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Mission H24 : le futur de la course automobile s'écrira-t-il avec l'hydrogène ?

Alors que les moteurs thermiques entament leurs dernières années en compétition, l'avenir du sport auto s'écrit avec de nouvelles motorisations «propres». Si l'électrique s'illustre en Formule E, l'hydrogène est aussi exploité. En atteste Mission H24, une voiture de course qui conjugue ces deux technologies dans laquelle CNEWS a pu embarquer sur le circuit Paul Ricard au Castellet.

Il y a, dans le milieu des sports automobiles, ces moments où un véhicule écrit l'Histoire. C'est le cas de Mission H24, dont le projet lancé en 2018 et les prototypes qui sillonnent les circuits propulsent la recherche autour du véhicule à hydrogène de demain. «Il s'agit d'une voiture d'ingénieurs», s'amuse son pilote monégasque Stéphane Richelmi. Au volant du bolide Mission H24, cet ancien vainqueur des mythiques 24 Heures du Mans de 2016 en catégorie LMP2, revêt ici sa combinaison de pilote d'essai pour écrire le futur.

Il est 14h sur le circuit du Castellet ce 12 avril, lorsque cette véritable voiture de course s'élance dans un bruit digne d'un petit avion à réaction à l'allumage. Très vite, la voiture de 750 ch dans sa version course (650 ch dans sa version biplace) se montre moins bruyante, à bord seuls les bruits de la mécanique, du frottement des roues et de la propulsion électrique donnent le ton. Rivée au sol, le châssis issu d'un modèle LMP3 (Le Mans Prototype 3) attaque les virages, mais c'est surtout dans ses entrailles que l'équipe Mission H24 est à l'écoute de la télémétrie. Le véhicule avait même atteint officiellement 290,8 km/h en 2022 sur le circuit du Mans, signant un record de vitesse. Preuve que ce choix de motorisation peut être compétitif, tout en se montrant respectueux de la planète...

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© Nicolas Cailleaud/CNEWS

Car H24 mise sur un mariage entre l'hydrogène et l'électrique. Trois grosses bonbonnes d'hydrogène ainsi qu'une pile à combustible se cachent sous son châssis aérodynamique. Sur son toit, une immense entrée d'air permet de faire entrer l'oxygène.

Pousser les machines à leurs limites

«C'est la rencontre entre cet oxygène et l'hydrogène qui va créer une réaction chimique capable d'alimenter la pile à combustible en créant de l'électricité d'un côté et en rejetant de l'eau de l'autre côté. Ensuite, cette énergie est transmise à la batterie électrique afin de propulser le véhicule. Nous travaillons ici aux limites de cette technologie pour la rendre fiable sur route. Nous avons notamment démontré que nous sommes capables de faire une course de deux heures sans problème», explique Antoine Onillon, responsable embarcation power unit et système embarqué sur Mission H24.

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© Nicolas Cailleaud/CNEWS

«Nous avons dû relever plusieurs défis, notamment de finir toutes les courses auxquelles nous avons participées afin de prouver la fiabilité. Il nous a aussi fallu faire accepter aux autres que notre voiture ne représentait pas de danger et qu'elle peut rouler parmi les moteurs thermiques avec un niveau de performance acceptable. Nous voulons toujours faire mieux, plus rapide et plus fiable. Nous sommes sur une technologie entièrement nouvelle. Il nous a donc fallu «défricher», si j'ose dire, le sujet pour aussi donner envie aux constructeurs de s'engager dans ce domaine. Nous partageons d'ailleurs nos informations avec les constructeurs, ce qui leur permet de gagner du temps et de l'argent sur le développement de ce type de voitures», explique Antoine Larroque, responsable de l'exploitation du châssis et de l'organisation de l'équipe.

Contrairement à une voiture électrique classique, notre technologie permet de produire de l'électricité en roulant.Stéphane Richelmi, pilote

Et si la rencontre entre la mécanique et la technologie de pointe en font un prototype à part, c'est aussi à son volant que l'Histoire s'écrit. «En tant que pilote, il y a une grosse différence entre conduire une voiture thermique et une voiture à hydrogène, car la propulsion est ici électrique. D'autant plus ici que contrairement à une voiture électrique classique, notre technologie permet de produire de l'électricité en roulant grâce à la pile à combustible», précise Stéphane Richelmi.

«Mais la principale différence pour un pilote est l'absence de bruit et des rapports de vitesse. Ces derniers étaient importants avec les moteurs thermiques, puisqu'ils nous permettaient de jouer avec la boite de vitesse pour le frein moteur en entrée de virages et les relances en sortie de courbes. Néanmoins, il faut évoluer avec son temps et le sport automobile a toujours permis de faire avancer les technologies, car on parle aussi de compétition, ce qui crée une émulation. Nous sommes précurseurs ici et nous aidons à développer la prochaine réglementation liée à ce type de voitures», souligne le pilote, témoin de cette transition entre le thermique, l'électrique et l'hydrogène.

Mission H24 prépare surtout le terrain pour l'arrivée d'une nouvelle catégorie autour des véhicules propres, qui doivent concourir à l'horizon 2025 aux 24 Heures du Mans. «Cette course existe depuis 100 ans cette année, et on voit encore des voitures thermiques rencontrer des problèmes de fiabilité pour rouler sur 24 Heures. C'est donc un gros challenge pour les équipes, d'autant que cette technologie est encore récente, mais on y travaille», conclut le pilote.

[Crédits vidéo : CNEWS, Mission H24, Mistral Drone]

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