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Procès du 13-Novembre : qui a déjà été condamné à la perpétuité incompressible en France ?

Pour un condamné à la perpétuité incompressible, les chances d'être un jour libéré sont infimes. [Photo d'illustration / BORIS HORVAT / AFP].

Le verdict du procès des attentats du 13-Novembre a été annoncé ce mercredi 29 juin, six ans et demi après la nuit d'horreur. Salah Abdeslam, seul membre encore vivant du commando, a été condamné à la perpétuité incompressible. Avant lui, seules quatre personnes y ont été condamnées en France.

Il s'agit de la sanction la plus lourde prévue par le code pénal. Salah Abdeslam a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité incompressible dans le cadre du procès des attentats du 13-Novembre. 

Instaurée en 1994, cette condamnation rarissime rend infime, presque impossible, tout aménagement de peine et n'avait, jusqu'ici, été prononcée qu'à quatre reprises.

Concrètement, lorsqu'une personne est condamnée à la perpétuité incompressible, ses chances d'obtenir un jour un aménagement de peine sont presque réduites à néant, celle-ci ne pouvant demander une révision de son cas qu'au bout de trente ans passés en prison.

Au départ, la perpétuité incompressible était prévue uniquement pour les meurtres d'enfants, accompagnés de viols ou de tortures. Elle a été étendue en 2011 aux meurtres ou tentatives de meurtres sur personnes dépositaires de l'autorité publique (forces de l'ordre, magistrats, surveillants de prison). Après la série d'attentats qui a frappé la France en 2015, la «perpétuité réelle» a cette fois-ci été élargie aux crimes terroristes, en juin 2016.

Par ailleurs, toutes les réclusions criminelles à perpétuité ne sont pas assorties de peine de sûreté, incompressible ou non. Ce n'est que lorsque la cour d'assises l'estime nécessaire qu'elle inflige une période de sûreté, avec un maximum légal de vingt-deux ans pour les crimes commis sur les majeurs. Guy Georges, surnommé «le tueur de l'Est parisien», n'a ainsi pas été condamné à la perpétuité incompressible, mais condamné à perpétuité avec une peine de vingt-deux ans de sûreté en avril 2001 pour les meurtres de sept femmes. 

Plus récemment, en février 2022, dans l'affaire Maëlys, Nordahl Lelandais a lui aussi été condamné à une peine de sûreté de vingt-deux ans. Si la petite fille (8 ans) avait bien moins de 15 ans comme demandé dans les textes, la loi encadre les cas de figure pour justifier une peine de perpétuité incompressible au sens où le meurtre d'un mineur de moins de 15 ans doit être accompagné «d'un viol, de tortures ou d'actes de barbarie». Or le tribunal s'était retrouvé dans l'impossibilité d'en établir strictement la preuve. En 2017, la justice avait également condamné Francis Heaulme à la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre de deux enfants à Montigny-les-Metz en 1986. L'absence d'aveu et de preuve matérielle, autre que sa présence non loin des lieux du double crime, et ses allusions à ce sujet, n'ayant pu déclencher une perpétuité réelle incompressible.

Pierre Bodein, dit «Pierrot le fou»

L'un des rares condamnés en France à la réclusion criminelle à perpétuité incompressible purge sa peine à Moulins, dans l'Allier. Il s'agit de Pierre Bodein, surnommé «Pierrot le fou» et reconnu définitivement coupable en janvier 2010 de trois meurtres et de séquestrations datant de 2004.

Pierre Bodein est emprisonné pour le meurtre d'Hedwige Vallée, 38 ans, l'enlèvement, la séquestration, le viol et le meurtre de Jeanne-Marie Kegelin, 10 ans, ainsi que pour le viol et le meurtre de Julie Scharsch, 14 ans. Les corps des victimes avaient été retrouvés sauvagement mutilés, dans les ruisseaux du centre de l'Alsace.

