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«May December» : on a vu le film de Todd Haynes avec Natalie Portman et Julianne Moore

Huit ans après le somptueux «Carol», Todd Haynes signe l’énigmatique mélodrame «May December», au cinéma ce mercredi. Un jeu de miroirs et de faux-semblants inspiré d’une histoire vraie, et porté par deux stars hollywoodiennes, Natalie Portman et Julianne Moore.

Selon le réalisateur Todd Haynes, «May December», titre de son nouveau film en salles ce mercredi 24 janvier, est une expression intraduisible en français. Néanmoins, il pourrait s’apparenter à «faire une Macron» comme il l’a expliqué au Festival de Cannes en mai dernier, où son long-métrage était présenté en compétition. Ce mélodrame fait donc référence à une relation subversive en raison de la grande différence d'âge entre un homme et une femme beaucoup plus âgée.

En l’occurrence, il s’agit ici de Gracie Atherton-Yoo (Julianne Moore, toujours troublante), une sexagénaire condamnée jadis par la justice pour avoir entretenu une liaison avec Joe (Charles Melton, révélé dans «Riverdale»), un collégien de 13 ans, alors qu’elle en avait 36 à l’époque. Une romance sulfureuse, commencée dans l’arrière-salle d’une animalerie, qui a fait la une des tabloïds et a valu à la jeune femme de séjourner quelques années derrière les barreaux.            

Malgré tout, le couple a résisté. La condamnée a divorcé, les amants se sont mariés, et des enfants sont nés de cette union vivement critiquée. Vingt ans après les faits, Gracie et Joe semblent avoir trouvé l’apaisement, balayant les commérages du voisinage et de l’Amérique tout entière. Cette famille pas comme les autres - librement inspirée de l’affaire Mary Kay Letourneau, cette prof de maths américaine tombée enceinte de son élève de 12 ans - fascine le cinéma, et plus particulièrement Elizabeth Berry, brillamment incarnée par Natalie Portman (qui est à l’origine du projet et en est la coproductrice).

Enquête et manipulations au cœur du récit

Cette actrice débarque en effet dans ce foyer qui coule en apparence des jours heureux dans une propriété de Savannah, en Géorgie, au bord d’un lac. Pendant des jours, elle se rapproche de Gracie qu’elle doit incarner sur grand écran dans un film indépendant, et questionne son entourage pour comprendre qui est cette femme, amatrice de gâteaux, de hot dogs et de parties de chasse. Son carnet de notes toujours à la main, Elizabeth devine rapidement que tout n'est pas si évident, surtout pour Joe avec lequel elle commence à entretenir un lien malsain.

Père comblé, celui-ci assiste au départ de ses enfants qui obtiennent leur diplôme de fin d’études, tout en réalisant qu’il est peut-être passé lui-même à côté de sa jeunesse à cause de Gracie, et de l'emprise qu'elle avait sur lui. Comme les papillons qu’il affectionne, ce trentenaire essaie de s’extirper de sa chrysalide, prenant peu à peu conscience de la dimension pédopornographique qui pouvait se dégager de son histoire avec cette femme plus âgée.

Après «Carol» avec Cate Blanchett et Rooney Mara, on espérait un nouveau portrait de femmes singulier, sensible et multiforme, aux zones grises toujours fascinantes. L’idée de départ de «May December» est plutôt excitante, le casting parfait, et la mise en scène exquise et drôle portée par la partition retravaillée du «Messager» (1971), signée Michel Legrand. Pourtant, le film de Todd Haynes souffre parfois d'un manque de flamme et de passion. On comprend que le réalisateur ait voulu éviter les pièges du thriller, du drame psychologique trop appuyé ou de la romance contrariée, mais, au final, un sentiment de surface s'impose.

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