luxe d’enquiller les points avec une redoutable efficacité. Son pourcentage de «True Shooting» – qui mesure l’efficacité offensive d’un joueur en prenant en compte les tirs à 2 et 3 points, ainsi que les lancer-francs – est à 61,3%, soit un des meilleurs pourcentage de l’histoire. Cela est encore plus incroyable si on prend en considération le volume de tirs pris par James Harden, et le fait que 85,6% de ses tirs ne sont pas le produit d’une passe décisive. Son désormais célèbre «step-back» à trois points est devenu l’arme absolue de son jeu offensif (un tir horrible pour 95% des joueurs de la ligue). L’arrière est, de très loin, le joueur qui use (et abuse) le plus de possessions en isolation de toute la NBA. Les fans connaissent la chanson par cœur. Voilà ce que ça donne :

Sa capacité à dribbler, la menace de ses pénétrations (et des fautes provoquées), et de son adresse longue distance, font de James Harden  un monstre qui hante les cauchemars de tous les défenseurs de la ligue aujourd’hui. Ah oui, on allait oublier de préciser qu’il allait pulvériser le record de tirs à trois points tentés cette saison, éclipsant sans difficulté le précédent record établi par Stephen Curry lors de sa saison supernova de 2015-2016 où il avait balancé 886 missiles derrière l’arc. James Harden en est actuellement à 932 (13,3 tentatives par match !!!!!). Et la saison n’est pas terminée.

Les performances de James Harden sont surhumaines, et beaucoup redoutent de voir le barbu aborder les playoffs sur les rotules à force d’affoler les compteurs comme il le fait depuis la mi-décembre. James Harden affiche un pourcentage d’usage (qui calcule le nombre de possessions utilisées par un joueur) de 39,6%. Seul Russell Westbrook en 2016-2017 affiche un chiffre supérieur avec 40%. Si la débauche d’énergie de James Harden a été nécessaire pour permettre aux Rockets de reprendre pied après un début de saison compliqué (11v-14d au 9 décembre) pour finalement se hisser dans le Top 4 de la conférence Ouest, maintenir un tel rythme semble contre-productif à l'approche des playoffs. Ce graphique du site américain ESPN en apporte la preuve, les joueurs ayant dominé à ce point le jeu de leur équipe n’ayant jamais dépassé le premier tour des playoffs.

©ESPN / DR

Mais James Harden est sur une autre planète actuellement, et devrait défier une nouvelle fois les livres d’histoire avec une qualification pour le second tour (surtout que Chris Paul, qui a manqué une bonne partie de la saison sur blessure, retrouve ses sensations sur le terrain). Ses détracteurs pointeront toujours ses lacunes défensives comme étant son ultime faiblesse, et ce même si sa défense au poste s’est considérablement améliorée, et qu’il est un des meilleurs intercepteurs de la ligue. Mais le jeu offensif de James Harden est à ce point révolutionnaire que cela ne saurait impacter négativement les résultats de l’équipe. La révolution est en marche, et James Harden en est la parfaite incarnation.

Pourquoi Giannis Antetokounmpo sera MVP

Le meilleur joueur dans la meilleure équipe de la NBA. Et le meilleur défenseur à la tête de la défense la plus hermétique de la ligue. A seulement 24 ans, Giannis Antetokounmpo représente un immense casse-tête pour des adversaires qui ne savent plus comment faire pour l'empêcher de dominer la raquette, aussi bien en attaque qu’en défense. Il est le seul joueur à tourner avec une moyenne de plus de 27 points, 12 rebonds et 6 passes décisives par match depuis Oscar Robertson en 1961-1962. Il est également le premier joueur depuis Kevin Garnett en 2002-2003 à afficher au moins 6 passes décisives en moyenne, avec 1,3 interceptions et 1,5 contres par match. Rigolons ensemble du fait que le «Greek Freak» n’est pas encore en pleine possession de son talent – le «prime» comme ils disent aux États-Unis, qui se situe aux alentours de 27/28 ans – masi que déjà, son impact sur le jeu est absolument redoutable.

S’il est loin d'être un artilleur à trois points (24,2%), cela n'empêche pas Giannis Antetokounmpo de réaliser une saison historique en termes d’efficacité offensive. Son pourcentage de «True shooting» est à 64,4%, soit la deuxième meilleure marque de l’histoire derrière celle établie par Stephen Curry en 2015-2016. L’ailier est tout simplement intenable dans la raquette. Dès qu’il pose un pied dans la peinture, les défenses éprouvent les pires difficultés pour l’empêcher de marquer un panier. Plus de 64,4% de ses tirs sont réalisés dans la raquette selon NBA.com. Contrairement à James Harden, Giannis Antetokounmpo ne domine pas le ballon, et ne tourne qu’à 32,9 minutes en moyenne par match (contre 37,2 pour Harden) avec un taux d’usage  à 30,9% (39,6% pour Harden). Ce qui s'explique notamment par le fait que les Bucks dominent outrageusement la saison régulière, avec 42 victoires avec un écart égal ou supérieur à 10 points, soit 13 de plus que n’importe quelle autre équipe de la NBA. Et que le «Greek Freak» n’a pas jamais eu à forcer son talent pour permettre aux siens de l’emporter.

Quand il est sur le terrain, les Bucks voient leur efficacité offensive et défensive atteindre leur pic de production. La défense de Giannis Antetokounmpo pourrait d’ailleurs lui permettre de remporter le titre de meilleur défenseur de l’année. Notons qu'Hakeem Olajuwon est le dernier joueur de l’histoire à avoir remporté le titre de MVP et de meilleur défenseur de l’année, et c’était en 1994. Selon le site des Bucks sur NBA.com, l’ailier se classe dans le Top 5 de nombreuses catégories statistiques défensives aux côtés de Rudy Gobert, Myles Turner, ou Hassan Whiteside.

Mieux encore, il est un des rares joueurs NBA à pouvoir défendre les cinq positions sur le terrain. Ce qui est un vrai luxe pour le coach des Bucks, Mike Budenholzer, qui n'a pas à craindre d'être piéger dans un face-à-face défavorable quand Giannis Antetokounmpo défend sur un meneur ou un pivot. Si les exploits statistiques sont moins impressionnants pour l’ailier de Milwaukee, il n’en reste pas moins que le titre de MVP récompense, habituellement, le meilleur joueur évoluant dans la  meilleure équipe de la saison régulière. Cela a été le cas sur dix des quinze dernières saisons. La constance de Giannis Antetokounmpo tout au long de la saison, et son impact sur les résultats de l’équipe, justifient amplement son statut de favori pour le titre de MVP.

Conclusion

In fine, si vous pensez que le joueur le plus méritant est celui qui parvient à porter son équipe à la force de son talent singulier en enchaînant les performances historiques match après match, alors James Harden est votre MVP. Au contraire, si vous êtes convaincu que le trophée doit récompenser un joueur dominant des deux côtés du terrain avec une production statistique constante permettant à son équipe de caracoler en tête de la ligue, alors Giannis Antetokounmpo est votre MVP.

Ce sont deux styles très différents qui s’opposent cette année dans le débat du meilleur joueur de la saison, et il est fort probable que le résultat du vote qui révélera l’identité de celui qui héritera du Trophée Maurice Podoloff (qui fut le premier président de la NBA, ndlr) en juin prochain, divisera aussi bien les fans, que les journalistes, que les joueurs eux-mêmes. C’est ce qui arrive quand on se retrouve face à un choix quasi-impossible entre deux talents transcendants qui, chacun à sa manière, laissera une empreinte indélébile sur cette saison NBA.

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