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Le philosophe Michel Foucault accusé de pédocriminalité

Michel Foucault, décédé en 1984, est accusé d'avoir abusé de jeunes garçons tunisiens par l'essayiste Guy Sorman. [Michèle Bancilhon / AFP]

«De jeunes enfants couraient derrière Foucault et lui criaient : "Et moi ? Prends-moi, prends-moi !"». Tel est le témoignage glaçant de l'essayiste Guy Sorman, qui accuse Michel Foucault de pédocriminalité.

Les deux hommes se sont fréquentés dans les années 1960. A l'époque, Michel Foucault commençait à se faire connaître, et s'était installé en Tunisie pour écrire Les Mots et les choses (1966). 

Guy Sorman se serait rendu compte de ses agissements en lui rendant visite en Tunisie. «Il y avait des enfants de 8, 9, 10 ans qui lui couraient après», raconte-t-il au Sunday Times, ce 28 mars. Michel Foucault «leur jetait de l'argent en leur disant : "Rendez-vous à 22h à l'endroit habituel !"» Ensuite, toujours d'après Guy Sorman, le philosophe emmenait les enfants dans le cimetière de Sidi Bou Said (banlieue de Tunis) pour avoir des rapports sexuels avec eux. 

des Actes «ignobles»

Invité sur le plateau de «C ce soir» pour la sortie de son dernier essai, Guy Sorman a qualifié le comportement de Michel Foucault d'«ignoble, d'une laideur morale extrême». Il a déclaré regretter de ne pas l'avoir dénoncé plus tôt. 

Guy Sorman n'appelle pas pour autant au boycott du philosophe : «Je relis Foucault, mais je sais qui est Foucault», nuance-t-il. «Je crois que c'est ce double regard qui s'impose.»

Plus largement, l'intellectuel récuse le phénomène de «cancel culture», une pratique très répandue aux Etats-Unis qui consiste à boycotter une personne ou une oeuvre pour des propos ou actes racistes, homophobes, sexistes, etc. Par exemple, ne plus regarder «Peter Pan» parce qu'il contient des scènes racistes, ou ne plus lire Céline parce qu'il était antisémite. «Foucault ne doit pas être cancel», a insisté Guy Sorman auprès du Sunday Times. «Je n'invite personne à brûler ses livres, simplement à comprendre la vérité à son sujet, et comment lui et certains philosophes usaient de leurs arguments pour justifier leurs passions et leurs désirs.»

Abus sexuels tolérés

Par «certains philosophes», Guy Sorman entend «une large partie du milieu intellectuel des années 1960». A cette époque, avoir des relations sexuelles avec des enfants était toléré, dans le prolongement des mouvements de libération sexuelle et des corps, de féminisme et de remise en cause du patriarcat. Certains, comme Daniel Cohn-Bendit, le revendiquait haut et fort. Ils se targuaient de jouer le rôle d'éducateur, et affirmaient que cette pratique allait de pair avec la libération sexuelle. 

Une tribune, publiée dans Le Monde en 1977, a même défendu le «droit» des adultes à avoir des relations sexuelles avec des mineurs. Parmi les signataires : l'écrivain Gabriel Matzneff, aujourd'hui visé par plusieurs procédures judiciaires, le philosophe Jean-Paul Sartre, le poète Louis Aragon, le critique Roland Barthes... mais pas Michel Foucault. 

Ce n'était que partie remise. Le philosophe signait, la même année, une pétition demandant au Parlement d'assouplir la loi concernant la majorité sexuelle. Michel Foucault mourra 7 ans plus tard à l'âge de 57 ans. Il est aujourd'hui considéré comme l'un des penseurs les plus emblématiques du XXème siècle. 

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