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Procès des attentats de janvier 2015 : qui sont les accusés ?

Ce mercredi s'ouvre à Paris le procès très attendu des attentats de janvier 2015, qui ont visé Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes. Ils seront 14 à être jugés, car soupçonnés d'avoir apporté un soutien logistique aux frères Kouachi et à Amédy Coulibaly, mais seulement 11 seront présents dans le box des accusés.

Trois d'entre eux ont en effet pris la fuite vers la zone irako-syrienne quelques jours avant les attaques. Leur mort, évoquée par diverses sources, n'a jamais été officiellement confirmée et tous trois restent visés par des mandats d'arrêt.

Hayat Boumedienne

La plus connue est sans doute Hayat Boumedienne, veuve d'Amédy Coulibaly, délinquant radicalisé en prison ayant tué une policière municipale à Montrouge (Hauts-de-Seine) le 8 janvier 2015 avant d'exécuter le lendemain quatre hommes, tous juifs, lors de la prise d'otages du magasin Hyper Cacher. En plus d'être jugée pour «association de malfaiteurs terroriste criminelle», elle est également poursuivie pour «financement du terrorisme», pour avoir participé à des escroqueries aux véhicules afin de financer les projets terroristes d'Amédy Coulibaly, qu'elle a épousé religieusement en 2008.

Mehdi et Mohamed Belhoucine

Les deux autres prévenus manquant à l'appel sont les frères Mehdi et Mohamed Belhoucine. Le premier, ancien étudiant en ingénierie mécanique, est accusé d'avoir «exfiltré» Hayat Boumedienne, juste avant les attentats, vers la Syrie, où elle a intégré Daesh. Quant au second, ancien étudiant de la prestigieuse Ecole des Mines, il est considéré comme le mentor d'Amédy Coulibaly, avec lequel il a séjourné en prison. Il est soupçonné d'être l'auteur du serment d'allégeance à Daesh lu par Coulibaly dans une vidéo de revendication. Il lui aurait également ouvert le canal de communication avec un commanditaire. Il est l'un des deux accusés sur lesquels pèsent les plus lourdes accusations, à savoir «complicité» de crimes terroristes, passible de la réclusion criminelle à perpétuité.

Ali Riza Polat

L'autre prévenu dans ce cas, Ali Riza Polat, un Franco-Turc de 35 ans, prendra place de son côté dans le box. En détention depuis mars 2015, celui qui avait rencontré Amédy Coulibaly dans une cité de Grigny (Essonne) apparaît «à tous les stades de la préparation» des attentats, selon les juges antiterroristes. Il est notamment soupçonné d'avoir aidé Coulibaly à se procurer l'arsenal utilisé dans les attaques de l'Hyper Cacher et de Montrouge, mais aussi celle de Charlie Hebdo, commise par les frères Saïd et Chérif Kouachi et qui a fait 12 morts. Juste après les attentats, il avait tenté à plusieurs reprises de quitter la France, et notamment de se rendre en Syrie.

D'anciens codétenus de Coulibaly

Parmi les accusés, Mohamed Belhoucine n'est pas le seul à avoir été en prison avec Amédy Coulibaly. Nezar Pastor Alwatik et Amar Ramdani ont eux aussi en effet été incarcérés par le passé avec lui à Villepinte (Seine-Saint-Denis), et étaient affectés comme lui à la buanderie de la maison d'arrêt. Pour les juges, ils ne pouvaient ignorer, comme d'autres proches du jihadiste renvoyés à leurs côtés, les «convictions islamistes radicales» d'Amédy Coulibaly et son adhésion à l'idéologie de Daesh.

Les investigations ont par ailleurs révélé de très nombreux contacts téléphoniques entre Coulibaly et ses ex-codétenus, ainsi que des rencontres physiques juste avant les attaques. L'ADN de Nezar Pastor Alwatik a en outre été retrouvé sur deux armes découvertes dans un logement loué par Coulibaly et à l'intérieur d'un gant saisi à l'Hyper Cacher. Amar Ramdani est, lui, soupçonné d'avoir fait l'intermédiaire entre Coulibaly et Saïd Makhlouf, dont l'ADN a été mis en évidence sur la lanière d'un taser en possession du jihadiste dans l'épicerie casher.

Ramdani et Makhlouf s'étaient rendus plusieurs fois fin 2014 en région lilloise, d'où proviennent les armes de Coulibaly. Là-bas, ils avaient rencontré Mohamed Fares, interpellé dans ce volet armes après avoir été désigné fin 2017 dans un courrier anonyme. Selon les investigations, Fares est en lien avec deux des armes qui étaient en possession de Coulibaly, dont un fusil d'assaut.

Des fournisseurs d'armes de Saïd Kouachi

Abdelaziz Abbad et Miguel Martinez, qui vivaient et travaillaient à Charleville-Mézières (Ardennes), d'où sont originaires les femmes des frères Kouachi, sont eux accusés d'avoir recherché des armes pour Saïd Kouachi. En lien avec Ali Riza Polat, ils s'étaient adressés à Metin Karasular et s'étaient rendus dans son garage, à Charleroi, en Belgique. Une liste recensant les prix de munitions et de détonateurs, rédigée par Polat selon une expertise, a été retrouvée dans ce garage. Metin Karasular a par ailleurs acheté à Amédy Coulibaly une Mini Cooper immatriculée au nom d'Hayat Boumedienne.  

Plusieurs déplacements entre la France et la Belgique fin 2014-début 2015, relatifs selon les enquêteurs au transport d'armes et auxquels aurait également participé Michel Catino, un ami de longue date de Metin Karasular, ont été mis au jour par la téléphonie. Un autre accusé, Willy Prevost, a fait état d'un transport d'armes plus ancien entre Charleroi et Grigny (Essonne), dès août 2014.

Celui-ci, qui a grandi au côté de Coulibaly à Grigny, a été l'un des premiers suspects interpellés dans ce dossier, après la découverte de son ADN dans la Renault utilisée par Coulibaly pour se rendre à l'Hyper Cacher. Il a aussi reconnu avoir enlevé le traqueur GPS de la moto de l'attaque de Montrouge. Il a également acheté pour Coulibaly trois gilets tactiques, deux couteaux et un taser, accompagné d'un ami, Christophe Raumel. 

Pour ce dernier, la qualification terroriste a été abandonnée. Il comparaîtra libre pour «association de malfaiteurs» simple devant la cour d'assises spéciale. Un délit pour lequel il encourt dix ans de prison, contre vingt ans pour les prévenus accusés d'«association de malfaiteurs terroriste criminelle».

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