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Paris : Anne Hidalgo annonce l'augmentation de la taxe foncière pour les propriétaires parisiens

Cette décision d'Anne Hidalgo va à l'encontre de ses promesses de campagne. [EMMANUEL DUNAND / AFP]

L'annonce était attendue, tant les tensions qui pèsent sur les finances de la Ville de Paris sont fortes. La maire de Paris Anne Hidalgo a annoncé ce lundi 7 novembre que la taxe foncière allait augmenter de 7 points, passant de 13,5 % à 20,5 %, soumise au vote des élus au prochain Conseil de Paris.

«Je proposerai au prochain Conseil de Paris une augmentation de la taxe foncière de 7 points. Elle est aujourd'hui à Paris la plus basse de France à 13,5 %, contre 41,61 % en moyenne dans les grandes villes françaises et elle n'a pas augmenté depuis 2011», a ainsi annoncé Anne Hidalgo dans un communiqué envoyé sur l'ensemble de ses réseaux sociaux.

«Nous n'avons d'autre choix»

Une décision – qui va à l'encontre de ses promesses de campagne – motivée selon l'élue par l'urgence de maintenir les finances «nécessaires au maintien de la qualité des services publics et à l’accélération de la transformation écologique de la Ville». «Dérèglement climatique, crise énergétique et inflation touchent toutes les villes. L’Etat refuse d’être à leurs côtés [...] nous n'avons d'autre choix que d’augmenter la taxe foncière», explique-t-elle encore.

Seule exception pour les personnes qui auraient réalisé ou réaliseront des travaux de rénovation thermique entre 2020 et 2026, ainsi que pour les foyers les plus modestes. «Seront exonérés à 100 % de la taxe foncière les propriétaires qui auront investi dans la rénovation thermique de leur appartement et ceux qui rencontrent des difficultés économiques», a ainsi fait savoir l'édile.

Parmi eux, «les titulaires de l'allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA) et de l'allocation supplémentaire d'invalidité (ASI), les redevables de plus de 75 ans et les titulaires de l'allocation adultes handicapés (AAH) sous conditions de ressources».

Quant aux autres, ni assez aisés pour réaliser les 15.000 euros de travaux pour être éligibles à l'exonération mais qui sont tout de même au-dessus des minima sociaux, ils devront payer environ 250 euros de plus pour un appartement de 50 m2. Le proriétaire d'un 50 m2 verra sa taxe foncière passer de 438 à 665 euros en moyenne, et celui d'un 75 m2 de 576 à 874 euros, selon les chiffres communiqués par la Ville.

«Maintenir une haute qualité des services publics»

Qualifiée de «mesure de solidarité» par la maire, cette décision doit selon elle «permettre de maintenir une haute qualité de nos services publics, de continuer à investir dans le logement, dans la transition écologique, dans l'entretien et la modernisation de notre patrimoine et de nos équipements, dans l'embellissement de nos rues et de nos jardins».

Alors que cette mesure doit rapporter pas moins de 586 millions d'euros à la Ville en 2023,  la municipalité parisienne annonce qu'elle consacrera pas moins de «1,7 milliard d'euros d'investissement» au maintien des services publics l'an prochain, à l'instar des piscines municipales, des crèches publiques, etc. 

A ses côtés, les élus du groupe communiste défendent à leur tour cette décision. «Nous ne prenons pas à la légère cette augmentation de la taxe foncière et nous savons l'effort qu'elle représente pour de nombreux foyers. Le gouvernement, par son refus de nos propositions, en est le seul responsable», s'est ainsi exprimé le président du groupe Nicolas Bonnet-Ouladj.

La majorité au pied du mur

Pour l'élu communiste, qui a récemment présenté à la maire un plan pour repenser les finances de la Ville, l'argent ainsi collecté par la hausse de la taxe foncière servira «exclusivement à l’investissement pour de nouveaux services publics, culturels, sportifs, pour le logement public et la rénovation thermique des bâtiments, pour la transition écologique».

Et c'est justement le refus de l'Etat d'accéder à certaines demandes de la Ville, qui a mis la majorité au pied du mur. Parmi elles, l'augmentation des taxes de séjour sur les 5 étoiles et les palaces, l'augmentation des taxes sur les résidences secondaires et les logements laissés vacants ou encore l'augmentation sur les Droits de mutation à titre onéreux (DMTO), à valoir lors de la vente d'un bien immobilier.

«L'augmentation de la taxe sur les logements vacants avait été acceptée par l'Etat mais comme il y a eu le 49.3, aucune de ces mesures n'a pas pu voir le jour», déplore Nicolas Bonnet-Ouladj, qui estime que l'augmentation des taxes de séjour sur les 5 étoiles et les palaces aurait permis à elle seule de récupérer 200 millions d'euros par an.

«Comme souvent avec Madame Hidalgo, l'Etat a bon dos», a de son côté répliqué le ministre délégué chargé des Comptes publics Gabriel Attal, pour qui «l'Etat a accompagné fortement la ville de Paris», mais ne peut pas «combler les problèmes de gestion de la Ville de Paris» et son «absence de réformes de structure».

Pour les élus de la droite parisienne, c'est la douche froide. Dans un communiqué, les élus Changer Paris au premier rang desquels Rachida Dati expliquent que les Parisiens sont les «victimes» de la mauvaise gestion financière jugée «désastreuse» de la maire de Paris. «Paris est aujourd'hui en faillite : elle ne peut faire face à ses engagements qu'en augmentant indéfiniment les impôts», écrivent-ils encore.

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