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«Je pense continuellement à elle» : la juge en charge de l’affaire Maëlys s’exprime pour la première fois

«Même à la maison, je passe un temps fou au téléphone avec les enquêteurs. Je ne peux pas m’arrêter» a confié Gaëlle Bardosse. [JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP]

La juge d’instruction en charge de l’affaire Maëlys, Gaëlle Bardosse, s’est exprimée pour la première fois sur cette affaire. Elle est notamment revenue sur ses échanges avec Nordahl Lelandais, ainsi que son vécu sur ce cas hautement médiatisé.

Gaëlle Bardosse, juge d’instruction chargée de l’affaire Maëlys pendant plus de quatre ans, a dirigé toutes les investigations afin d’élucider le mystère de la mort de la fillette. Elle s’est exprimée pour la toute première fois lundi 13 février, un an après la condamnation de Nordahl Lelandais à la réclusion criminelle à perpétuité pour l’enlèvement et le meurtre de Maëlys, au micro de RTL M6 et dans les colonnes du Parisien.

La magistrate est notamment revenue sur sa première rencontre avec Nordahl Lelandais, alors principal suspect : «La veille, j’avais reçu le résultat d’une expertise révélant que l’ADN de Maëlys avait été retrouvé sur le bouton d’allumage de son véhicule. Malgré cela, il continue à contester. […] Il répond à tout sans hésiter».

L’entêtement de Nordahl Lelandais a continué pendant plusieurs mois, malgré les preuves accablantes, en particulier les images de vidéosurveillance qui ont capté son passage : «Il va nier formellement que c’est son véhicule, que la forme blanche sur le siège passager est Maëlys. On ne comprend pas qu’il s’enferme dans cette négation».

Cependant, Gaëlle Bardosse n’a pu s’empêcher de noter sa politesse presque étonnante : «Concernant son comportement lors des interrogatoires, il reste poli […] Il n’a pas un mot plus haut que l’autre, se maîtrisant parfaitement».

Les aveux

Moins d’un an après cette première rencontre, une minuscule trace de sang appartenant à Maëlys a été retrouvée dans le coffre de la voiture de Nordahl Lelandais.

Un moment inoubliable pour la juge d’instruction : «Dès qu’il a eu les résultats, l’expert m’a appelée pour me dire que l’on avait retrouvé l’ADN de Maëlys sous le tapis de sol du coffre. C’est un grand moment que je n’oublierai jamais. Il s’agit d’une goutte de sang. Cette goutte de sang, c’est la preuve irréfutable».

Le 14 février 2018, le suspect est passé aux aveux. «Je lui présente les résultats de l’expertise, et il dit : «Je l’ai tuée involontairement». Il exprime des regrets, pour la famille de Maëlys, mais aussi envers nous, les juges, s’excusant de ne pas avoir parlé avant» a raconté Gaëlle Bardosse.

«Je pense continuellement à Maëlys»

Très impliquée dans l’affaire, Gaëlle Bardosse a admis que l’enquête pouvait parfois tourner à l’obsession : «Même à la maison, je passe un temps fou au téléphone avec les enquêteurs. Je ne peux pas m’arrêter. Je pense continuellement à Maëlys, à savoir ce qu’elle est devenue, à l’enquête».

Après avoir retrouvé une partie du corps de l’enfant, il a fallu annoncer la nouvelle aux parents : «C’était un moment très difficile. Il y avait cette émotion qui me submergeait en me disant, enfin on va pouvoir rendre l’enfant à sa famille».

Alors que les parents de la petite fille restent persuadés que cette dernière a été agressée sexuellement, Gaëlle Bardosse a expliqué pourquoi cette charge n’avait pas été retenue contre Nordahl Lelandais. «Au niveau des preuves, on était coincés […] Lorsqu’on est juge d’instruction, il y a ce que l’on pense et ce que l’on prouve. Ce qui doit rester, c’est ce que l’on prouve» a expliqué la juge d’instruction.

Pour conclure sur ce «dossier unique dans une vie», Gaëlle Bardosse a avoué qu’il y avait eu «beaucoup d’adrénaline, d’angoisse, de stress […] C’est un tourbillon, personnel, professionnel».

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