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Elections municipales : Les 5 points chauds à surveiller

Louis Aliot, candidat du Rassemblement national à Perpignan, lors du premier tour des élections municipales en mars. Louis Aliot, candidat du Rassemblement national à Perpignan, lors du premier tour des élections municipales en mars. [Raymond ROIG / AFP]

Résultats incertains, alternance droite-gauche, victoire possible du Rassemblement national... Pour des raisons différentes, dans ces cinq villes, les élections municipales présentent un intérêt particulier.

Marseille

Après avoir été dirigée pendant vingt-cinq ans par la droite et Jean-Claude Gaudin, la ville de Marseille pourrait bien repasser à gauche et, pour la première fois de son histoire, être dirigée par une femme. Michèle Rubirola, qui mène la liste du Printemps marseillais, une liste «d'union de la gauche», est en effet arrivée en tête au premier tour du 15 mars dernier avec 23 % des voix. Pendant l'entre-deux-tours, elle a également reçu le soutien des écologistes, menés par Sébastien Barles, dont la liste avait enregistré 8 % des suffrages.

Derrière la gauche, Martine Vassal, LR et héritière désignée de Jean-Claude Gaudin, est sur le papier toujours dans la course (22 %). Mais, dernièrement, «l'affaire des procurations» a éclaboussé sa candidature. Alors qu'à Marseille on vote par arrondissement, deux candidates, présentes sur des listes de Martine Vassal, auraient en effet proposé par SMS des «procurations simplifiées», évitant aux électeurs de se déplacer pour les établir ce qui est illégal. 

Aujourd'hui, un sondage Ifop-Fiducial pour La Provence, Sud Radio et CNEWS, paru le 17 juin, donne Michèle Rubirola en tête du deuxième tour avec 36 % des voix, loin devant Martine Vassal (29 %), et le candidat du RN Stéphane Ravier (22 %).

Le Havre

En dehors de Paris, ce sera sans doute la ville de France la plus scrutée. La raison ? Le Premier ministre et ex-maire du Havre (2010-2017), Edouard Philippe, s'est en effet représenté dans son fief de Seine-Maritime. Et depuis Alain Juppé en 1995 à Bordeaux, son mentor en politique, aucun chef de gouvernement en exercice n'avait été candidat à une élection municipale.

Arrivé en tête au premier tour avec 43,59 % des voix (contre 52 % en 2014), Edouard Philippe est crédité de 53 % des intentions de vote au second tour du dimanche 28 juin. Son adversaire, le député communiste Jean-Paul Lecoq, est lui crédité de 47 % des voix. A la tête d'une liste «citoyenne», le député entend pourtant bien amplifier ses 35,87 % du premier tour et multiplie pour cela les déplacements sur le terrain. Un avantage face à un Premier ministre forcément accaparé par la gestion de la crise sanitaire à Paris.

L'issue du vote est donc plus incertaine qu'il n'y paraît. Cela d'autant plus qu'Edouard Philippe dispose de peu de réserves de voix et que le niveau d'abstention a été particulièrement élevé lors du premier tour du 15 mars dernier (60 %). Dans ces conditions, alors que la piste d'un remaniement d'ampleur ne fait presque plus l'ombre d'un doute, c'est la question même de son maintien à Matignon qui se pose. En effet, si le Premier ministre était désavoué par les électeurs, cela sonnerait comme un sérieux avertissement à l'égard de sa politique menée au niveau national.

«Mon objectif, c’est d’être maire du Havre», ne cesse quoi qu'il en soit de répéter le Premier ministre en campagne, après avoir confirmé qu'il privilégierait, en cas de victoire, son poste à Matignon. Mais cet «en même temps», seul le président, d'une part, et les Havrais, d'autre part, peuvent en décider.

LYON

À Lyon, ville qui se distingue en organisant deux élections en même temps, l'une pour pour élire le maire et la seconde pour renouveler le conseil de la métropole, trois forces principales s'opposent : les écologistes d'abord alliés à la gauche et l’extrême gauche, la coalition regroupant ensuite Les Républicains et Gérard Collomb, et, enfin des dissidents de LREM.