La condamnation de Pierre Bodein à la «perpétuité réelle» date de 2007, en première instance. Ce multirécidiviste avait passé plus de la moitié de sa vie en prison ou en hôpital psychiatrique au moment de son jugement. «Pierrot le fou» a tenté d'obtenir la révision de son procès en 2019, mais sa requête a été jugée «irrecevable».

Michel Fourniret

Condamné à la perpétuité incompressible en mai 2008 pour le meurtre de sept femmes, Michel Fourniret avait à nouveau écopé de la perpétuité dix ans plus tard, pour un assassinat crapuleux. Mort en 2021, à l'âge de 79 ans, celui qu'on surnommait l'orge des Ardennes a emporté avec lui de nombreux secrets concernant son terrifiant parcours criminel, qui a duré quarante ans.

Michel Fourniret n'en avait pas fini avec la justice puisqu'il était encore mis en examen pour les disparitions ou les meurtres de plusieurs femmes. En mars 2020, il avait fini par reconnaître sa responsabilité dans l'affaire Estelle Mouzin, cette petite fille disparue en 2003 en Seine-et-Marne, alors qu'elle était âgée de 9 ans.

Auparavant, en février 2018, il avait également avoué les meurtres supplémentaires de Marie-Angèle Domece, disparue en 1988 à 19 ans, et de Joanna Parrish, 20 ans, retrouvée violée et étranglée deux ans plus tard. Sa mise en examen pour la disparition de Lydie Logé, en 1993 dans l'Orne, date quant à elle de décembre 2020. Les témoignages de la troisième épouse et complice de Michel Fourniret, Monique Olivier, ont parfois joué un rôle déterminant dans ces révélations.

L'itinéraire criminel de ce tueur en série est tel que certains de ses aveux ont relancé l'espoir d'élucider des «cold cases». Des enquêteurs planchent aujourd'hui encore sur des dossiers de disparitions au long cours, tentant de les relier à l'«ogre des Ardennes».

Nicolas Blondiau

Le soir du 5 novembre 2011, la petite Océane, 8 ans, avait quitté le domicile familial pour aller chercher un jeu vidéo chez un ami qui habitait à 160m de chez elle. Elle a croisé le chemin de Nicolas Blondiau, son meurtrier.

A l'époque âgé de 28 ans, ce père de trois enfants l'a enlevée, violée, étouffée et poignardée. Il a ensuite abandonné son corps au pied d'un olivier, à trois kilomètres du village du Gard où habitait la fillette.

Nicolas Blondiau a été condamné à la perpétuité incompressible en 2013 à Nîmes et a fait appel de cette décision. La cour d'assises d'appel du Vaucluse a néanmoins confirmé ce verdict.

Yannick Luende Bothelo

La cour d'assises de Loire-Atlantique a condamné Yannick Luende Bothelo à la réclusion criminelle à perpétuité incompressible en novembre 2016. Agé de 29 ans à l'époque, ce dernier a été reconnu coupable de l'assassinat et du viol, accompagné d'actes de torture et de barbarie, de la jeune Marion, 14 ans.

Le corps de la victime avait été découvert le 19 mars 2012, dans des toilettes publiques à Bouguenais, dans l'agglomération nantaise. Marion avait été frappée de 68 coups de couteau. Son meurtrier avait également été reconnu coupable de l'agression de deux hommes âgés.

Auprès des policiers, puis des juges, Yannick Luende Bothelo a expliqué qu'il était le «Messie» et avait demandé à parler au président de la République d'alors, Nicolas Sarkozy. Mutique durant la majeure partie de son procès, il est sorti de son silence pour assurer avoir entendu des voix avant le meurtre de l'adolescente.

La cour d'assises a estimé que M. Luende Bothelo était atteint au moment des faits d'un trouble psychique ayant altéré son discernement, mais n'a pas accordé une diminution de peine prévue par la loi.

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