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Affaire Cahuzac : Hollande annonce des lois mais n'éteint pas l'incendie

Le président François Hollande et l'ex-ministre du Budget Jérôme Cahuzac, le  4 juillet 2012 à Paris [Marion Berard / AFP/Archives] Le président François Hollande et l'ex-ministre du Budget Jérôme Cahuzac, le 4 juillet 2012 à Paris [Marion Berard / AFP/Archives]

Confronté à la pire crise politique de son mandat après les aveux de mensonge de l'ancien ministre du Budget Jérôme Cahuzac, François Hollande a riposté mercredi par des mesures de transparence politique jugées insuffisantes par l'opposition, qui réclame un changement de gouvernement.

"J'affirme ici que Jérôme Cahuzac n'a bénéficié d'aucune protection autre que celle de la présomption d'innocence, et il a quitté le gouvernement à ma demande dès l'ouverture d'une information judiciaire", a dit M. Hollande dans une déclaration télévisée solennelle.

Le président a dénoncé "un outrage fait à la République" en évoquant les mensonges de son ancien ministre chargé de la lutte contre la fraude fiscale et titulaire d'un compte bancaire non déclaré à l'étranger, d'abord en Suisse, ensuite à Singapour, totalisant 600.000 euros.

La "bombe Cahuzac" secoue un exécutif déjà impopulaire et confronté à de multiples difficultés: chômage en hausse, report des objectifs de réduction des déficits, mobilisation massive des adversaires du projet de loi sur le mariage homosexuel.

L'ex-ministre du Budget Jérôme Cahuzac le 3 avril 2013 à Paris [Martin Bureau / AFP]
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L'ex-ministre du Budget Jérôme Cahuzac le 3 avril 2013 à Paris
 

"A la crise économique et sociale dans laquelle est plongée la France s'ajoute désormais une profonde crise démocratique, tant le plus élémentaire contrat de confiance entre le peuple et ses gouvernants est rompu", déplorait mercredi le journal Le Monde.

Le président de l'UMP (droite), Jean-François Copé, a estimé que François Hollande devait "changer complètement son gouvernement, son Premier ministre et ses ministres".

Selon un sondage Harris Interactive/LCP, près de 60% des Français interrogés considèrent que l'exécutif a mal géré l'affaire et les trois-quarts des sondés estiment qu'elle a un "impact négatif dans la confiance" qu'ils ont envers les responsables politiques.

Pour tenter de limiter les dégâts, François Hollande, qui avait fait campagne pour une "République exemplaire" après les affaires intervenues pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, a annoncé plusieurs lois sur la transparence de la vie politique.

Le gouvernement soumettra ainsi au Parlement "dans les semaines qui viennent" un projet visant à "assurer la publication et le contrôle sur les patrimoines des ministres et de tous les parlementaires", a précisé le président.

La présidente du Front national, Marine Le Pen, le 3 avril 2013 à Charleville-Mézières, dans le nord est [Francois Nascimbeni / AFP]
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La présidente du Front national, Marine Le Pen, le 3 avril 2013 à Charleville-Mézières, dans le nord est
 

Afin de lutter de "manière impitoyable contre les conflits entre les intérêts publics et les intérêts privés", il est aussi prévu d'interdire de mandat tout condamné pour corruption ou fraude fiscale, a ajouté le chef de l'Etat.

Mensonge ou naïveté: l'exécutif piégé

Après avoir nié depuis décembre la possession d'un compte secret, Jérôme Cahuzac, ancien président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale et ex-chirurgien, a admis mardi avoir menti au président, au gouvernement, au Parlement et à plusieurs médias. Il a été mise en examen (inculpé) pour blanchiment de fraude fiscale, ce qui peut lui valoir jusqu'à cinq ans de prison en sus d'une amende.

L'ex-ministre avait ouvert ce compte auprès de la banque UBS en 1992. Le compte a été fermé à la fin de 2000 et l'argent a été transféré auprès de la société financière Reyl et Cie, toujours à Genève. Il a ensuite été transféré à Singapour en 2009, a précisé son avocat.

L'affaire a provoqué à droite, au centre, à l'extrême droite et dans la gauche radicale des attaques contre l'exécutif, soupçonné soit d'avoir couvert l'ancien ministre, soit d'avoir été naïf.

"Je ne vois pas d'autre solution que de démissionner le gouvernement et de dissoudre l'Assemblée nationale", a lancé la présidente du Front national, Marine Le Pen, qui espère surfer sur le "tous pourris", un des thèmes favoris de l'extrême droite.

 
 

"Je n'ai jamais eu la volonté de blanchir Jérôme Cahuzac", s'est défendu le ministre de l'Economie Pierre Moscovici qui avait autorité sur l'ancien ministre. "Tous les éléments ont été transmis à la police judiciaire", a-t-il assuré.

Cofondateur du site internet Mediapart, qui a révélé en décembre l'affaire Cahuzac, le journaliste Edwy Plenel a jugé mercredi que François Hollande n'avait "pas d'excuse" pour ne pas avoir réagi plus vite au scandale.

 

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