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Le rappeur Jo Le Pheno jugé pour son morceau «Bavure», jugé «anti-flic»

Le rappeur Jo Le Pheno comparaît devant la 17ème chambre du tribunal correctionnel de Paris ce vendredi, accusé d'avoir attisé la haine «anti-flic».  

L'objet du délit n'est autre qu'un de ses morceaux, «Bavure», dévoilé en septembre 2016 par son interprète. Les paroles feraient en effet l'apologie de la violence à l'égard de la police. Jo Le Pheno est accusé de «provocation non suivi d’effet au crime et injure». La confrontation avec le juge prévue initialement en février dernier avait été renvoyée. 

«J'pisse sur la justice et la mère du commissaire» ou encore «chakal c'est triste, trop d'nos frères sont partis, à cause d'une bavure policière», pouvait-on notamment entendre.  Les punchlines étaient en effet assez explicites : «il faut se défouler sur la flicaille», «Où sont les condés ? On va les taper».

Les syndicats de police et le ministre de l'Intérieur

A l'époque, le morceau avait suscité de vives réactions, tant chez les policiers que de la part du ministre de l'Intérieur de l'époque, Bernard Cazeneuve. Le 15 septembre 2016, le Syndicat des cadres de la sécurité intérieure (SCSI-CFDT) et Alternative-CFDT avaient publié un communiqué pour dénoncer un morceau «incitant à la violence». Le syndicat Alliance avait également condamné le clip.

Le jeune homme avait alors été entendu plusieurs heures par la Brigade de répression de la délinquance de la police judiciaire parisienne.

Pour répondre à ses détracteurs, le rappeur du 20ème arrondissement de la capitale avait récidivé en sortant un nouveau titre «Bavure 2.0» au mois d'avril 2017.

Le récit du quotidien des jeunes

Lors du procès, son avocat, Me Saïd Harir, tentera de défendre le jeune homme. «Ce n’est pas un appel à la haine. Jo Le Pheno raconte simplement le quotidien des jeunes qui vivent en banlieue et les violences policières qu’ils subissent au quotidien. Il n’y a qu’à regarder l’affaire Théo…», a-t-il affirmé, repris par 20minutes. 

«En France, les gens s’imaginent que dès qu’on fait du rap, on est violent et dangereux. Les paroles le sont parfois, mais pas ceux qui chantent. Les vrais méchants ne sont pas derrière un micro», a poursuivi Me Saïd Harir.

D'autres rappeurs condamnés

Jo Le Pheno n'est pas le premier rappeur à avoir eu affaire à la justice. Le groupe américain N.W.A., issu de la banlieue de Los Angeles a probablement ouvert la marche, outre-Atlantique, avec son célèbre tube «Fuck tha police» qui avait été jusqu'à provoquer une enquête de la part du FBI en 1988. 

En France, le Ministère A.M.E.R avait été condamné à payer une amende de 250 000 francs pour «incitation au meurtre» après son titre «Sacrifice de poulet» sorti en 1995. L'année suivante, NTM fait scandale avec son refrain «Nique la police». Le groupe avait aussi été condamné à six mois de prison ferme pour «outrage à la police». Une peine revue en appel à 7500 euros d'amende et deux mois d'emprisonnement avec sursis. 

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