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A 82 ans, elle programme des applications pour iPhone

Masako Wakamiya est à l'origine une nouvelle application destinée aux personnes âgées. [Kazuhiro NOGI / AFP]

Du haut de ses 82 ans, Masako Wakamiya est sûrement la personne la plus âgée à développer des applications pour Apple.

Depuis qu'elle est retraitée, cette japonaise, ex-employée d’une banque, s'est amusée comme une folle avec un PC et plus récemment avec un Mac et un smartphone. Elle a été cette année la plus âgée des participants à la conférence des développeurs d'Apple.

Sa passion pour l’informatique a commencé au début des années 1990. «A cette époque, j'échangeais des messages via le système BBS (aussi appelé babillard)», l’ancêtre des messageries Internet, se souvient cette octogénaire, lors d’un entretien à l’AFP.

Du boulier à la programmation

Puis les smartphones se sont développés, et la retraitée a constaté qu’il n’y avait pas assez d’applications pour séniors. Elle en a alors parlé à des développeurs, en vain, quand une connaissance lui a rétorqué : «Pourquoi tu ne le fais pas toi-même ?».

Masako Wakamiya l'a pris au mot. La vieille dame, qui a compté durant des décennies derrière son guichet avec un «soroban» (boulier japonais), disposait déjà de bases solides en informatique. Elle s'est alors aidée de livres et a demandé conseil à un ami qui avait déjà développé des applis, avec qui elle communiquait par Skype.

Et tout est allé très vite : développée entre 2016 et le début de l'année 2017, son application «Hinadan», a été acceptée par Apple et mise en ligne en février.

Le jeu est inspiré du Hina Matsuri, un festival traditionnel de poupées : chaque année, le 3 mars, des figurines à l’effigie des membres de la Cour impériale de l’époque Heian sont installées sur des estrades, dans des lieux où se trouvent des fillettes. Dans «Hinadan», le joueur est invité à placer les poupées au bon endroit dans l’estrade sans limite de temps, pour ne pas stresser les personnes âgées.

«La première fois, j'ai été émue de voir s'animer l'écran avec le programme que j'avais conçu». «Ecrire les lignes de code était difficile», reconnaît cette femme pimpante et menue, tout en saluant la plus grande simplicité des récents outils de développement qu'elle trouve «très doués pour découvrir les bugs».

Reçue par Tim Cook en personne

Depuis, Masako Wakamiya est une femme très occupée, toujours entre deux conférences.  «Je suis tellement occupée tous les jours que je n'ai pas le temps de chercher si je n'ai pas une quelconque maladie», s’est-elle exclamée à l’AFP.

Son application a été consultée par 860.000 personnes et téléchargée 42.000 fois, si bien qu’elle a été l'invitée spéciale du PDG d'Apple en Californie début juin, pour la «Conférence mondiale des développeurs», et elle n'en revient toujours pas.

«J'ai discuté avec Tim Cook, sur des aspects extrêmement concrets. Il m'a demandé ce à quoi j'avais veillé pour que les personnes âgées puissent bien utiliser cette application. Je lui ai expliqué que j'avais tenu compte du fait que les vieux avaient la vue et l'ouïe qui régressent et que leurs doigts ne bougent plus aussi bien. Il m'a complimentée. Il m'a dit que j'étais pour lui une source d'inspiration».

Garder l'envie d'apprendre

De quoi donner à Masako-san, qui prévoit désormais un «Hinadan» en anglais, chinois et français, encore plus d'énergie : «je veux désormais vraiment apprendre les bases de la programmation, car jusqu'à présent, je n'ai étudié que les éléments nécessaires pour créer Hinadan».

Le but : «concevoir d'autres applis qui puissent amuser les personnes âgées et transmettre aux jeunes la culture et les traditions des anciens», confie-t-elle, tout en déplorant que son emploi du temps ne lui laisse guère le temps de se plonger dans les manuels de développement posés à côté de son ordinateur portable.

«Quand on vieillit, on perd beaucoup de choses : son mari, son salaire, ses cheveux, la vue, etc... Les "moins" sont très nombreux. Mais quand on apprend quelque chose, que ce soit la programmation, le piano, ce sont des "plus". Ce qu'on ne savait pas faire jusqu'à hier, on le maîtrise aujourd'hui, c'est motivant», s'est-t-elle enthousiasmée. 

Selon elle, «une fois achevée la vie professionnelle, ce serait bien de retourner à l'école. La plupart des vieux abandonnent l'idée d'apprendre, mais se lancer est non seulement bon pour eux mais aussi pour l'économie du pays». 

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