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Le gouvernement lance une campagne anti-GHB avant la réouverture des discothèques

Certains agresseurs versent du GHB dans le verre d'une victime à son insu, pour abuser d'elle par la suite.[Unsplash/Michael Discenza]

Pour que «la fête ait lieu» dans le cadre de la réouverture des discothèques le 16 février, le gouvernement s'est saisi de la problématique des empoisonnements aux GHB dans les lieux de nuit. Une campagne de sensibilisation a été lancée ce mardi, notamment dans le but d'améliorer la prise en charge des victimes.

Le GHB est utilisé par certains agresseurs pour altérer l'état de conscience d'une personne, afin de la voler ou l'agresser. Surnommé «drogue du violeur», il est plus particulièrement utilisé par certains criminels pour abuser des femmes.

Le produit est généralement versé dans la boisson de la victime, à son insu. Cette dernière ne se rend compte de rien puisque le GHB est inodore, incolore et sans saveur particulière. Cette drogue aux effets anesthésiants induit souvent une amnésie, voire une perte de conscience, au cours de laquelle la personne droguée est particulièrement vulnérable. C'est ce qu'on appelle la soumission chimique.

«Nous avons eu plusieurs alertes de la part de l'UMIH (Union des métiers des industrie de l'hôtellerie, ndlr), des forces de l'ordre, des différents acteurs du monde de la nuit mais aussi des victimes elles-mêmes», a indiqué la ministre déléguée en charge de la citoyenneté, Marlène Schiappa, lors de la présentation du plan anti-GHB, mardi 15 février. Ce phénomène «à la croisée des luttes contre la drogue et contre les violences sexistes et sexuelles n'est pas anodin». Certains disent que "cela fait partie de la fête" et qu'on sort "à ses risques et périls" mais c'est faux. L'empoisonnement au GHB est gravissime et sanctionné par la loi».

Ce plan anti-GHB est marqué par la collaboration entre l'Etat, les forces de l'ordre et les professionnels du secteur de la nuit. L'Umih s'est ainsi engagé à former et sensibiliser les équipes des établissements de fête à ce sujet. Ces derniers participent également à la campagne de communication imaginée par le gouvernement, qui prend la forme d'affiches distribuées dans les discothèques et bars de nuit partenaires. Plus largement, ces visuels sont destinés à « tous les professionnels de l'hôtellerie restauration et du monde de la nuit», selon Marlène Schiappa.

Ces flyers et posters s'adressent aussi bien aux victimes potentielles d'un empoisonnement qu'aux personnes qui les accompagnent, pour leur permettre de savoir comment réagir en cas d'agression. En lettres blanches sur fond orange, on peut lire «Drogué(e) malgré toi ?», ou encore «Ton ami(e) a été drogué(e) ?», avec un QR code associé.

Il renvoie vers la plate-forme arrêtonslesviolences.gouv.fr, créée pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles et accessible 24h/24, 7j/7. Les appelants sont mis en relation directe avec des policiers ou des gendarmes qui peuvent se déplacer immédiatement sur les lieux de l'agression ou simplement donner des conseils en vue d'un dépôt de plainte. Des psychologues sont également joignables.

Dans le cadre de ce plan anti-GHB, des «instructions» ont été données aux forces de l'ordre, a indiqué Marlène Schiappa. Elles ont dorénavant pour consigne de «déclencher le protocole viol dès le moindre soupçon» de soumission chimique, avec la réalisation «systématique» de tests toxicologiques. Le GHB a en effet la particularité d'être éliminé très rapidement par l'organisme, aussi, il faut agir très rapidement pour espérer le détecter.

Des témoignages sur les réseaux sociaux

A l'automne dernier, les témoignages de personnes pensant avoir été droguées à leur insu avaient fleuri sur les réseaux sociaux, relayés notamment sous les hashtag #balancetonbar et #metooGHB. Faisant référence à cette libération de la parole, Marlène Schiappa a néanmoins souligné qu'il était difficile de «quantifier ces atteintes» en raison du «peu de plaintes» enregistrées.

«Je rappelle qu'aujourd'hui le fait de mettre du GHB ou tout autre drogue dans le verre de quelqu'un dans le but d'abuser de cette personne est puni par des années de prison et 75.000 euros d'amende, a affirmé la ministre déléguée. C'est illégal, ce sont des actions à visée délictuelle ou criminelle».

En parallèle, le ministère de l'Intérieur a précisé dans un communiqué que «l'usage de la "drogue du violeur" constitue désormais une circonstance aggravante en matière de viol et d'agressions sexuelles». Pour un viol commis dans ces circonstances, la peine encourue a ainsi été portée à vingt ans de réclusion criminelle.

Pour encourager les victimes à déposer plainte, Marlène Schiappa veut «lever une forme de honte», souvent ressentie par les personnes droguées à leur insu. S'adressant directement à ces dernières, la ministre déléguée a donc insisté : «Il n'y a pas de honte à avoir. Vous avez des droits, vous devez être protégées».

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