En direct
A suivre

Paris : Stalingrad, un quartier miné par le crack

Ils sont venus nombreux et en famille pour se réapproprier leur parc. Les riverains du jardin d’Eole (18e), situé entre Stalingrad et la Halle Pajol, protestaient, ce samedi 22 mai, contre la présence des consommateurs de crack dans le parc, où ils sont «parqués» par les autorités.

Une solution temporaire pour désengorger la place Stalingrad, qui ne satisfait pas les riverains. Ensemble, ces parents en colère ont donc organisé un pique-nique ce samedi 22 mai, afin de dénoncer la transformation de leur quartier qu’ils ont depuis bien longtemps renommé «Stalincrack».

«Ce jardin, c’était l’endroit où je venais avec ma fille de 7 ans, on venait souvent prendre le goûter ici dans une crêperie, et désormais c’est impossible d’accéder ici. Ma fille le voit. L’autre jour, on a essayé de traverser et elle m’a dit "maman j’ai peur"», témoigne une riveraine.

A deux pas des jeux pour enfants, des toxicomanes y consomment désormais du crack jusqu’à 1h du matin. Ils y ont été regroupés par la police pour désengorger la place Stalingrad. La solution est annoncée comme «provisoire», mais les habitants du quartier s’impatientent déjà.

Anne Hidalgo «très en colère»

Une situation que dénonce la maire socialiste de Paris, qui s'est dit «très en colère» ce week-end dans Le Figaro, ajoutant que cette «bataille contre le trafic de stupéfiants» était avant tout «le rôle de l'Etat». 

«Qu'on ne fasse pas porter le chapeau de la situation» s'empresse-t-elle, assurant que c'est le préfet de police de Paris, Didier Lallement, et donc l'Etat au-dessus de lui, qui a pris la décision d'ouvrir le jardin d'Eole jusqu'à 1h aux consommateurs de crack. La «seule solution», selon lui, «pour soulager momentanément les habitants de Stalingrad».

«Je ne peux pas me satisfaire de cette politique à court terme qui consiste à transférer le problème d'un quartier à l'autre», a ainsi fait savoir l'édile parisienne, qui trouve inacceptable «que l'Etat laisse pourrir la situation» et «n'arrête pas les dealers». Et d'insister : «j'attends de l'Etat un plan antidrogue digne de ce nom».

«C'est à Olivier Véran de reprendre le sujet»

Un constat partagé par d'autres élus et anciens élus de Paris. Pour Pierre Liscia, porte-parole du mouvement Libres! initié par l'ex-LR Valérie Pécresse, il s'agit d'une «non-annonce», dans la mesure où ils ont «simplement annoncé ouvrir le parc plus longtemps». Lui déplore que les seules solutions apportées à ce jour, et ce face à un «problème qui s'aggrave» de jour en jour, aient été «de déplacer les toxicomanes et les accompagner dans leur dépendance».

Ce riverain du jardin d'Eole demande à ce que «les millions d'euros du plan crack» soient réorientés «dans un vrai dispositif de prise en charge sanitaire sur le long terme». «Aujourd'hui, il n’y a aucune structure pour désintoxiquer les toxicomanes. Tant qu’on ne cherche pas à les soigner et qu’on les laisse en contact avec les dealers et d'autres consommateurs, on sera toujours dans la même impasse», explique l'ancien élu parisien.

La solution selon lui ? Que le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin arrête de traiter ce sujet, mais qu'il soit repris par le ministre de la Santé Olivier Véran. «Il faut qu'Olivier Véran conduise un plan de lutte contre l'addiction [...] et que la Ville de Paris l'accompagne».

Les forces de l'ordre n'y arriveront pas seules

Même les policiers ne semblent pas se satisfaire de ce nouveau dispositif. «Jour et nuit, on a des policiers sur le terrain. On a même des CRS sur le terrain [...] On veut faire supporter à la police, comme d'habitude dans ce beau ministère de l'Intérieur, tous les ennuis de la société qui ne sont pas gérés en amont», témoigne par exemple Matthieu Valet.

Et l'avis du secrétaire national adjoint du syndicat indépendant des commissaires de police (SICP) est tranché : «seules, [les forces de l'ordre] n'y arriveront pas». Il appelle donc les autorités publiques –«la mairie de Paris, les structures sanitaires et les partenaires sociaux» – à travailler de concert, afin de trouver une solution.

En attendant, les riverains ont prévu de se retrouver tous les samedis et d’organiser une nouvelle manifestation mercredi prochain, le 26 mai.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités