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Référendum : la Turquie renonce aux meetings électoraux en Allemagne

Angela Merkel durant une conférence de presse avec le président du Burkina Faso, le 21 mars 2017. [Odd ANDERSEN / AFP]

Le parti au pouvoir en Turquie a renoncé aux meetings pro-Erdogan en Allemagne d'ici au référendum du 16 avril, épilogue provisoire de deux semaines d'une crise aigüe entre les deux pays qui risque de laisser des traces.

«Toutes les manifestations prévues à l'avenir ont été annulées», a déclaré une porte-parole de la «cellule de coordination» à l'étranger de l'AKP, le parti du président turc Recep Tayyip Erdogan. La décision «a été prise à Ankara», précise cette représentation de l'AKP basée à Cologne (ouest), dans une Allemagne qui compte la plus forte diaspora turque au monde, dont 1,4 million de personnes inscrites sur les listes électorales.

De son côté, l'Union des démocrates turcs européens (UETD), organisation pro-Erdogan de la diaspora turque, a annoncé dans le magazine allemand Wirtchaftswoche qu'elle n'organisera en «aucune nouvelle manifestation» impliquant des ministres turcs d'ici le 16 avril. Initialement, une liste de ces réunions, calendrier et personnalités participantes, devait selon un accord passé avec Berlin être présentée par Ankara. Des «réunions d'information» restent cependant prévues «au niveau local», sans représentant du gouvernement turc, précise le président de l'UETD, Zafer Sirakaya.

Ces annonces interviennent après plusieurs semaines de bras de fer entre la Turquie et plusieurs pays européens, dont l'Allemagne, et au lendemain de menaces de la chancelière allemande, Angela Merkel, d'interdire tout meeting aux responsables turcs. La dirigeante a en effet peu goûté les nouvelles attaques formulées par M. Erdogan, qui l'a accusée dimanche d'avoir «recours à des pratiques nazies». «Nous n'allons pas tolérer que la fin justifie toujours les moyens et que tous les tabous tombent sans respect pour la souffrance de ceux qui ont été poursuivis et assassinés durant le national-socialisme», a répliqué lundi la dirigeante.

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Attaques «absurdes et choquantes», avait estimé dès dimanche le chef de la diplomatie allemande et vice-chancelier, Sigmar Gabriel, affirmant qu'une «limite avait été franchie». Les relations entre la Turquie et l'Allemagne, déjà extrêmement tendue depuis l'été dernier, traversent une crise aiguë depuis l'annulation par les autorités locales de plusieurs réunions électorales pro-Erdogan dans le pays, dont le chef de l'Etat turc s'est emparé pour dénoncer l'Europe et l'Allemagne en particulier.

En guise de riposte à l'Europe «anti-turque et anti-islamique», M. Erdogan a appelé mardi ses concitoyens à voter «oui» au référendum, dont l'issue s'annonce serrée. «Je vous demande de donner une réponse que ceux qui nous regardent à la télévision, depuis l'étranger, nos citoyens, toute l'Europe et le monde entier puissent entendre», a-t-il exhorté lors d'un discours à Ankara.

Escalade

Berlin s'est cependant efforcé d'éviter un affrontement direct, redoutant une surenchère dont profiterait M. Erdogan pour mobiliser son électorat. Après avoir accueilli plus d'un million de migrants en 2015 et 2016, l'Allemagne d'Angela Merkel a toujours le plus grand besoin de la Turquie pour freiner le flux de réfugiés vers l'Europe, dans le cadre du pacte UE-Turquie signé en mars 2016.

Berlin stationne aussi ses avions de chasse sur la base turque d'Incirlik (sud) dans le cadre de la lutte de la coalition internationale contre l'organisation Etat islamique. Surtout, aux yeux des Allemands, toute escalade n'aboutirait qu'à faire le jeu du président Erdogan dans la perspective du référendum.

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«Cela sert surtout les intérêts du président turc», qui cherche «par des menaces et insultes» à «obtenir la majorité des voix en Turquie et en Allemagne des ressortissants turcs» en se posant en victime, a déclaré lundi le porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères, Martin Schäfer. Reste que cette crise aura un impact durable sur les chances de la Turquie d'entrer dans l'UE, alors que les négociations sont déjà au point mort. Même à gauche, où se trouvaient jusqu'ici les partisans d'une adhésion en Allemagne, plus grand monde ne soutient cette perspective. «Nous sommes plus éloignés que jamais d'une adhésion de la Turquie à l'UE», a déclaré ce week-end le ministre fédéral des Affaires étrangères, le social-démocrate Sigmar Gabriel, au magazine Der Spiegel.

 

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