En direct
A suivre

Île-de-France : la Cour des comptes veut augmenter les tarifs dans les transports en commun

Les recettes d'Ile-de-France sont en chute libre depuis le début de la crise, alors que les investissements se poursuivent. Les recettes d'Ile-de-France sont en chute libre depuis le début de la crise sanitaire, alors que les investissements se poursuivent. [© Ludovic MARIN / AFP]

Le couperet (symbolique) est tombé. Alors que la présidente de la région et d'Ile-de-France Mobilités (IDFM), Valérie Pécresse, avait fait le choix de ne pas augmenter le prix du passe Navigo cette année, c'est finalement la Cour de comptes qui pousse à le faire.

Selon l'institution, des recettes supplémentaires sont en effet nécessaires pour rétablir l'équilibre des finances des transports en commun d'Ile-de-France mis à mal par la crise sanitaire. Pour cela, elle propose d'augmenter les tarifs, y compris du passe Navigo, de cibler les automobilistes ou encore de faire davantage participer les collectivités locales.

«La soutenabilité de la dette d'IDFM au-delà de 2026 ne pourra être assurée sans recettes supplémentaires», écrit la Cour dans son rapport annuel dévoilé ce mercredi 16 février, notant que la fréquentation n'a pas retrouvé ses niveaux d'avant-crise et que les dépenses d'exploitation doivent augmenter avec l'ouverture de nouvelles infrastructures.

Car si l'Etat a renfloué les caisses d'Ile-de-France Mobilités (IDFM) en 2020 et 2021 – en avançant respectivement 1,3 milliard et 800 millions d'euros –, sa contribution s'est essentiellement faite sous forme d'une avance remboursable, que l'institution organisatrice des transports en commun dans la région va devoir rembourser jusqu'en 2036.

DE NOUVELLES RECETTES À TROUVER

Côté recettes, les Sages prônent donc une hausse des tarifs justifiée au moins par «des extensions substantielles du réseau, en cours et à venir, et l'amélioration corrélative de la qualité de service», en modulant «le cas échéant» l'augmentation du passe Navigo selon des critères de revenus et en ciblant les touristes.

Ils appellent également de leurs vœux une «participation accrue des collectivités membres d'IDFM» – telles que la Ville de Paris, les départements et la région – et suggèrent de «faire profiter IDFM de la valorisation d'une partie de la plus-value immobilière que les collectivités territoriales et les entreprises tirent de la mise en service des gares et stations des nouvelles lignes».

Les automobilistes franciliens pourraient aussi être mis à contribution, la Cour des comptes citant un péage urbain, une vignette ou une taxe sur le carburant. Par ailleurs, «la fréquentation [des transports en commun] pourrait être accrue grâce à l'amplification des mesures [...] dissuadant l'usage de la voiture», écrit-elle.

En revanche, on ne peut selon elle pas demander plus aux entreprises qui financent la moitié des transports publics d'Ile-de-France.

LA BALLE DANS LE CAMP D'IDFM ?

Des préconisations qui ont immédiatement fait réagir le Premier ministre Jean Castex, qui a répondu à la Cour des comptes qu'«il appartient à IDFM, dans l'exercice d'une compétence qui lui est dévolue, d'explorer les leviers, aussi bien en recettes qu'en dépenses, pour tendre vers l'équilibre financier du système de transports collectifs franciliens».

Néanmoins, le chef de l'Etat a écarté la mise en place de toute nouvelle taxe pour rétablir l'équilibre des finances d'IDFM, tant la hausse suggérée des contributions des automobilistes franciliens qu'une éventuelle contribution immobilière.

«Il conviendrait d'offrir à Ile-de-France Mobilités de nouvelles ressources fiscales pour financer l'exploitation des projets en cours de réalisation et à venir, notamment le Grand Paris Express, comme le Premier Ministre s'y était engagé dans un courrier du 21 janvier 2020», a de son côté fait savoir Valérie Pécresse, qui interpelle l'Etat sur cette question depuis des mois.

De son côté, elle refuse une augmentation des contributions des collectivités locales, alors que le directeur général d'IDFM, Laurent Probst, rejette quant à lui toute augmentation des tarifs «à très court terme, tant que le niveau de fréquentation des transports en commun ne [se sera] pas rétabli à son niveau d'avant la crise». Or, celui-ci n'était que de 76 % de son niveau d'avant-crise la semaine dernière.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités