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La Commission sur l’inceste lance une plate-forme pour recueillir la parole des victimes

La Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) lance ce mardi à 10h une plate-forme téléphonique pour recueillir les témoignages des victimes et de leurs familles, souvent murées dans le silence.

L’objectif : s’inspirer de leurs paroles pour formuler des réponses politiques à l’horizon 2023 qui protégeront mieux les enfants. La Ciivise appelle donc toutes les personnes qui le souhaitent à témoigner, pour mieux connaître les ressorts des violences sexuelles envers les plus jeunes.

«Les pédopsychiatres, les psychologues signalent que les enfants victimes de violences sexuelles souvent se dessinent sans bouche. Nous, nous disons aux victimes : vous êtes écoutées et comprises, votre parole est crue, elle va permettre de construire une politique publique», a expliqué à l'AFP Édouard Durand, coprésident de cette commission, et ancien juge des enfants.

«Il y a 160.000 enfants victimes de violences sexuelles chaque année en France. Nous sommes face à un phénomène d'une ampleur extrême, a-t-il précisé. (…) Ce qui est nouveau aujourd'hui, c'est que la société a conscience qu'elle ne peut pas banaliser l'extrême gravité des violences sexuelles faites aux enfants, leur ampleur, leur impact traumatique considérable, et que la société est responsable de la protection des enfants.»

Seuil de consentement à 18 ans en cas d'inceste

Cette commission a été créée à l’initiative du secrétaire d’État en charge de l’Enfance, Adrien Taquet, à la suite de la publication du livre «La Familia Grande» de Camille Kouchner, dans lequel elle accuse son beau-père, Olivier Duhamel, d’avoir violé son frère jumeau. Un ouvrage qui avait eu l’effet d’une bombe, et engendré la vague #MeTooInceste sur les réseaux sociaux.

Quelques semaines plus tôt, l’Institut national d’études démographiques (Ined) publiait les résultats d’une enquête menée en 2015 sur les violences sexuelles, menée sur 27.000 personnes. Elle soulignait notamment que, parmi les victimes de violences, un quart des femmes et un tiers des hommes ont déclaré avoir subi des viols ou tentatives de viols avant l’âge de 11 ans, dans plus de la moitié des cas par des membres de la famille ou des proches. Un sondage Ipsos pour l’association Face à l’inceste publié fin décembre 2020 fait également état de 6,7 millions de Français déclarant avoir été victimes d’inceste, soit près de 10% de la population. 

Face à l’augmentation des signalements et dans un climat marqué par des affaires comme celle d’Olivier Duhamel, le gouvernement a aussi souhaité agir. Une loi visant à protéger les mineurs a notamment été promulguée en avril dernier, fixant le seuil de consentement pour un acte sexuel à 15 ans, et à 18 ans en cas d'inceste. 

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