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Affaire des fuites au 36 Quai des Orfèvres : 19 prévenus devant la justice à partir d'aujourd'hui

Le 36 Quai des Orfèvres a longtemps été l'adresse du siège de la Direction régionale de la police judiciaire à Paris. Aujourd'hui il se situe au même numéro de la rue du Bastion. [Martin BUREAU / AFP]

A partir d'aujourd'hui et jusqu'au 5 octobre, le tribunal correctionnel de Paris doit examiner une affaire complexe concernant des soupçons de fuite au sommet du 36 Quai des Orfèvres.

19 prévenus aux profils hétéroclites doivent être jugés par le tribunal correctionnel de Paris à partir de ce lundi 12 septembre, dans le cadre de soupçons de fuites au sommet du 36 Quai des Orfèvres. Parmi eux, l'ex-patron de la police judiciaire Bernard Petit, mais aussi «l'escroc des stars» Christophe Rocancourt, le fondateur du GIGN et un ancien secrétaire d'Etat.

Jusqu'au 5 octobre, la justice examinera ce dossier aux ramifications multiples, dont le premier volet vise en particulier Christophe Rocancourt, connu pour avoir arnaqué de riches Américains dans les années 1990, à New York et Hollywood. Dans l'affaire du «36», il est soupçonné, avec son ancien avocat, Marcel Ceccaldi, d'avoir payé pour tenter de faire régulariser deux Marocaines sans-papiers, en 2014.

L'intervention de l'ancien chef du GIGN, Christian Prouteau, avait été sollicitée dans ce but, de même que celle de Kofi Yamgnane, ex-secrétaire d'Etat. La compagne de Christophe Rocancourt ainsi qu'un notaire sont également impliqués dans ce dossier, qui a entraîné l'explosion d'une deuxième affaire.

Cette dernière met en cause Bernard Petit, alors à la tête du prestigieux 36 Quai des Orfèvres. Il est soupçonné, comme son chef de cabinet de l'époque, Richard Atlan, d'avoir violé le secret de l'instruction en renseignant Christian Prouteau via un intermédiaire, avant même qu'il soit placé en garde à vue, en octobre 2014.

Des faits qui avaient motivé le limogeage du patron de la police judiciaire, le 6 févier 2015, ainsi que sa mise en examen, une première. La disgrâce de Bernard Petit, nommé 14 mois auparavant, avait eu un écho retentissant, notamment parce que son prédécesseur, Christian Flaesh, avait déjà été écarté pour avoir prévenu Brice Hortefeux, proche de l'ex-président Nicolas Sarkozy, d'une convocation pour être entendu comme témoin.

L'année 2014 avait en outre été marquée par deux scandales au sein de la police judiciaire parisienne. D'abord une plainte dénonçant un viol dans les locaux du 36 et visant deux policiers, mais aussi le vol de 52kg de cocaïne dans les scellés.

Les prévenus contestent les faits

Bernard Petit a entraîné un autre policier dans sa chute : l'influent Joaquin Masanet, ancien syndicaliste retraité soupçonné d'avoir aidé à transmettre ces informations à Christian Prouteau. En parallèle, les investigations ont jeté la lumière sur des soupçons de malversations massives au sein de l'Anas, l'association en charge des oeuvres sociales de la police, alors présidée par Joaquin Masanet.

Une série d'abus lui sont ainsi reprochés : des interventions monnayées dans des dossiers de titres de séjour, de permis de conduire ou de contraventions, quelque 60.000 euros de frais de bouche fictifs mais aussi la surfacturation de travaux, à hauteur de 470.000 euros. Le fils de Joaquin Masanet, trois membres du personnel de l'Anas, un entrepreneur et deux autres policiers sont également poursuivis, à des degrés divers.

Ces différents volets de l'affaire des fuites au 36 Quai des Orfèvres devaient initialement être jugés séparément mais ont finalement été réunis. Ce lundi, Bernard Petit, 66 ans, sera présent à la barre. Il est renvoyé devant le tribunal pour révélation d'information sur une instruction à une personne susceptible d'être impliquée et violation du secret de l'instruction. Des accusations qu'il a «formellement» contestées au cours de l'enquête.

Agé de 55 ans, Christophe Rocancourt est de son côté jugé pour trafic d'influence et escroquerie. Son avocat, Me Jérôme Boursican, insiste sur l'ancienneté des faits qu'il juge «très marginaux dans cette procédure qui, pour l'essentiel», ne «concerne pas» son client. Il a toutefois précisé que ce dernier «s'expliquera volontiers». Egalement poursuivis pour trafic d'influence, Christian Prouteau, 78 ans, et l'ex-secrétaire d'Etat à l'Intégration (1991-1993) Kofi Yamgnane, 76 ans, ont nié avoir été payés pour faire jouer leurs réseaux.

Enfin, Joaquin Masanet, 69 ans, comparaîtra pour complicité d'entrave à une enquête, trafic d'influence et abus de confiance aggravé. Comme les autres prévenus, il a nié les faits qui lui sont reprochés, à savoir son rôle présumé dans la transmission d'informations confidentielles et l'utilisation des moyens de l'Anas à des fins personnelles.

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