A la municipale, le candidat EELV Grégory Doucet part favori pour devenir le prochain maire. L'écologiste avait en effet obtenu un gros score au premier tour (28,46 %), largement devant le candidat LR Etienne Blanc (17 %) et le candidat de Gérard Collomb, Yann Cucherat (LREM désinvesti, 14,92%).

En revanche, le match est plus serré sur la Métropole, véritable enjeu politique car elle concentre l’essentiel des pouvoirs. Il oppose l’écologiste Bruno Bernard (22,62 % des voix au premier tour), le sénateur LR François-Noël Buffet (17,67 %) et le président sortant de la collectivité David Kimelfeld (16,55 %). Pour rappel, ce dernier, LREM dissident, n’avait pas récupéré l’investiture de Gérard Collomb, arrivé lui quatrième au premier tour avec 15,85 % des voix. Devant ce maigre résultat, Gérard Collomb avait ensuite passé un accord avec la droite pour la soutenir au second tour. En échange, la droite a quant à elle retiré son candidat pour la mairie, Etienne Blanc, et soutient à présent Yann Cucherat, le poulain de Gérard Collomb. Une tambouille qui n'a pas du tout été du goût de LREM puisque le mouvement présidentiel a retiré à la fois son investiture à Gérard Collomb et à Yann Cucherat.

Reste que dans la métropole, les Verts sont arrivés en tête dans 8 des 14 circonscriptions et peuvent en théorie espérer l’emporter le 28 juin avec leurs alliés. Mais le niveau de participation et les reports de voix induits par les alliances rendent le verdict incertain. Le plus probable est que l’élection se joue au «troisième tour», quand les conseillers du Grand Lyon devront désigner leur président : sans majorité nette, le jeu des négociations sera très ouvert. Une seule chose est sûre : La République en Marche perdra son fief.

Perpignan

Pour le parti de Marine Le Pen, la ville des Pyrénées-Orientales est un enjeu symbolique. C'est en effet la seule commune de plus de 100.000 habitants qu'ils peuvent espérer conquérir. Lors du premier tour, Louis Aliot, le candidat du Rassemblement national, a en effet terminé la course en tête avec 35 % des voix.

Cela sauf si le «front républicain» qui tente de se former autour du maire LR sortant Jean-Marc Pujol, qui a seulement récolté 18,4 % des voix, beaucoup moins qu’en 2014 (30 %) quand il avait ensuite vaincu Louis Aliot au second tour, parvient à rassembler la gauche, le centre et la droite, comme en 2014.

Qualifiés pour le second tour, l’écologiste Agnès Langevine (EELV-PS, 14,5 %), vice-présidente de la région Occitanie, et le député En Marche Romain Grau (13 %) espèrent publiquement empêcher la victoire de Louis Aliot. Dans les faits, la mobilisation anti-Aliot reste pourtant incertaine. Trois colistiers de Romain Grau se sont en effet prononcés pour le député RN. 

Toulouse

A Toulouse, fait inédit, le maire sortant, Jean-Luc Moudenc avait été investi par deux partis, Les Républicains, sa formation d'origine, et La République en Marche. Fort de ces deux soutiens, Jean-Luc Moudenc est bien arrivé en tête au premier tour de scrutin avec 36 % des voix . 

Mais, derrière lui, deux puissantes listes de gauche, «Archipel citoyen» et «Une nouvelle énergie pour Toulouse» (27 % et 18 % des voix au premier tour) ont fusionné. Avec pour effet qu'Antoine Maurice, leur leader, arrive en tête des intentions de vote pour le second tour, selon plusieurs sondages.

Pour autant, rien n'est joué d'avance. Une dernière étude crédite en effet Antoine Maurice de tout juste 51 % des voix, contre 49 % pour Jean-Luc Moudenc. Compte tenu de la marge d'erreur et de la participation incertaine, le candidat soutenu par LR et LREM serait donc loin d'être à terre et reste donc toujours dans la course.

Définitivement «Macron-compatible», le nom de Jean-Luc Moudenc a par ailleurs été évoqué à plusieurs reprises dans la presse à l'aune d'un remaniement ministériel. Mais le maire sortant a assuré que Toulouse est «la ville de sa vie» et que, de ce fait, il refuserait, si on lui en fait la proposition, tout poste au gouvernement. 

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