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Les vignerons d'Ile-de-France ont soif de reconnaissance

Un employé de la mairie de Paris cueille du raisin lors de vendanges en 2004 dans la capitale française [Mehdi Fedouach / AFP/Archives] Un employé de la mairie de Paris cueille du raisin lors de vendanges en 2004 dans la capitale française [Mehdi Fedouach / AFP/Archives]

De hautes vignes en surplomb de la Seine, et en arrière-plan, les immeubles blancs du centre-ville: à Epinay-sur-Seine, comme un peu partout en Ile-de-France, la vigne a ressuscité sous la main de passionnés qui ont soif de reconnaissance.

"Attention, c'est pas de la piquette, hein !", prévient l'un de ces afficionados, Norbert Lison, 71 ans, président de la Confrérie du Cep d'Epinay. Sous ce titre un peu pompeux se sont rassemblés une poignée de retraités qui vendangent, foulent le raisin et mettent en bouteille le précieux breuvage.

Depuis 2003, 448 pieds de Pinot gris ont réapparu dans cette ville populaire de la banlieue nord de Paris, où les de la vigne remontent à 862.

Grâce à la volonté de la mairie et aux efforts des bénévoles, un public restreint - 900 bouteilles de 50 cl ont été produites en 2011 - peut déguster un vin blanc sec "fruité, sur des arômes miellés, abricotés et un peu de chèvrefeuille", décrit Emmanuel Monteau, conseiller viticole, qui a réussi cette année à éviter le mildiou et l'oïdium.

A Pontoise, dans le Val-d'Oise, d'autres bénévoles enthousiastes font déguster chaque année aux curieux les deux ginglets issus de cépages Bacot et Chardonnay, fruit de leur travail auprès des 700 pieds de vignes de la ville.

Pour l'un d'eux, René Bazot, 74 ans, prendre soin d'un vignoble c'est "un plaisir comme un autre", le plaisir de "se retrouver au moins une fois par semaine entre copains, de partager le casse-croûte".

Si les Franciliens se prennent de passion pour le vin, c'est parce que les gens "cherchent à restaurer une confrérie, à recréer de la convivialité", estime Xavier-Privat Charvin, 35 ans, qui a planté le vignoble culturel et pédagogique de Paris-Bagatelle, dans le XVIe arrondissement.

Indication géographique protégée

Chardonnay, Pinot noir, Gamay, Sauvignon... Blanc, rouge, rosé, et même effervescent (mousseux): en Ile-de-France, "on a des vins qui ont de l'originalité, qui ont du goût", assure Patrice Bersac, président des Vignerons franciliens réunis.

Cet ancien ingénieur, longue barbe poivre et sel et fines lunettes, défend avec fougue le vin d'Ile-de-France. Son combat: "faire reconnaître l'existence de la viticulture patrimoniale" mais aussi "faire renaître une viticulture professionnelle" dans la région.

Pour l'instant, seul le vin de Suresnes (Hauts-de-Seine) est commercialisé. Les autres ne sont connus que d'un petit cercle d'amateurs. Le rêve de Patrice Bersac? Créer l'indication géographique protégée (IGP) "Paris-Île-de-France".

"Cela permettrait de revendiquer un haut niveau de qualité et d'obtenir une reconnaissance qui se traduirait par un prix plus élevé", explique-t-il.

Mais les vins d'Ile-de-France le méritent-ils ? "La qualité est très variable d'une exploitation à l'autre", juge Philippe Faure-Brac, meilleur sommelier du monde 1992. Pour cet expert, "il y a des bons vins, les blancs sont globalement mieux réussis que les autres". M. Faure-Brac en propose même aux clients de son restaurant, le Bistrot du sommelier, comme le vin de Montmartre et celui de Suresnes.

Obtenir une IGP "serait légitime", considère-t-il: "L'Ile-de-France a été une grande région viticole", rappelle le sommelier mais "il faudrait produire suffisamment de récolte et prouver qu'elle est de qualité suffisante".

Pas de problème pour Patrice Bersac: "On a progressé en qualité et des agriculteurs sont prêts à lancer des projets".

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