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En région, les habitants craignent que l'exode des Parisiens propage le coronavirus

L'île de Ré fait partie des lieux qui ont été particulièrement rejoints par les Parisiens à l'annonce du confinement. La communauté de communes a demandé une surveillance «maximale» du pont par la gendarmerie.[XAVIER LEOTY / AFP]

«Confinement total» : ces deux mots, prononcés par Emmanuel Macron, ont provoqué un exode massif des Parisiens vers la province. En période d'épidémie, ce comportement contribue-t-il à propager le virus ? Comment réagissent les habitants des régions d'accueil ?

A Arcachon, sur les îles d'Oléron ou de Ré, les volets de nombreuses résidences secondaires ont rouverts. Les autorités locales s'inquiètent de cet afflux d'arrivants venus fuir le coronavirus.

«On sait que des résidents secondaires sont arrivés car il y avait beaucoup de monde dans les supermarchés, la gendarmerie a dû intervenir au Leclerc de Saint-Martin-de-Ré pour rappeler les règles», dit Patrick Rayton, maire de La Couarde-sur-Mer (1.100 habitants) sur l'île de Ré.

Dans un communiqué, plusieurs communes de l'île d'Oléron s'inquiètent d'un «risque de surcharge aux services d’urgences qui ne sont pas dimensionnés pour gérer un nombre de patients potentiels supplémentaires».

Pourtant, selon Pascal Crépey, enseignant chercheur au département d'épidémiologie de l'Ecole des hautes études en santé publique, il n'est pas certain que «la transhumance des citadins» accélère la propagation du virus.

«D'abord, les personnes qui sont parties n'étaient pas forcément contagieuses, commence-t-il. Et, de toute façon, la diffusion en région a déjà lieu. Même si les tous premiers cas français de coronavirus étaient majoritairement parisiens, l'introduction de la maladie en province n'est pas liée à Paris.»

En réalité, d'un point de vue purement théorique, Pascal Crépey considère même que cet exode pourrait être bénéfique s'il permet de diminuer «la densité de population des villes», qui favorise la transmission du virus.

Néanmoins, le chercheur comprend l'inquiétude que cela peut susciter. Il pointe notamment la possibilité de cas asymptomatiques parmi les «exilés». «Il ne faudrait pas que cela déplace le problème, concède-t-il. Surtout dans des zones où les déserts médicaux posent d'autres problèmes de recours aux soins.»

C'est justement ce qui inquiète Denis Palluel, maire d'Ouessant : «On a très peu de filets de sécurité au niveau approvisionnement, au niveau sanitaire. A Molène par exemple, il n'y a pas de médecin. A Ouessant il y en a un seul, on serait très vite débordés», explique-t-il.

Les habitants des régions plébiscitées semblent d'ailleurs partager ces craintes. Sur les réseaux sociaux, plusieurs ont appelé les Parisiens à «rester chez eux».

Dans le bassin d'Arcachon, un tag «Parigo home virus» a même été observé au Cap-Ferret.

Certaines autorités locales ont donc pris des mesures. Dans le Morbihan, la préfecture a décidé, à partir de mercredi 18 et jusqu'au 31 mars, d'interdire les locations d'hébergement dans quatre îles, dont Groix et Belle-Ile.

Pour la communauté de communes d'Oléron, le confinement devrait «se faire à son domicile (au sein de sa résidence principale) et non pas dans une résidence secondaire, une résidence de vacances ou celle de la famille élargie».

Là encore, Pascal Crépey cherche l'apaisement. Il insiste sur le fait que «si les personnes respectent les règles et restent confinées, ça ne changera rien qu'elles le fassent à Paris ou ailleurs».

«En confinement, pas en vacances»

Problème : Lionel Quillet, président de la communauté de communes de l'Ile de Ré, déplore justement le comportement de ses hôtes parisiens. «Les arrivants se sont rués sur les courses, il y a eu des tensions avec les locaux. Ensuite il faisait beau, ils ont pris les vélos pour se balader, il y a eu des activités nautiques», assure-t-il.

En conséquence, l'hôpital d'été de Saint-Martin-de-Ré a été réactivé et les liaisons cyclables de ville à ville ainsi que les sports nautiques ont été interdits.

«On est en confinement, pas en vacances» a rappelé Pascal Massicot, président de la communauté de commune d'Oléron.

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