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Île-de-France : sans augmenter le passe Navigo, comment financer les transports en commun ?

Les nouvelles rames MP14 qui équiperont notamment la ligne 4 lorsqu'elle sera automatisée. Les nouvelles rames MP14, qui équiperont notamment la ligne 4 lorsqu'elle sera automatisée. [© BERTRAND GUAY / AFP]

Alors que la Cour des comptes vient de publier un rapport sur la nécessité de trouver de nouvelles recettes pour rééquilibrer les finances des transports en commun d'Ile-de-France, plusieurs solutions ont été avancées, mais aucune ne semble obtenir l'unanimité des acteurs du secteur. Et pour l'instant, Ile-de-France Mobilités refuse d'augmenter les tarifs pour les usagers.

Pour rééquilibrer ses finances, Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports en commun dans la région, peut s'appuyer sur trois sources de revenus : la participation des collectivités locales, c'est-à-dire la Région Ile-de-France, la Ville de Paris ainsi que les conseils départementaux, la participation des entreprises via le remboursement de la moitié du passe Navigo et via la taxe «versement mobilité», et enfin, les recettes tarifaires, liées aux ventes de tickets de bus et de métro.

Aujourd'hui, seule cette dernière source de financement est entre les mains d'IDFM, les autres étant des compétences de l'Etat. Or, Laurent Probst, directeur général de cette institution, a rappelé sa volonté de ne pas augmenter les tarifs «dans l'immédiat et à court terme». «Augmenter le prix du passe Navigo au moment où on a besoin de faire revenir les usagers, c'est compliqué», explique-t-on chez IDFM, qui souffre toujours – selon les derniers chiffres du mois de janvier 2022 – d'une baisse de fréquentation comprise entre 20 et 25 % par rapport à celle d'avant la crise sanitaire.

Une posture qu'a du mal à comprendre le président de la Fédération nationale des associations d'usagers des transport (FNAUT) en Ile-de-France, Marc Pélissier, qui estime qu'Ile-de-France Mobilités «peut difficilement ne pas toucher aux tarifs, alors qu'il n'y a pas eu de hausse depuis 5 ans». Selon lui, une hausse des tarifs «raisonnable» devrait donc être envisagée, afin de débloquer les négociations avec l'Etat : «ça aiderait à ce que la négociation soit ouverte parce que là, on est dans une impasse».

Des solutions écartées par l'Etat

En parallèle, la Cour des comptes a évoqué un certain nombre d'autres solutions telles que la mise à contribution des automobilistes, que ce soit via un péage urbain, une vignette, une taxe sur le carburant ou encore via «l'amplification de mesures [...] dissuadant l'usage de la voiture».

Elle a également évoqué l'augmentation de la participation des collectivités locales. Comment ? En les taxant sur «une partie de la plus-value immobilière que les collectivités territoriales et les entreprises tirent de la mise en service des gares et stations des nouvelles lignes» tout juste livrées ou encore en construction. Une solution jugée «intéressante» par IDFM et par la FNAUT. «On sait que les nouvelles lignes de métro ont fait monter le prix de l'immobilier», souligne son président Marc Pélissier, qui admet néanmoins qu'il «n'existe pas» aujourd'hui de «mécanisme financier» pour taxer les plus-values immobilières, y compris pour des bâtiments appartenant à l'Etat.

Mais ces deux solutions ont en effet d'ores et déjà été balayées par le Premier ministre Jean Castex, qui a appelé IDFM – présidé par la présidente de la région et candidate LR à l'élection présidentielle Valérie Pécresse – à «explorer tous les leviers», qu'il s'agisse de recettes comme de dépenses, afin de «tendre vers l'équilibre financier du système de transports collectifs franciliens». 

DE nouvelles ressources fiscales

En réponse au Premier ministre, Valérie Pécresse a de son côté réclamé l'aide de l'Etat sur le financement des gros chantiers «en cours de réalisation et à venir». «Il conviendrait d'offrir à IDFM de nouvelles ressources fiscales pour financer l'exploitation» de ces projets, «notamment le Grand Paris Express». Selon la présidente de la région, le Premier Ministre Edouard Phillippe «s'y était engagé dans un courrier du 21 janvier 2020».

Il y a deux ans, l'Etat avait en effet «lancé un processus de réflexion pour trouver de nouvelles sources de financement», rappelle-t-on chez IDFM, soulignant qu'«aucune proposition» n'en avait finalement émané. Selon l'autorité organisatrice des transports en commun, la balle est donc dans le camp de l'Etat, «seul compétent en matière de fiscalité».

«On a besoin de financements pérennes [...] pour faire fonctionner les transports en commun», insiste-t-on au sein du syndicat, qui n'a d'ailleurs «pas l'intention de baisser les investissements». Et d'en donner l'exemple : «rester à une offre réduite de 98 % nous a permis d'économiser 60 millions d'euros l'an passé. Une somme qui couvre l'arrivée des nouvelles stations des lignes 4 et 12».

En attendant, nul doute que rien ne sera décidé à ce sujet avant l'élection présidentielle, organisée les 10 et 24 avril prochains. «Il ne faut pas non plus trop tarder» prévient Marc Pélissier de la FNAUT, assurant qu'«il faudrait que d’ici à la fin de l'année IDFM ait retrouvé un peu de marge de manœuvre».

Mais pas question de s'inquiéter pour autant, car chez IDFM, on assure être «une maison bien gérée». «On a un budget tendu et on fait très attention [...] mais on lève de l'argent pour investir. Les banques nous suivent, on a encore levé 1,3 milliard d'euros en 24h», se targue-t-on dans les rangs de l'institution.

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